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2 février, La Chandeleur, fête de la présentation de Jésus au Temple, origines de cette fête.

Le 2 février, fête de la Chandeleur, de la Présentation de Jésus au temple…quelle est l’origine de cette fête ? Plus encore, quel est son contexte théologique, au delà des sympathiques crêpes de la Chandeleur ? [1]


 

                                                                                                     
 
 

La chandeleur, les Lupercales, la célébration du solstice d’hiver : quelle est l’origine de cette fête ?

 

Etymologiquement, la chandeleur vient de la désignation latine de cette fête, "festa candelorum", ou fête des chandelles. A l’origine, nous pouvons retrouver les traces d’une fête romaine célébrée à cette date, les lupercales, en l’honneur du dieu Pan. Les rites célébrés pour la fécondité donnaient lieu à des processions en l’honneur de Pan, accompagnées de chandelles.

Ces processions ont pris une autre signification lorsque le Pape Gélase 1er, en 472, décida de lui substituer une célébration en l’honneur de la Vierge Marie. Considérant les fêtes romaines comme des pierres d’attente, le pape Gélase 1er garda le meilleur de la symbolique païenne en le christianisant : l’attente de la lumière et la vénération non plus de la simple fécondité mais de la maternité de la Vierge, à travers la fête juive de la Purification de la Vierge. N’oublions pas que le concile d’Ephèse en 431 a établi la maternité divine de Marie dans toute l’Eglise. Les fêtes qui suivent en sont donc un écho et une actualisation dans la vie quotidienne de l’Eglise et des peuples.
 

La fête de la Purification de la Vierge

 
Selon la loi mosaïque, 40 jours après l’accouchement ( donc les 40 jours de Noël jusqu’au 2 février), la mère revient au Temple pour le rite " du rachat" des premiers nés comme le prescrit la Loi de Moïse dans le livre de l’Exode ( 11 : 11-33) et au chapître 12 du Lévitique. Marie accomplit alors totalement la loi juive et ce qu’elle préfigurait, la venue du Sauveur, lumière des Nations, tel que le nommera le prophète Syméon témoin pour Israël de l’accomplissement de la Parole divine. Le Rachat, signe et synonyme de la Rédemption commence par les Juifs et est offert à toutes les Nations dans le Christ.
 
 
                                                                                         

 

La fête de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple

 

La Sainte Vierge et Saint Joseph présentent donc l’enfant au Temple, ainsi que deux tourterelles.

C’est bien un enfant qui est présenté, et c’est le Sauveur des Nations. Le vieillard Syméon redit tout le sens de l’attente du Messie par Israël. Cette rencontre du Messie, Sauveur et Lumière des Nations, caché humblement en un nouveau-Né avec Israël et le fait que Syméon redise cette tradition biblique du Sauveur des Nations venu pour Israël en vue du salut de tous sans exception ( C’est le " Nunc dimitis" du Vieillard Syméon repris chaque soir par les complies) ne pouvait que parler au peuple romain de l’époque du pape Gélase.
 

Qu’une fête célèbre la lumière par les chandelles à Rome aux mêmes dates que la fête juive, qui elle ne se basait pas sur des soltices mais sur l’attente du Messie, permet de christianiser l’attente profonde d’un peuple païen.
 

Représentant la lumière du Christ présenté au monde, la symbolique de la chandelle rappelle également selon la tradition chrétienne les deux natures du Christ, la cire représentant sa nature humaine, et le feu représentant sa nature divine. Cette symbolique mérite d’être expliquée aussi à la lumière du concile de Chalcédoine, environ 20 ans avant l’institution de notre fête, concile où brilla le pape Léon le Grand, et où fut précisé l’union hypostatique. Le concile de Chalcédoine en 451 donne à la doctrine mariale du concile d’Ephèse sa forme dogmatique :
 

Le Fils « qui avant les siècles est engendré par le Père selon la divinité, dans les derniers jours, le même, pour nous et pour notre salut, est engendré par Marie Vierge Mère de Dieu selon l’humanité » Vous pouvez retrouver sur le site Marie de Nazareth les explications historiques et théologiques des Conciles de cette époque.
 

Le concile de Chalcédoine professe « un seul et même Christ, Fils unique et Seigneur, en deux natures, sans confusion ou mutation, sans division ou séparation entre ces deux natures ». [2] [3]

En 472, le pape Gélase s’incrit donc dans tout ce mouvement théologique à travers l’institution de cette fête.
 
 
 
                          


 

Les crêpes, les chandelles, et le voyage de Marie et Joseph

 

Dans les églises, on remplace les torches par des chandelles bénites dont la lueur éloigne le Mal et rappelle que le Christ est la lumière du monde. Les chrétiens rapportaient ensuite les cierges chez eux afin de protéger leur foyer. C’est à cette époque de l’année que les semailles d’hiver commençaient. On se servait donc de la farine excédentaire pour confectionner des crêpes, symbole de prospérité pour l’année à venir.
 

On appelle aussi cette fête la Chandeleur parce qu’à partir du VIIe siècle on célébrait à Rome, à cette occasion, une procession de pénitence qui commençait à l’aurore et devait se faire à la lueur de cierges. Cette procession représentait le voyage de Joseph, de Marie et de son bébé pour aller de Bethléem (ou Nazareth) au temple de Jérusalem.
 

A partir du Xe siècle, c’est à l’occasion de cette fête qu’on procède à la bénédiction des cierges.
 

Bonne fête de la Chandeleur !

 
 
 

Notes

[1] « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. L’Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l’Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes,et gloire d’Israël ton peuple. » Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qu’on disait de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre. » Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S’approchant d’eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » — traduction pour la Liturgie catholique en langue française

[2] H.DENZINGER - A.SCHÖNMETZGER,

Enchiridion Symbolorum,

Definitionum et declarationum de rebus fidei et morum,

Herder, § 301-302.

[3] Saint Léon le grand fut un grand pape, il sut calmer un temps la fureur d’Attila, et organiser la solidarité en faveur des réfugiés. Il sut aussi veiller à la communion des Eglises au grand concile de Chalcédoine.

Saint Léon le Grand, constamment attentif à ses fidèles et au peuple de Rome, mais également à la communion entre les différentes Eglises et à leurs nécessités, fut le défenseur et le promoteur inlassable du primat romain, se présentant comme l’authentique héritier de l’Apôtre Pierre : les nombreux Evêques, en grande partie orientaux, réunis au Concile de Chalcédoine se montrèrent bien conscients de cela.

Se déroulant en 451, avec la participation de trois cent cinquante Evêques, ce Concile fut la plus importante assemblée célébrée jusqu’alors dans l’histoire de l’Eglise. […]

Le Concile de Chalcédoine - repoussant l’hérésie d’Eutichios, qui niait la véritable nature humaine du Fils de Dieu - affirma l’union dans son unique Personne, sans confusion ni séparation, des deux natures humaine et divine.

Cette foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, était affirmée par le Pape dans un important texte doctrinal adressé à l’Evêque de Constantinople, qui s’intitule Tome à Flavien, qui, lu à Chalcédoine, fut accueilli par les Evêques présents avec une acclamation éloquente, dont la description est conservée dans les actes du Concile : "Pierre a parlé par la bouche de Léon", s’exclamèrent d’une seule voix les Pères conciliaires.

Benoît XVI, audience générale du mercredi5 mars 2008


 
                                                                                                     
 
 
 

Samedi 27 Février 2010
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