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Peut-on être accompagné dans la famille spirituelle à laquelle on appartient? Le Principe de Confidentialité.

For interne/externe : distinguer pour mieux coordonner...notre rubrique ne saurait être utilisée pour accuser nommément et sans nuances aucun mouvement, aucune communauté, et encore moins celles qui justement ont fait avancer canoniquement la réflexion sur le sujet et que l'on retrouve bizarrement mises dans le même sac par des " accusateurs/polémiqueurs" mal informés. Le rôle de juger sur pièce revient à d'autres, Notre rubrique veut offrir un espace libre de réflexion et de confiance dans l'Eglise.



Se confesser ou être accompagné dans la même famille spirituelle demande de respecter quelques règles.

 

On peut être accompagné dans la même communauté ecclésiale, ou famille spirituelle  ou à l'extérieur de la communauté, selon le droit propre de chaque institut ( dans l'Eglise, bien sûr) pourvu que la séparation des fors interne et externe soit bien en place. Le problème n'est pas la " localisation" de l'accompagnateur au for interne mais l'impossibilité pour lui de rapporter au gouvernement ce qu'il sait au for interne. Un accompagnateur extérieur " bon copain" du supérieur et prêt à lui raconter ce qu'il sait est tout aussi fautif du point de vue du droit canon qu'un accompagnateur intérieur à la famille spirituelle qui commet la même faute vis-à-vis de la confidentialité de l'accompagnement. 

Aujourd'hui, les saints ( et c'est un critère de discernement de leur sainteté, car ainsi ils ne seront pas des gourous ) qui fondent des communautés ou des mouvements, des instituts, des formes nouvelles d'apostolat ou des oeuvres de charité, quelle que soit la forme canonique reconnue et discernée par l'Eglise, respectent cette séparation qui élimine deux dangers : 

1) La dispersion à l'extérieur des brebis dans des propositions d'accompagnements plus ou moins anti-ecclésiales ou gnostiques....ce fut toujours l'histoire de l'Eglise ! 
2) L'enfermement sectaire à l'intérieur par peur de l'extérieur.... 

Remarquons que le pape François respecte avec son charisme propre cet équilibre du Bon Pasteur avec cette ouverture sans peur sur le monde. 

"Mini-gourous", le remède est déjà en place.

Faut-il accuser toutes les structures ecclésiales d'abus de pouvoir par le mélange des fors? Le problème est en réalité humain et donc universel, et certainement pas nouveau. Mais sa résurgence à notre époque demande de bien distinguer faute individuelle ou désobéissance structurelle à la sagesse de l'Eglise ( désobéissance notamment au droit canon et absence de régulation du droit propre de chaque structure ecclésiale).

Donc rassurons-nous : un abus de pouvoir dans une structure ecclésiale n'est pas toujours le fait d'une structure faussée mais seulement de la désobéissance d'un ou de quelques individus. Quand la structure est bien faite, notamment du point de vue canonique, les individus " fautifs" sont vite repérés comme " mini-gourous", tentés de porter atteinte au droit individuel des fidèles et de mettre la main sur eux. Une structure saine n'a en générale pas de mal remédier aux situations à risques. C'est le " semper reformanda" de l'Eglise, une réforme permanente.

Grand-gourous : vérifier avant d'accuser! puis remédier.

Quand les Gourous profitent de structures ecclésiales mal protégées ou déviantes quant à la séparation des fors, il est prudent de vérifier les statuts canoniques, les pratiques sur le terrain et d'instaurer une règle très simple :
" Ce qui est su de façon confidentielle à propos des personnes ne doit pas pouvoir être utilisé ni rapporté au gouvernement de quelque manière que ce soit."

Ainsi, on ne peut pas trop vite dire " Dans cette communauté, ce mouvement, cette oeuvre, l'accompagnement personnel est mélangé avec le gouvernement", il faut d'abord vérifier canoniquement, puis au cas par cas qu'il en est bien ainsi. En effet, la plus grande partie des structures ecclésiales respectent le droit canon ! Les Franciscains, les Jésuites, les ordres et mouvements les plus divers, anciens et nouveaux, fonctionnent avec souvent des accompagnements au for interne dans la même famille spirituelle, mais sans la possibilité que ce qui est su par confidence ( accompagnement, confession) puisse être utilisé en ce qui concerne les personnes dans le gouvernement de la structure.

 Précisons qu'un fondateur par exemple, peut très bien accompagner une oeuvre tout entière ( c'est le rôle de l'aumônier ecclésiastique, de l'assistant ecclésiastique, du modérateur, du supérieur, etc), dans un accompagnement pastoral et organisationnel, dans ce cas, il ne doit pas accompagner au for interne ceux avec qui il exerce ce service et ceux pour qui il exerce ce service. En général, on observe ce mélange au début des fondations, et assez rapidement les choses se mettent en place, ce qui est signe d'une fondation saine. Ne stigmatisons pas trop vite tous les fondateurs en faisant des amalgames : l'Eglise discerne et sanctifie !)

Dans la plupart des structures ecclésiales, la séparation est bien instaurée : le confesseur, l'accompagnateur, par exemple dans les séminaires sulpiciens, ne peut en rien trahir les confidences reçues, ni les utiliser, ni même les faire deviner. S'il le faisait, sa faute serait immédiatement sanctionnée par un renvoi, tout le monde étant conscient et formé sur la question du mélange des fors. Dans d'autres structures, même au sein de la même famille spirituelle, le confesseur ou l'accompagnateur ne participe en rien au gouvernement des personnes qu'il confesse ou accompagne. C'est le principe de confidentialité : l'accompagnateur, le confesseur, peut être de la même spiritualité ( c'est même recommandé, car on n' accompagne pas une carmélite comme un père de famille ), mais en rien impliqué dans les décisions de gouvernement concernant ceux qu'il accompagne. De plus, selon le droit canon, les fidèles restent toujours libres du choix de leur accompagnateur ou de leur confesseur : ils peuvent accepter celui qui est proposé, pourvu que le principe de confidentialité soit bien respecté dans la famille spirituelle, ou en demander un autre.

Par contre, pour discerner un " grand-gourou", il est indispensable de voir s'il gouverne et accompagne au for interne les mêmes personnes. Si cela est instauré, l'erreur peut devenir faute grave et principe de corruption. Si c'est passager, une réforme s'impose en urgence pour protéger le droit des fidèles. Les scandales connus de notre époque à ce sujet et la fragilité des structures qui ne respectent pas le principe de confidentialité sont à double tranchant : soit les structures en question se réforment, soit elles portent préjudice à la confiance générale en l'Eglise, notamment via les médias et la détresse des victimes, soit, elles portent à amalgamer les structures saines avec celles qui respectent le droit ecclésial et le principe de confidentialité. Il s'agit donc d'un problème important car il importe de rétablir la confiance et non pas d'accuser à tire-larigo !

Le principe de confidentialité

Ce principe déjà évoqué ci-dessus permet d'éviter les situations à risques, celles qui favorisent l'émergence de gourous, petits ou grands :
" Ce qui est su de façon confidentielle à propos des personnes ne doit pas pouvoir être utilisé ni rapporté au gouvernement de ces mêmes personnes de quelque manière que ce soit. Ces mêmes personnes sont les seules à pouvoir lever la confidentialité qui les concernent."

Notons que chaque mot compte et qu'il faudra revenir sur les nuances pour ne pas accuser trop vite de non respect du principe de confidentialité des structures qui ne sont pas toutes identiques. Il s'agit surtout d'identifier dans chaque structure les garde-fous bien posés et ceux qui le sont moins bien ou carrément pas du tout.

La bonne volonté ne suffit pas pour respecter ce principe, il faut ajouter la prudence et les garde-fous structurels. Beaucoup de mini-gourous ( celui qui sommeille en chacun de nous en sait quelque chose) se trouvent pris dans l'engrenage du péché de toute-puissance à cause des circonstances : on peut parler d'imputabilité par omission de la diligence requise. 

Imputabilité par omission de la diligence requise : kesako?

En droit canon, on parle d'imputabilité par omission de la diligence requise en droit pénal ecclésial. (CIC, c. 1321). 
Traduisons : les circonstances, atténuantes ou aggravantes, peuvent déterminer le degré de culpabilité des mini et grands gourous. Ces circonstances peuvent être tout simplement l'omission de la prudence requise. Dans l'accompagnement, mélanger confidentialité au for interne et gouvernement au for externe est dangereux pour les personnes accompagnées comme pour les accompagnateurs, lesquels s'exposent au péché d'abus de pouvoir. Le canon 985 est un exemple précis de situation à risque clairement définie, par exemple dans les séminaires et les structures d'enseignement. 

Quand c'est la structure ecclésiale qui permet ces mélanges, l'imputabilité, la responsabilité est partagée : fondateurs, canonistes, évêques, fidèles doivent tous être vigilants ensemble sur ce sujet. 

Vendredi 28 Février 2014
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