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Petite contemplation de carême en passant...



Un mercredi des cendres qui commence par de magnifiques flocons de neige et une envie de cocooning fort peut ascétique... Me voilà dans un sofa moelleux, avec du piano en fond musical. Un livre à portée de main, je contemple le plafond au lieu de me mettre au travail. Une contemplation comme une autre ? Je suis en train de lire " Tremendous triffles" de Chesterton. En français, le titre a été rendu dans une traduction excellente par " petites choses formidables". Est-ce la nature de ce livre, aussi drôle qu'original, qui oriente mes pensées ou bien l'idée qu'il va falloir saintement jeûner? Le plafond que je contemple, j'insiste, est fait de belles poutres couleur miel. Miel... évidemment, pas sur les tartines de ce matin. Voilà que mon plafond me dit que l'homme ne se nourrit pas seulement de pain. Mais de miel aussi. 

Ce toit qui semble vouloir tomber non pas sur ma tête mais dans mon assiette me rappelle que la contemplation est une forme de nourriture. J'en ferai bien mon miel. Le quotidien de la prière se nourrit de belles choses. Et pour résister à mon ascétisme qui plafonne fort bas, je me tourne, languide, vers la fenêtre où les flocons de neige épais virevoltent. S'ils tombaient dans mon assiette aussi, ils seraient des cornflakes, des flocons d'avoine... La neige est en syntonie avec les notes de piano. La musique descend elle-aussi comme une nourriture, directement dans mon âme. Ses notes éveillent quelque chose de ténu au début, une sensation de beauté sobre, de calme qui s'installe par petites touches. Plafond de miel, flocons d'avoine neigeux, piano doux comme café sucré.

La lecture méditation de ce matin de carême n'aura pas été faite de violents efforts, mais plutôt d'une place laissée à la fantaisie de l'inspiration. Nous sommes tellement pélagiens en tout, et relativistes dans le reste, que le bien-être est pour nous nourriture. Privés de cette nourriture, elle se rappelle à nous par tous les bienfaits de la création et tout ce qui nous entoure. Toutes les autres nourritures de l'âme trouvent alors un echo. Cet echo que nous perdons avec des musiques violentes, des plafonds financiers et une méteo personnelle autoréférencielle et auto-centrée. Le jeûne, c'est aussi mettre de côté les nourritures lourdes pour retrouver la légèreté de l'âme.

Chesterton, dans le livre cité, explique que la connaissance de ce qui est petit, simple, quotidien, ouvre des horizons vers Dieu. Dans le premier chapitre, il part avec des bouts de craie peindre la cote anglaise. Au passage, il décrit les vertus de la craie blanche, dont les falaises anglaises sont faites : la craie est douce, et les falaises sont puissantes et protectrices. Qui sait contempler un morceau de craie verra que les falaises d'Angleterre sont " à la fois douces et fortes", comme le dit Chesterton. Ce sont aussi les deux vertus de la contemplation qui part de la vie quotidienne, sans illuminisme.
Qui sait contempler son plafond, lire un bon livre, regarder la neige, verra que toute contemplation est une nourriture et une occasion de s'émerveiller, et à partir de l'émerveillement, remercier, et à partir du merci, contempler le Donateur.

Bon carême avec Saint Joseph, lui qui savait regarder chaque objet et réalité du quotidien dans sa simplicité comme une ouverture sur Dieu!

Anne C
 

Mercredi 26 Février 2020
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