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De Saül à David, on ne peut séparer charisme et sainteté, mais on peut réformer.



Scandale chez l'élu de Dieu...

2 Samuel, 1, 10 : un messager apporte à David la couronne de Saül
2 Samuel, 1, 10 : un messager apporte à David la couronne de Saül
Notre époque voit tomber des étoiles plus ou moins médiatiques de la sphère des communautés nouvelles ( ou moins nouvelles) , ce n'est pas nouveau et nous replonge dans la leçon biblique de Saül et du roi David. Pardon, du roi Saül, car il était l'élu de Dieu pour son peuple. Aujourd'hui, il serait, par analogie, le fondateur d'une communauté, et finalement, " faisant ce qui déplaît à Dieu", sujet de scandale. 
 

Sainteté chez le roi David.

Saül, s'étant perdu, étant littéralement déchu de la grâce et de l'onction, la grâce passe au Roi David. Si on relit l'ensemble du récit biblique, on se dit que rien n'est nouveau sous le soleil mais qu'il y a là un enseignement pour nous : comment réagir face à la défection de celui qui devait être un saint? David, élevé à la cour du roi Saül, manquant régulièrement d'être tué par lui, pire, d'être corrompu par lui, résiste. Et il respecte en Saül l'élection divine, le rôle dont il ignore qu'il lui échoira. Et même devenu clairement le nouveau Roi d'Israël, David ne tue pas Saül dans l'épisode de la grotte, ne se réjouit en rien quand Saül tombe sur le chant de bataille mais pleure...

Charisme et sainteté

Face aux fondateurs qui n'ont pas répondu à l'appel de Dieu, Dieu suscite toujours des re-fondateurs, des réformateurs, des saints...Qui eux-mêmes ne sont pas forcément parfaits : David, prenant la femme d'un autre et assassinant le mari....ce n'est pas exactement la gloire! Mais contrairement à Saül corrompu jusqu'à l'idolatrie et la divination, David revient toujours à Dieu et fait pénitence. Une pénitence douloureuse, publique...ce sera ensuite le tour de Salomon de reprendre le flambeau, avec ses propres limites et aussi son incessant retour à Dieu. Jusqu'à ce que le Christ lui-même vienne dans sa Miséricorde incarnée! 

On peut comme David pleurer les fondateurs déchus et les scandales à répétition dont s'emparent les médias. On peut aussi voir la sainteté renaître, porteuse d'espérance et de gloire divine. C'est aussi la parabole de l'ivraie et du bon grain. Comme David, qui pleura Saül mais ne l'imita pas, et le remplaça pour faire ce qui plaît à Dieu, il est important d'être dans la vérité face aux scandales, de dénoncer, de résister, de sauver le plan de Dieu : ceux qui ont échoué dans la sainteté doivent être arrêtés dans leurs actions perverses de bergers devenus loups dans la bergerie, dans leurs scandales...la sainteté, elle, doit être reprise par les suivants. C'est le principe de l'Eglise " semper reformanda".

Quand il y a scandale, où est le charisme?

C'est dans l'obéissance à l'Eglise que le charisme noyé dans les scandales et les déformations doit être discerné, purifié, sauvé. Seule l'obéissance absolue des communautés concernées permet de redonner vie à un charisme moribond par la faute du fondateur...Si cette obéissance manque, le charisme meurt. 

Et s'il n'y avait pas charisme au départ mais entreprise uniquement humaine? C'est la sainteté qui fait la différence. C'est elle qui alimente un charisme. Là où il y a sainteté et obéissance, Dieu peut susciter un charisme de re-fondation, Il l'a fait souvent dans l'histoire de l'Eglise. Pensons aux Carmes : Saint Jean de la Croix n'est pas leur fondateur mais leur re-fondateur. Et c'est avec lui que s'est déployé pleinement le charisme du Carmel. Dieu a plus d'un tour dans son sac de miséricorde. Les Saüls qui avaient perdu le charisme ou ne l'avaient jamais eu du temps de Saint Jean de la Croix ont failli le faire mourir de faim dans une prison ecclésiastique. Comme sainteté et charité fraternelle, ce n'était pas vraiment cela....alors, le charisme est passé au re-fondateur.

Les fondateurs canonisés.

N'oublions quand même pas les fondateurs fidèles et canonisés, saints, sans scandales et porteurs de charismes vérifiés par l'Eglise. Ce serait aussi oublier la communion des saints. Car en général, les re-fondateurs, les ré-formateurs, puisent dans la sainteté commune et dans l'Eglise, dans les conseils des saints et dans l'entraide de la communion des saints le courage de réformer! 

C'est ici que les accusations de dérives sectaires doivent être vérifiées à l'aide des instruments du droit canon, car les calomnies et les imprudences demandent beaucoup de discernement. Le même traitement journalistique est réservé aux Saüls et aux Davids, à l'ivraie et au bon grain. 

Un dernier mot sur for interne/ For externe

Les scandales actuels dans l'Eglise ont souvent une cause encore mal étudiée : le mélange du for interne et du for externe. Cette notion canonique est actuellement une des clés des réformes et refondation de communautés malades et accusées de dérives sectaires. Les instruments d'analyse des dérives sectaires sont à double tranchants s'ils ne sont pas utilisés avec la sagesse du droit canon sur le for interne et le for externe. On accuse donc indistinctement des communautés saines et des communautés en difficultés de dérives sectaires, par contre, les communautés qui travaillent et adaptent leur fonctionnement grâce à la notion de for interne/externe, que ce soit dès leur naissance ou à la suite de réformes, sont nettement protégées des scandales et saines, donc en voie de sainteté, car un bon fonctionnement for interne/externe permet de garder ensemble charisme et sainteté, lesquels, redisons-le encore une fois, ne peuvent être séparés l'un de l'autre. 

AC

Mercredi 27 Juillet 2016
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