Saint Joseph du Web
Recherche
Rss

Ordo Virginum : fondé sur la maternité divine et la virginité de Marie.



Qui a fondé l'Ordre des Vierges?

A cette question, l'histoire de l'Eglise apporte une réponse originale : l'Ordre des Vierges n'a pas de fondateur ou fondatrice propre autre que l'Eglise, car il ne s'agit pas d'un ordre religieux ou d'un ordre laïc, ou d'une communauté, d'un institut, etc...

En revanche, l'Ordre des Vierges a des personnalités phares, la première étant...la Sainte Vierge! Les suivantes étant les Vierges martyrs des premiers siècles, et les Vierges ayant reçu " le voile du mariage mystique avec le Christ", des mains de l'évêque. Cette définition historique est désormais inscrite au code de droit canon, article 604 : 

 A ces formes  de vie  consacrée  s'ajoute l'ordre  des vierges  qui, exprimant le propos  sacré  de suivre  le Christ  de plus près, sont consacrées  à Dieu  par l'Évêque  diocésain  selon  le rite  liturgique approuvé épousent mystiquement le Christ  Fils de Dieu  et sont vouées au service  de l'Église .

Et enfin, des évêques, au cours des siècles, et ceci dès le début de l'Ordre des Vierges, ont apporté à l'Ordre des Vierges les fondements théologiques christologique, marial et ecclésial, qui font sa spécificité. 

Naissance dans les catacombes, dans les arènes des martyrs puis au grand jour.

L'Ordre des Vierges suit l'histoire des premiers siècles, et surtout sa théologie. Cachées à Rome dans les familles patriciennes et les familles pauvres, des femmes reçoivent l'appel à épouser mystiquement le Christ, ce qui est confirmé et ratifié par une liturgie liée expressément au pouvoir épiscopal, c'est-à-dire à l'autorité de l'Eglise.

Dans les périodes de persécutions, l'Ordre des Vierges, uniquement des femmes, brave l'autorité patriarcale romaine : des femmes refusent l'époux imposé pour choisir le Christ. Mais la dimension sociale de ce choix, certes révolutionnaire, a des fondements théologiques bien plus importants.  Ces fondements vont apparaître, consolidés par le sang des martyres, symbolisés et incarnés par la liturgie de la remise du voile : la velatio, souvent représentée dans les Catacombes, montre une assimilation profonde entre l'Eglise, l'Epouse, la Femme, l'Orante, la Vierge, et Marie.

Le célibat pour le Royaume des premiers siècles

Couronnement de la Vierge Eglise : dans les mosaïques romaines, ici ste Maria in Tratevere, l'Eglise et Marie sont volontairement assimilées
Couronnement de la Vierge Eglise : dans les mosaïques romaines, ici ste Maria in Tratevere, l'Eglise et Marie sont volontairement assimilées
Après l'édit de Milan qui permet à l'Eglise de sortir des Catacombes, la liturgie et la théologie marchent main dans la main pour propager le message du Christ. On assiste à un développement extraordinaire des communautés chrétiennes, et dans ces communautés, le célibat pour le Royaume est la forme de vie des évêques, des vierges hommes et femmes vivant le célibat pour le Royaume comme un choix personnel lié à leur baptême, et de l'Ordre des Vierges.

Ces trois catégories de personnes puisent leur appel au célibat pour le Royaume dans l'exemple des apôtres ( célibat apostolique lié à la mission, comme Saint Pierre, lequel vécut la continence après son appel comme premier pape), dans l'exemple de Christ bien sûr, et dans celui de la Vierge Marie.

Vers la proclamation de Marie, Vierge, et mère du Christ.

L'effervescence théologique des premiers siècles englobe les modes de vie proposés dans la communauté des premiers siècles. Les combats dogmatiques autour du Christ ont des répercussions concrètes dans le témoignage chrétien : évêques et Vierges se trouvent alors au premier plan, car ils apportent un témoignage incarné dans leur vie des définitions dogmatiques qui vont aboutir au Concile d'Ephèse. ( 432)
Ce qui rassemble et permet de comprendre les enjeux de cette époque mouvementée, c'est l'Eglise.

Iconographie, prédications et luttes tournent autour de l'enjeu que représente l'Eglise du Christ. Pour bien comprendre l'Ordre des Vierges, il faut avoir cela en tête : l'évêque représente l'Eglise, et c'est pour cela qu'il vit, comme le Christ, le Célibat pour le Royaume. La Vierge est avant tout l'Eglise Epouse. Et Marie représente cette épouse fidèle, elle qui l'a été à la perfection, ce qu'aucune autre femme ne pouvait être. 

Saint Ambroise, grand protecteur de l'Ordre des Vierges et premier théologien occidental de Marie Vierge et Mère.

Saint Ambroise fut un grand propagateur de l'ordre des Vierges. Nous sommes une génération avant le concile d'Ephèse, Ambroise meurt en 397. Sous son épiscopat, l'ordre des Vierges se développe parallèlement à l'autorité de l'Evêque, et en lien direct avec la théologie qui comprend la Vierge Marie comme image parfaite ( la toute Sainte) de l'Eglise Epouse.

Père de la mariologie latine, Ambroise parle de la Vierge Marie dans son traité sur la virginité, De Institutione Virginis et Sanctae Mariae Virginitate Perpetua. Il est sans doute le premier dans l'Eglise latine à fonder un parallélisme  typologique direct entre Marie et l'Eglise, entre Marie et chaque fidèle baptisé, en considérant la virginité de la foi et sa fécondité. 

Le " De Virginibus" de Saint Ambroise chante à la fois la Vierge dans la Foi , c'est-à-dire l'Eglise toute donnée à son Epoux,  son modèle qui est la Vierge Marie, Mère de Dieu (en cela, Ambroise prépare le concile d'Ephèse), et "Marie, miroir des Vierges", cette dernière expression étant développée dans les écrits d'Ambroise sous forme de conseils spirituels pour les Vierges ayant choisi de se donner entièrement au Christ corps et âme.

On sait qu'Ambroise rassembla de nombreuses Vierges femmes, vivant comme sa propre soeur, Sainte Marcelline, dans le siècle, les communautés de femmes recluses n'existant pas encore mais étant en germe. On trouve à cette époque donc des femmes vivant la vocation de l'Ordre des Vierges en plein monde, recevant au cours d'une liturgie et des mains de l'évêque le voile de l'Epouse ( Flaminium, dans la culture latine), et proposées à la communauté comme " miroirs de Marie", tout autant que miroir de l'Eglise. L'histoire nous rapporte que Sainte Marcelline reçut le voile des mains du pape Libère en 352.

Souvent, on pose alors la question des vierges hommes. Notre mentalité moderne considère souvent les états de vie de façon dialectique, en terme d'exclusion. A l'époque, cette dialectique n'existe pas. Les hommes vivant le célibat apostolique pour le Royaume ne se considèrent pas exclus, car la préoccupation de tous est avant tout et fondamentalement liturgique et théologique, les hommes vierges sont d'ailleurs cités au début du texte de bénédiction le plus ancien de l'Ordre des Vierges féminine comme recevant eux aussi de Dieu la grâce de la chasteté. L'enjeu de la virginité féminine, à travers la Vierge Marie image de l'Eglise, c'est la maternité divine de Marie, Mère de Dieu, et c'est donc le modèle de la Vierge Marie, Vierge et Mère, qui est prédominant dans l'Ordre des Vierges, en tant que femme, en tant que la Femme de l'Apocalypse à la Croix. En défendant et mettant l'accent sur la virginité féminine, la théologie mariale de l'époque défend l'essentiel, le Christ vrai Dieu et vrai homme, né de la Femme, Vierge : la virginité de Marie est en vue de sa maternité divine, car le Christ est vrai Dieu et vrai homme. 
Saint Jean Paul II condense dans son encyclique Redemptoris Mater ( ainsi que dans Mulieris Dignitatem) l'union entre le Rédempteur et sa mère, union explicitée par les dogmes de l'Incarnation et de la Maternité divine :
"Du reste, c'est ainsi que l'Eglise a cherché à le déchiffrer dès le commencement: le mystère de l'Incarnation lui a permis de pénétrer et d'éclairer toujours mieux le mystère de la Mère du Verbe incarné. Dans cet approfondissement, le Concile d' Ephèse (431) eut une importance décisive, car, à la grande joie des chrétiens, la vérité sur la maternité divine de Marie y fut solennellement confirmée comme vérité de foi dans l'Eglise. Marie est la Mère de Dieu ( = Théotokos), parce que, par le Saint-Esprit, elle a conçu en son sein virginal et a mis au monde Jésus Christ, le Fils de Dieu consubstantiel au Père 9. «Le Fils de Dieu..., né de la Vierge Marie, est vraiment devenu l'un de nous» 10, il s'est fait homme. Ainsi donc, par le mystère du Christ, le mystère de sa Mère resplendit en plénitude à l'horizon de la foi de l'Eglise. A son tour, le dogme de la maternité divine de Marie fut pour le Concile d'Ephèse et est pour l'Eglise comme un sceau authentifiant le dogme de l'Incarnation, selon lequel le Verbe assume véritablement, dans l'unité de sa personne, la nature humaine sans l'abolir." RM 4


Enchassée dans ce passage de Redemptoris Mater, la Note 9 cite le concile d'Ephèse : .Ecumenical Council of Ephesus, in Conciliorum Oecumenicorum Decreta, Bologna 1973, 41-44; 59-61: DS 250-264; cf. Ecumenical Council of Chalcedon, o. c. 84-87: DS 300-303. 


Si on avait laissé les hommes dans l'ordre des Vierges, on aurait perdu cette spécificité de la vocation de la FEMME, au sens biblique du terme, ainsi que théologique et anthropologique. Ici, la Femme est à a fois l'Eglise, la Vierge Marie Mère de Dieu, en tant que FEMME, on ne saurait trop insister. 

Ambroise, en développant l'Ordre des Vierges femmes, leur confère en tant qu'évêque, ( et bien sûr il n'est pas le seul), la mission d'incarner littéralement dans leur mode de vie la théologie et les enjeux missionnaires du dogme de Marie Mère de Dieu qui se prépare. Ces femmes recevant le voile de l'Epouse, Vierge, expriment la maternité spirituelle de l'Eglise, toute subordonnée à son Epoux et Rédempteur, le Christ, symbolisé par l'évêque. Les analogies entre les deux liturgies antiques, ordination épiscopale et bénédiction des Vierges, sont frappantes et témoignent d'une complémentarité fondamentale qui touche aussi à l'anthropologie, loin de notre dialectique moderne et excluante ! La bénédiction des Vierges, dans sa dimension ecclésiale, illustre parfaitement les textes pauliniens sur l'Eglise Epouse, comme par exemple Ephésiens 5, 23 (" Comme l'Eglise est soumise au Christ ....")
 

Et aujourd'hui? Quelle place pour l'Ordre des Vierges?


Après Ambroise, puis après le Concile d'Ephèse, l'Ordre des Vierges connaît un développement extraordinaire, dans sa forme laïque en  plein monde et dans sa forme monacale naissante. 

Aujourd'hui, l'enjeu de la résurgence de l'Ordre des Vierges surtout dans sa forme en plein monde depuis le Concile Vatican II, est le même : Marie reste toujours le " Miroir des Vierges", et d'Ephèse à Vatican II, Marie Mère de Dieu a été proclamée aussi Mère de l'Eglise par la constitution Lumen Gentium (LG 30). Le parallèle initiée dans les premiers siècles continue de se développer ( Newman appelait cela le développement des dogmes) et à entraîner l'évangélisation vers la mission.

A ce même concile, l'Ordre des Vierges, spécialement dans sa branche laïque de femmes vivant en plein monde, a reçu une nouvelle impulsion : être toujours le miroir de l'Eglise, rappeler par sa présence la virginité de la foi, qui se donne uniquement à Dieu, Père, Fils et Esprit, suivre l'exemple premier de Marie, la plus sainte coopératrice de la rédemption, comme cela a été aussi précisé dans Lumen Gentium, on peut voir dans l'Ordre des Vierges une constante ecclésiale et mariale, une spiritualité propre qui consiste à incarner dans la vie virginale les enjeux des dogmes mariaux et de la théologie mariale. Pour aller plus loin encore, voici un extrait de Jean-Paul II, lequel part de Saint Augustin, disciple direct d'Ambroise, pour arriver à Lumen Gentium :

 

Rome, basilique de ste Pudentiana, première Vierge ayant reçu le voile avec sa soeur Praxède morte martyre, à l'époque de saint Pierre et saint Paul. La basilique est construite sur la maison du patricien Pudens cité par Saint Paul et chez qui Pierre séjourna aussi. les deux filles de Pudens sont considérées comme les premières Vierges de l'Ordo Virginum, d'après les recherches de Dom Guéranger.
Rome, basilique de ste Pudentiana, première Vierge ayant reçu le voile avec sa soeur Praxède morte martyre, à l'époque de saint Pierre et saint Paul. La basilique est construite sur la maison du patricien Pudens cité par Saint Paul et chez qui Pierre séjourna aussi. les deux filles de Pudens sont considérées comme les premières Vierges de l'Ordo Virginum, d'après les recherches de Dom Guéranger.
"Au cours des siècles, l'Église a médité sur la coopération de Marie  à l'œuvre du salut, en approfondissant l'analyse de son association au sacrifice rédempteur du Christ. 
Saint Augustin attribuait déjà à la Vierge le titre de «coopératrice » de la Rédemption (cf. De Sancta Virginitate, 6; PL 40, 399), titre qui souligne l'action conjointe et subordonnée de Marie au Christ Rédempteur."

"Le rôle particulier de coopératrice accompli par la Vierge a comme fondement sa maternité divine. En mettant au monde Celui qui était destiné à réaliser la rédemption de l'homme, en le nourrissant, en le présentant au temple, en souffrant avec Lui, lors de sa mort sur la Croix, elle « apporta à l'œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille » (Lumen gentium, n. 61). Même si l'appel de Dieu à collaborer à l'œuvre du salut concerne chaque être humain, la participation de la Mère du Sauveur à la Rédemption de l'humanité représente un fait unique et sans égal. " Jean Paul II, audience 9 Avril 1997

La mission de l'Ordre des Vierges à la lumière de la théologie mariale.

Rome, Basilique de ste Praxède, La Vierge Marie, entourée de Sainte Praxède et Sainte Pudentiana, ainsi que de la donatrice de la mosaïque.
Rome, Basilique de ste Praxède, La Vierge Marie, entourée de Sainte Praxède et Sainte Pudentiana, ainsi que de la donatrice de la mosaïque.
Marie étant miroir des Vierges, l'Ordre des Vierges, éclairé par la théologie mariale de l'Eglise catholique, ne cesse d'approfondir concrètement et dans une vocation vécue au quotidien, l'imitation de son modèle. Virginité, maternité spirituelle, coopération à la rédemption, ecclésialité....

Par le simple " propositum" de virginité et le mariage mystique avec le Christ conféré par l'évêque ( canon 604), l'ordre des Vierges brille depuis les premiers siècles comme une vocation mariale resplendissante et protégée par la liturgie même de l'Eglise. Ce n'est pas la seule, mais c'est peut-être la plus liée à la théologie mariale et ecclésiale de toute l'histoire de l'Eglise et au développement du dogme, cette vocation particulière et pourtant extrêmement simple au quotidien ( pas de changement de mode de vie, pas de communauté, pas de voeux, pas de hiérarchie, et pas même de visibilité!), cette vocation grandit avec l'Eglise et avec la maternité divine de Marie.

AC

Jeudi 19 Janvier 2017
Lu 1439 fois