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Sortir du piège de la dépendance affective grâce à à la distinction for interne/for externe!

2023 ; en 2011, je citai Tony Anatrella depuis condamné pour abus... aujourd'hui, on sait que les Jean Vanier et autres manipulateurs sont les premiers à théoriser sur les abus. On commence à explorer l'impact des écrits de Jean Vanier sur le psychospirituel et donc sur les sessions dites de "guérisons" qui en fait servaient surtout à maintenir l'omerta (laver le linge sale en famille). Séparer le for interne et le for externe demeure une urgence, désormais l'Eglise en a conscience!



Etre accompagné pour discerner une vocation.

Saint Joseph Caffasso, modèle de directeur spirituel
Saint Joseph Caffasso, modèle de directeur spirituel
Le pape Benoît XVI a lui-même rappelé l'importance de la " direction spirituelle", l'importance de ne pas se guider par soi-même dans la vie chrétienne quotidienne et de choisir un bon accompagnement spirituel, comme le fit par exemple Don Bosco qui fut accompagné pendant 25 ans par le bienheureux Joseph Cafasso, exemple que Benoît XVI a repris et détaillé comme modèle de direction spirituelle.

 "Parmi ces derniers - comme je l'ai déjà dit - ressort saint Jean Bosco, dont il fut le directeur spirituel pendant 25 ans, de 1835 à 1860 : d'abord comme enfant de chœur, puis comme prêtre et enfin comme fondateur. Tous les choix fondamentaux de la vie de saint Jean Bosco eurent comme conseiller et guide saint Joseph Cafasso, mais de manière bien précise : Joseph Cafasso ne tenta jamais de former en don Bosco un disciple « à son image et ressemblance » et don Bosco ne copia pas Joseph Cafasso : il l'imita assurément dans les vertus humaines et sacerdotales - le définissant un « modèle de vie sacerdotale » - , mais en suivant ses propres inclinations personnelles et sa vocation particulière ; un signe de la sagesse du maître spirituel et de l'intelligence du disciple : le premier ne s'imposa pas au second, mais le respecta dans sa personnalité et il l'aida à lire quelle était la volonté de Dieu pour lui. Chers amis, c'est là un enseignement précieux pour tous ceux qui sont engagés dans la formation et l'éducation des jeunes générations et c'est aussi un fort rappel de l'importance d'avoir un guide spirituel dans sa propre vie, qui aide à comprendre ce que Dieu attend de nous. Avec simplicité et profondeur, notre saint affirmait : « Toute la sainteté, la perfection et le profit d'une personne consiste à faire parfaitement la volonté de Dieu (...). Nous serions heureux si nous parvenions à verser ainsi notre cœur dans celui de Dieu, unir à ce point nos désirs, notre volonté à la sienne au point de former un seul cœur et une seule volonté : vouloir ce que Dieu veut, le vouloir de la manière, dans les délais, dans les circonstances qu'Il veut et vouloir tout cela pour aucune autre raison que parce que Dieu le veut »

Le discernement de la vocation propre va donc être secondé par l'accompagnateur spirituel. Le disciple pourra être éclairé ainsi de façon précieuse, " mais en suivant sa vocation particulière" : l'accompagnateur spirituel, qu'il soit prêtre ou laïc ( ou femme, pensons à Sainte Catherine de Sienne) ne doit pas " s'imposer", et encore moins formater l'accompagné sur son propre modèle.

Séparer les trois grands types d'accompagnement...pour une plus grande liberté de discernement.

 « Il est nécessaire de redécouvrir la grande tradition de l’accompagnement spirituel personnel, qui a toujours donné des fruits nombreux et précieux dans la vie de l’Église, démarche qui peut être complétée, dans des cas déterminés et des conditions précises, par des formes d’analyse ou de secours psychologiques, mais non remplacée par elles. Les enfants, les adolescents et les jeunes seront invités à découvrir et à apprécier le don de la direction spirituelle, à le rechercher, à en faire l’expérience, à le demander avec une confiante insistance à leurs éducateurs dans la foi. Les prêtres, de leur côté, doivent être les premiers à consacrer du temps et de l’énergie à cette œuvre d’éducation et de soutien spirituel personnel : ils ne regretteront jamais d’avoir négligé ou fait passer au second plan beaucoup d’autres choses, même belles et utiles, si cela était inévitable pour continuer à croire à leur ministère de collaborateurs de l’Esprit afin d’éclairer et de conduire ceux qui sont appelés » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Pastores dabo vobis , 25 mars 1992, n° 40).

Analyse et secours psychologique relèvent d'une forme d'accompagnement utile et complémentaire, et peuvent aider au discernement des vocations, mais dans des conditions précises, comme en témoignent  les orientations sur l'utilisation de la psychologie dans l'admission des candidats au sacerdoce.  Sur le même modèle, tout discernement de vocation se fait en veillant particulièrement à la séparation du for interne et du for externe et à la distinction précise des types d'accompagnement. Il est important de veiller à ce que le psychologue ne fasse pas par inadvertance du discernement de vocation en orientant la personne d'après l'analyse de ses blessures. Citons ici un discernement selon les règles : une canditate au couvent s'interroge au cours d'une retraite et découvre soudain qu'elle n'a jamais pensé au mariage en tant que tel pour elle-même. Le psychologue pourra l'aider à découvrir dans son histoire les causes de cet état de fait, sans pour autant l'orienter dans sa vocation. L'accompagnateur spirituel l'aidera alors à grandir en liberté, ( " Si vous envisagez désormais les deux possibilités, c'est que le Seigneur vous fait grandir en liberté, et non pas qu'il élimine soudain une option pour une autre ) , l'accompagnement aide alors à faire mûrir un vrai choix qui ne méprise aucun état de vie. Le confesseur aidera à ôter les obstacles dûs au péché. Et la décision finale reviendra à la personne seule dans son désir de faire la volonté de Dieu. C'est à la personne de coordonner tous les aspects du discernement en les confiant à des personnes distinctes et compétentes.

Faut-il tout dire? L'Eglise demande-t-elle de ne pas se confesser au directeur spirituel? et/ou au supérieur?

Benoît XVI sortant du confessional
Benoît XVI sortant du confessional
La séparation du for interne et du for externe préserve la liberté de la personne en évitant de la mettre à la merci de quelqu'un qui utiliserait volontairement ou involontairement les confidences reçues. Il faut certainement s'ouvrir de tout coeur à son confesseur, uniquement sur ce qui concerne le domaine de la confession. Et s'ouvrir de tout coeur à son accompagnateur spirituel dans le domaine spirituel, mais pas dans le domaine psychologique. En effet, l'accompagnateur spirituel n'est pas habilité en tant que thérapeute des blessures d'enfance, par exemple, même s'il dispose par ailleurs des compétences dans ce domaine, il n'intervient pas au titre de psychologue. Sa compétence dans ce domaine lui permettra justement de déceler un manque et de suggérer à son accompagné un suivi psychologique avec précisément quelqu'un d'autre pour éviter de se mettre en position toute-puissante d'accompagnateur dans tous les domaines.

Par contre, on peut se confesser à son accompagnateur spirituel en marquant bien la différence entre l'accompagnement et la confession. Dernière et importante précision : l'accompagnateur spirituel / et ou confesseur ne doit en rien avoir accès au for externe, c'est-à-dire à la vie quotidienne dans son organisation pratique, il ne doit jamais se substituer à la responsabilité propre de la personne. C'est dans ce sens que le supérieur ( dans une communauté, un diocèse, une paroisse, une école, un lieu de formation) ne peut pas être ni l'accompagnateur, ni le confesseur de ceux qui sont sous sa responsabilité. ( Canon 984 et 985)
 

Mon accompagnateur peut-il décider pour moi de ma vocation ?

La prudence de l'Eglise demande donc de séparer les domaines. Une mauvaise interprétation du " il faut tout dire" encourage les dérives sectaires en créant une forme de dépendance affective vis-à-vis de l'accompagnateur, le plaçant dans la position de celui " qui sait tout " dans tous les domaines de la personne. Le directeur spirituel ne doit pas se substituer à l'interessé, ni lui dicter les décisions qu'il doit prendre dans la vie : nombre d'enfants, choix professionnels, décisions de vote aux éléctions sont des domaines qui restent en dehors du cadre de l'accompagnement spirituel. L'interessé peut bien-sûr demander à l'accompagnateur un éclairage qui se doit d'être celui de l'Eglise en général dans le domaine concerné, une aide au discernement personnel, un conseil mûri dans la prière et la réflexion, mais en aucun cas une décision imposée par l'accompagnateur. Bien évidemment, c'est encore plus valable pour le discernement de vocation.

Charité, affection, affectif?

Lorsque l'on cherche à discerner sa propre vocation, il est bon de regarder ce qui se passe du côté de la Charité, laquelle n'élimine pas l'affection mutuelle mais se garde de l'affectif. Mais qu'est-ce que cet " affectif", qui sert tant aux sectes ? Il ne s'agit pas tant de la chaleur de l'accueil, de la manière de se saluer, etc...bien que trop de démonstrations extérieures puissent mettre la puce à l'oreille dans certains cas. Il s'agit bien plus du respect de la séparation du for interne et du for externe, c'est-à-dire du danger qu'il y a pour l'accompagné comme pour l'accompagnateur de créer un lien de dépendance affective visible ou invisible et de perdre son autonomie, sa capacité de décision personnelle, etc. Il ne faut pas toujours jeter la pierre à l'accompagnateur : certains accompagnés créent par leur besoin affectif une dépendance de type " jupons" ! Ils sont toujours dans les jupons de maman, ou bien en admiration éperdue de papa. Maman peut être "la communauté", papa peut être le curé ou le fondateur. C'est là qu'un bon psychologue pourra aider à sa juste place dans le discernement.

Mais alors, comment éviter l'affectif?

On évite les pièges affectifs justement en séparant bien les trois domaines de la confession, de l'accompagnateur spirituel et de la thérapie psychologique. Et en ne se mettant pas entre les mains d'une seule et unique personne. Cela est valable pour la vie paroissiale, communautaire, associative chrétienne. Le droit canon ( les lois de l'Eglise) et les statuts ecclésiaux des communautés et associations, s'ils sont connus et respectés selon les normes de l'Eglise, protègent de ces écueils.
 

Le piège de l'affectif du point de vue de l'accompagnateur.

L'accompagnateur peut être piégé par une relation de dépendance affective, il peut aussi la créer lui-même. Le signal d'alarme se situe dans l'attachement affectif, c'est-à-dire la difficulté à laisser aller l'accompagné, à le laisser partir...ou bien à s'en dépêtrer! Lorsque cela se présente, c'est que le for interne et le for externe n'ont pas été bien séparés, il devient difficile d'être objectif, l'accompagnement ne se fait plus en vue de Dieu mais en vue de soi. 

C'est alors le risque de la toute-puissance, de la main mise, de l'illusion d'être indispensable à la personne, irremplaçable. Le détachement est urgent, sinon c'est la dépendance affective, avec tous ses risques. 

Le mélange for interne, for externe transforme le discernement objectif et libre en gouvernement affectif de la personne et de sa vie. Si l'accompagnateur exerce une responsabilité quelconque dans la vie de la personne ( responsable de communauté, supérieur(e), vie professionnelle, formation), les choix et décisions ne seront plus objectifs mais affectifs. Pour l'accompagné, c'est la perte de la liberté...pour l'accompagnateur pris au piège de l'affectif mais sans mauvaise volonté, c'est la perte de l'objectivité et un malaise grandissant dû au mélange des genres. L'affectif va remplacer la saine affection mutuelle, et les attaques contre la charité vont commencer, dues à une sourde rebellion de l'accompagné même s'il semble partie prenante. De plus, la collusion du for interne et du for externe se voit et suscite de justes critiques ou bien des jalousies du type : on lui confie telle responsabilité parce qu'il est dans les petits papiers du responsable. Cette façon bien humaine de gouverner ou de critiquer est hélas aussi possible dans les communautés chrétiennes! Ce fut la souffrance de bien des fondateurs de communauté, la période de fondation s'achevant en général lorsque les statuts et constitutions viennent prendre le relais du gouvernement d'une oeuvre.

Plus gravement encore, si l'accompagnateur cède à la tentation de la toute-puissance, de l'omniscience, c'est la naissance d'une emprise de type gourou.

Pour discerner une vocation de façon objective et non pas affective: récapitulons!

Récapitulons cette fois-ci du point de vue de l'accompagné qui cherche à discerner sa vocation de façon objective et non pas affective.

1) Avoir un accompagnateur spirituel et discerner avec lui la question de la vocation.
2) Ne pas mélanger confession, accompagnement spirituel et accompagnement psychologique, les trois concourrant séparément au discernement de la vocation ( comme du reste! )
3) Séparer for interne et for externe : que l'accompagnateur spirituel ne puisse pas diriger en même temps le for interne ( au niveau de la conscience) et le for externe ( au niveau de la vie quotidienne) pour se mettre en situation consciente ou inconsciente de gourou. Ce dernier point permet de discerner les communautés ou vocations où cette règle protectrice de l'Eglise est respectée ou ne l'est pas...!
4) Discerner à l'aide du critère de la Charité et de l'obéissance à l'Eglise : lorsque chacun remplit bien son rôle sans confusion, tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu. La prière et la confiance dans la sagesse de l'Eglise font naître et croître de solides vocations attachées au Christ.
5) Le discernement d'une vocation se fait sur le critère de la charité et du don de soi, de l'appel divin, de l'attachement au Christ. La maturation affective permet d'éviter le piège de la dépendance affective, et de grandir dans l'amour authentique, dans la vertu de charité.

Lundi 22 Août 2011
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