Saint Joseph du Web
Recherche
Rss

La Fidélité de Joseph


 
                                                                                   - next picture



La fidélité de Joseph : Joseph et le mystère de Marie.

Dans son évangile, saint Matthieu présente le grand combat de Joseph le jour où celui-ci prend conscience que sa fiancée porte en elle un enfant. D’après le récit de saint Luc, Marie étant demeurée environ trois mois chez sa cousine Elisabeth, c’est à peu près à partir de son retour à Nazareth que Joseph découvre le fait. Nous pouvons aussi imaginer ce qui doit se passer dans la tête de Marie : bien que pleinement assurée de sa fidélité à Joseph, elle sait pourtant que celui-ci va en douter en la voyant. C’est un véritable combat spirituel : devoir soutenir le regard de Joseph et risquer d’être jugée, et non seulement jugée mais condamnée, sans avoir aucun moyen de défendre sa juste cause et son entière honnêteté. Quant à Joseph, il fut littéralement déchiré à l’intérieur de tout son être : celle en qui il avait mis toute sa confiance, celle qui représentait le trésor de sa vie et en dehors de qui rien n’avait de sens, l’avait purement et simplement trahi. Pire que cela, elle osait se présenter devant lui comme s’il pouvait rester indifférent à cet état de fait. Dans sa tête, toutes les interprétations les plus invraisemblables se présentaient et se bousculaient. Il ne pouvait absolument pas se résoudre à penser qu’elle avait abusé de sa naïveté et il se refusait à croire qu’elle pût être capable d’une telle attitude, connaissant la pureté et l’intégrité exceptionnelles de son cœur.
 

Aussi, renonçant à tous les droits qu’il avait sur elle de par sa qualité de fiancé, il résolut de la répudier sans bruit, comme dit l’évangéliste. Renoncer à Marie fut pour Joseph la plus grande souffrance de son existence, le drame le plus profond qu’on ne peut mesurer qu’à l’aune de la qualité de son amour pour elle. Et il le fit en la protégeant contre l’arbitraire définitif de la Loi de Moïse, qui consistait à la lapider. Ce déchirement ouvre une blessure terrible dans le cœur de Joseph. Une blessure qui anticipe celle du côté ouvert de cet enfant qui sera cloué un jour sur la croix pour sa fidélité à la promesse de Dieu. Et de même qu’Adam souffrit de la solitude au jour de sa création et que le Créateur vint combler celle-ci en tirant de son côté Eve comme son épouse, ainsi Joseph se trouve au centre de ces deux récits : celui de la création avec Adam et celui de la re-création avec le Nouvel Adam crucifié. Il convenait que pour accomplir sa mission de père du rédempteur, celui à qui l’ange avait dit : « Tu lui donneras comme nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt. 1, 21), connût lui aussi le mystère de la Croix à sa mesure.
 

La fécondité de Marie et de Joseph est le fruit de la fidélité de Joseph à la Loi (il ne peut épouser une femme enceinte dont le fruit des entrailles ne relève pas de sa paternité) ainsi que de son respect envers un mystère qui le dépasse (il la répudie secrètement). Elle est aussi le fruit de la fidélité de Marie à la Parole de l’ange et de sa confiance dans le fait que Joseph sera éclairé par l’auteur de cette Parole. Dès avant sa naissance, le Christ est témoin et source à la fois d’une fidélité unique et exemplaire envers la Parole de Dieu. On perçoit de façon plus intense et aussi tout intérieure le prix de l’amour qui unit ces deux jeunes époux. Ils rayonneront jour après jour dans la vie ordinaire de Nazareth la qualité de cette charité divine, qui transfigure chaque geste et chaque regard échangés entre eux et avec l’enfant au milieu d’eux.
 

P. Xavier Géron
 


Vendredi 26 Février 2010
Lu 1396 fois