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Comment il va être impossible à une structure ecclésiale de continuer à mélanger spirituel et psychologie.



Le mélange du spirituel et du psychologique dans une même structure ecclésiale : la fabrique à gourous

On sait qu'actuellement, Rome demande par les différents dicastères de séparer le for interne du for externe, et cette demande n'est pas facultative, elle est une exigence du droit. ( canon 986) Les mouvements et communautés ainsi repris en main sont nombreux et la jurisprudence s'accumule ; dans une même structure ecclésiale, celui qui accompagne spirituellement ( confession, accompagnement spirituel) ne doit pas cumuler ces deux fonctions, afin de ne pas pouvoir devenir un gourou potentiel ou un imprudent qui ne pourra se défendre lorsqu'on l'accusera. En effet, s'il cumule les deux fonctions sans pourtant abuser de ce pouvoir excessif, il ne pourra prouver face à des accusations fausses qu'il ne jouait pas au gourou. Du coup, pour une clarté indéniable face aux accusations possibles, la prudence canonique impose la séparation accompagnement/gouvernement dans les structures ecclésiales.

Le for interne psychologique, un échelon de plus dans la fabrique à gourou.

Quand on parle de dérives sectaires, on doit aussi parler de désobéissance canonique. C'est le même processus que pour les cas de pédophilie dans l'Eglise : les cas mal gérés ou non gérés sont toujours des cas de désobéissance au droit canon, lequel n'est pas appliqué.
Or, les dérives sectaires impliquent une manipulation psychologique. Une structure ecclésiale où l'accompagnement psychologique se fait en interne ( c'est à dire dont les membres sont accompagnés psychologiquement par des membres de la même structure) est une structure qui ne respecte pas la séparation du for interne et du for externe. Elle relève du même mouvement de purification opéré en ce moment par Rome dans les structures ecclésiales ( associations, communautés).

Le fondement théologique : respect de la liberté de conscience.

Imaginons des prêtres accompagnés psychologiquement par des laïcs ou d'autres prêtres sur le plan psychologique et spirituel, dans un même diocèse. Le jour où il faudra dénoncer au for externe un cas de pédophilie, ou de graves manquements, la liberté de conscience sera-t'elle conservée ? Un prêtre fautif est accompagné psychologiquement par un autre prêtre qui devient son supérieur hiérarchique par le biais des nominations ecclésiales, dans la même structure diocésaine, communautaire, associative....Voilà pourquoi il n'est jamais bon qu'un prêtre accompagne un autre prêtre psychologiquement dans la même structure ecclésiale. Le jour où l'un des deux devient supérieur, évêque, ses décisions vont être faussées car closes sur un monde de confidences intimes. Imaginons un évêque accompagné par un ou une laïque psychologiquement : le laïc va ensuite être en quelque sorte dans une relation de délit d'initié, et le prêtre/évêque, dans une relation de subordination psychologique. Et vice et versa, diraient les Inconnus. Car vice il peut y avoir, dès que l'on se trouve dans une situation de pouvoir et de connaissance acquise de faits confidentiels relatifs aux personnes. Adieu liberté de parole et d'action! C'est le processus de la fabrique à gourou : si la structure entière est pécheresse, elle va produire des gourous qu'elle va former en cercle vicieux ( !) afin de s'auto-protéger...jusqu'à la chute inévitable.

Voilà pourquoi la prudence canonique exige que la séparation for interne/externe s'applique aussi au domaine psychologique. Tout accompagnement psychologique doit être fait impérativement en dehors d'une structure ecclésiale, et uniquement dans une structure médicale. Bien sûr, le psychologue peut être chrétien ( ou non, pourvu qu'il soit compétent, et donc diplômé). Mais il doit être, comme les juges par analogie, totalement indépendant structurellement afin de pourvoir en conscience exercer son métier sans pression. Attention, cela ne signifie pas que les Chrétiens ne peuvent pas ouvrir de clinique psychologique à proposer sur le " marché" de l'accompagnement psychologique de qualité, au contraire, il faut que les fidèles laïcs s'investissent doublement. Mais il reste impératif que ces propositions restent structurellement uniquement psychologiques, professionnellement de la plus haute compétence et structurellement indépendantes de toute autorité ( spirituelle ) relative aux patients. Sinon, les patients ne seront pas respectés dans leur conscience et dans leur liberté!

Vouloir cacher dans la structure les brebis galeuses : laver le linge sale en famille, mauvaise idée.

Créer des structures qui mélangent l'accompagnement spirituel et psychologique peut être une solution de facilité et un leurre. Cela permet de maintenir en interne les dérives et d'étouffer les scandales. Cela a aussi pour effet de pourrir et corrompre les relations dans les structures qui désobéissent au droit canon sciemment ou inconsciemment. C'est un mélange du for interne et du for externe imprudent quand il y a ignorance du droit canon, complice du mal quand le droit est connu ! Ainsi, envoyer des prêtres pédophiles en accompagnement psychologique dans des structures gouvernées par des instances diocésaines est à la fois un non respect du droit canon et un non respect des consciences : aussi surprenant cela puisse-t'il paraître, laver le linge sale en famille rend le linge encore plus sale. Les coupables de pédophilie ou de tout autre délit grave se sauront couverts...et les victimes flouées.
Voilà pourquoi une application de la séparation for interne/for externe est indispensable sur tous les plans.

-accompagnement psychologique indépendant et professionnel sans lien structurel avec les structures spirituelles. Aux fidèles baptisés laïcs de se former afin que des chrétiens disposent de compétences reconnues par des diplômes, en tenant compte de l'évolution des sciences humaines et de leur histoire. Sans oublier le nécessaire discernement face aux gnoses fort peu scientifiques qui envahissent les domaines thérapeutiques...
-accompagnement spirituel obéissant au respect de la conscience et de la liberté des personnes. 

Conclusion : dans une même structure ecclésiale, les personnes doivent s'interdire d'exercer tout cumul de forme d'accompagnement spirituel et psychologique et toute possibilité d'interaction de l'accompagnement avec les décisions de gouvernement et de hiérarchie. Sans oublier celle qui concerne la hiérarchie professionnelle : c'est un autre aspect de la question, qui est l'autonomie financière vis-à-vis de l'autorité d'accompagnement spirituel ou psychologique. Ce sont ces points que les commissaires apostoliques chargés de remettre de l'ordre dans les dérives sectaires et désobéissances canoniques regardent désormais en priorité.
 

La solution : des structures saines

La solution est donc dans la vie personnelle ecclésiale comme dans la vie communautaire ecclésiale de séparer soigneusement les fonctions de gouvernement d'une part, d'accompagnement spirituel et d'accompagnement psychologique d'autre part et de soigneusement éviter de les mélanger dans une même structure ou entité ecclésiale. L'accompagnement psychologique quant à lui doit être plus radicalement séparé, mis à l'extérieur de la structure, étant donné sa nature non spirituelle en soi et l'évolution constante des connaissances et formations diplômantes qu'il exige.

Jeudi 30 Juin 2016
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