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7) Les 144 000, L’Image de Dieu en l’Homme, p. Géron


 

voir également

L’ouverture des 7 sceaux de l’Apocalypse, p. Géron

L’Oeuvre du Salut dans nos vies à travers le livre de l’Apocalypse, p. Xavier Géron

Le prologue : Dieu en son Mystère. P. Géron

La révélation du Christ, p. Géron

Jésus et l’Eglise. P Géron

La Liturgie de l’Agneau : création et rédemption, P. Géron

6 L’IMAGE DE DIEU EN L’HOMME

LA MULTITUDE DES SAUVES 7, 1-17

 [1] Faisant suite à l’impressionnante description de la création livrée à sa perte à cause de l’injustice des puissants, la révélation de la puissance de salut apporte un souffle d’espérance inattendu. On peut dire que le style littéraire apocalyptique aime utiliser une certaine exagération dans la peinture des tableaux pour mieux faire ressortir par contraste la puissance invincible du Dieu de toute victoire.

Saint Paul l’exprime à sa façon quand il affirme : « Mais il n’en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d’un seul, la multitude est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude. Et il n’en va pas du don comme des conséquences du péché d’un seul : le jugement venant après un seul péché aboutit à une condamnation, l’œuvre de grâce à la suite d’un grand nombre de fautes aboutit à une justification » (Ro. 5, 15).

Témoins de la Victoire de l’Agneau

Il n’ y a donc pas de commune mesure entre l’œuvre de destruction massive opérée par le péché et ceux qui y participent et la puissance de résurrection qui a commencé à se déployer à partir du Christ. Il est la tête de l’Eglise, c’est à dire du peuple nouveau, celui qui s’agrège par la foi à son Corps pour en recevoir la vie triomphant des œuvres de mort. Nous sommes, quant à nous, les témoins de cette victoire puissamment agissante de par le monde, mais que bien peu savent reconnaître. Nous avons l’habitude de rester fixés à la matière des actualités régionales ou internationales, sans en comprendre le sens, et surtout sans percevoir en elles la vie de la grâce qui peut animer intérieurement les personnes et la façon dont elles vivent les évènements. Le Livre de l’Apocalypse nous aide à discerner au sein des convulsions du monde les enfantements mystérieux à la vie divine : « Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps » (Ro. 8, 22-23) dit encore saint Paul.

PLAN :

v. 1-8 : la révélation du peuple de Dieu et sa mise en évidence dans l’Histoire v. 9-12 : la louange liturgique et cosmique autour du Trône v. 13-17 :Le Christ donne sens à la souffrance de ceux qui ont souffert pour être fidèles à la vérité

une Oeuvre de Re-création

v. 1-8 : La fin des menaces qui pesaient sur l’ensemble de la création est proclamée. Dieu a mis un terme à ce qui semblait être un mouvement d’anéantissement. Il s’agit en fait d’une œuvre de re-création où l’ancien doit disparaître pour laisser la place au nouveau. Et cette disparition est en fait une purification. A la fois, le mouvement de destruction s’exerce comme une conséquence de l’absence de Dieu dans l’activité humaine, à la fois la vie divine transfigure ce qui est purifié. Seul ce qui est assumé par Dieu est sauvé, seule la création habitée par la grâce peut résister à la dissolution. Livrée à elle même, ou pour mieux dire avec saint Paul : « si la création fut assujettie à la vanité, - non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a soumise, - c’est avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Ro. 8, 20-21).

Une marque de bénédiction

Aussi, l’ange intervient puissamment pour orienter le cours des évènements selon Dieu et non pas en dehors de Dieu. Il vient rappeler la présence de ce que l’homme porte en lui de plus précieux, la présence divine. En marquant les hommes sur le front, l’ange n’est pas en train de sélectionner les hommes selon la justice qu’ils auraient pu vivre. Nous ne devons pas penser ici que certains sont prédestinés au bien et à la résurrection et d’autres au mal et à la réprobation éternelle. Tous sont appelés. Tous sont appelés à répondre et tous portent en eux le moyen de répondre.

Le Seigneur vient bénir ses enfants. Cette bénédiction est au-delà de tout jugement, mais le jugement se fera en considération de cette bénédiction. La question c’est de croire en cette bénédiction et d’en vivre afin qu’elle soit l’attestation que l’amour de Dieu pour nous est plus fort que tout le mal qui pourrait nous arriver. Mais cette conviction ne peut s’instaurer en nous et devenir agissante que dans la mesure où l’on cherche à faire la volonté de Dieu. Nul ne peut vivre de la bénédiction divine et la mépriser en même temps. Et c’est précisément le mépris de cette bénédiction qui sera la source de la grande souffrance : réaliser combien le trésor précieux de l’amour de Dieu a été négligé.

Le geste est repris de la tradition biblique que l’on trouve chez le prophète Ezéchiel : « Yhvh lui dit : "Parcours la ville, parcours Jérusalem et marque d’une croix au front les hommes qui gémissent et qui pleurent sur toutes les abominations qui se pratiquent au milieu d’elle." » (Ez. 9, 4). Nous retrouvons la béatitude enseignée par Jésus dans le sermon sur la Montagne : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés » (Mat. 5, 5) et la fin de cette vision s’achève précisément sur la consolation promise : « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap. 7, 17).

Le geste de signation opéré par l’ange est donc comme une mise en lumière de la bénédiction éternelle déposée dans le cœur de l’homme qui se traduit dès lors par ce retournement du cœur. Et l’ange vient reconnaître ceux dont le cœur est ému et bouleversé par l’injustice et le péché exercés contre l’amour de Dieu manifesté dans la Révélation de son projet. Cette reconnaissance a comme objet de rappeler aux fidèles que Dieu ne les a pas abandonnés dans les tribulations qui ont lieu.

Ils peuvent donc désormais traverser la grande épreuve sans être victimes du désespoir, sans être prisonniers de la culpabilité comme ceux qui considèrent avec effroi la venue du Juste. Ainsi espèrent-ils l’avènement du Règne de Dieu malgré le péché de l’humanité. « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Et nul tourment ne les atteindra. […] Ceux qui mettent en lui leur confiance comprendront la vérité et ceux qui sont fidèles demeureront auprès de lui dans l’amour, car la grâce et la miséricorde sont pour ses saints et sa visite est pour ses élus. Mais les impies auront un châtiment conforme à leurs pensées, eux qui ont négligé le juste et se sont écartés du Seigneur » dit le Livre de la Sagesse, 3, 1-10.

L’interprétation des signes de l’Amour

144 000 : Le nombre de ceux qui sont marqués n’est pas un nombre quantitatif. Ne lisons pas le Livre de l’Apocalypse avec un regard humain vide de la foi. C’est une erreur trop répandue que de vouloir interpréter les signes de l’amour selon la seule apparence en oubliant tout ce qu’ils contiennent de mystérieusement cachés en eux. Nous savons que diverses sectes chrétiennes se sont laissé aller à cette lecture, pour ne citer que les Témoins de Jéhovah. Ils ont bien du mal à en rendre compte car leur succès dépasse ce chiffre excessivement restreint. Soyons intelligents et n’offensons pas celui qui a écrit ces lignes pour nourrir notre espérance. 144 000 est le produit de 3 chiffres : 12 multiplié par lui-même et par 1000. 12 se rapporte à l’élection de Dieu envers son Peuple constitué de 12 tribus représentées par les 12 patriarches, fils de Jacob. Il est multiplié par lui-même car le peuple de Dieu entre dans une dimension d’accomplissement en devenant l’Eglise fondée sur la foi des 12 apôtres. Il n’y a d’Eglise que celle issue d’Israël accompli en Jésus. Enfin, 1000 représente une multitude finie, certes, mais incalculable.

Si l’Eglise est ici définie par ses origines à travers un symbolisme chiffré, elle reste l’Eglise qui appelle toutes les nations à bénéficier de la grâce de Dieu. Comme dit le Concile Vatican II dans la Constitution sur l’Eglise : « A faire partie du peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés. C’est pourquoi ce peuple, demeurant un et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers entier et à toute la suite des siècles pour que s’accomplisse ce que s’est proposé la volonté de Dieu créant à l’origine la nature humaine dans l’unité, et décidant de rassembler enfin dans l’unité ses fils dispersés » (LG 13).

Ce que le Livre de l’Apocalypse nous révèle en présentant cette foule innombrable qui se lève comme pour exprimer la fécondité de l’Eglise, des 144 000. C’est par elle, en effet, que tout ce que les hommes sur cette terre ont vécu et qui les a conformés au Christ, peut être manifesté comme l’expression du Corps tout entier. « Ainsi donc, conclut le même Concile, à cette unité catholique du peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au salut » (LG 13).

Liturgie céleste

On découvre peu à peu une présence de plus en plus nombreuse de créatures autour du Trône venant exprimer leur adoration et leur louange. Ceux qui entonnent et entraînent ce culte sont les 4 Vivants et les 24 Anciens déjà aperçus autour du Trône lors de la première présentation. Et cette louange s’exprime en 7 termes bien distincts : « Louange, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu » (7,12). Nous retrouverons encore ces expressions car elles ponctuent l’ensemble du Livre comme un refrain qui nous invite à ne pas oublier que toute cette Révélation tourne autour de la liturgie céleste, que toute vie chrétienne est une liturgie et que la liturgie est l’activité essentielle de l’homme pour laquelle il a été créé.

Une question surgit alors de la part d’un Ancien pour inviter le visionnaire à pénétrer plus profondément la signification de ce qu’il voit et à n’en pas rester à ce qu’il peut percevoir a-priori. Quelle est donc la place des Anciens dans le peuple de Dieu sinon l’invitation à approfondir sans cesse la compréhension du mystère du Salut et à le faire pénétrer davantage dans tous les recoins de notre chair ? « Les anciens qui sont parmi nous, je les exhorte, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée. Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l’élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau » dira saint Pierre (1 Pi. 5, 1-3).

La question posée est donc la suivante : ceux qui ont vécu avant le Christ, peuvent-ils être revêtus eux aussi des emblèmes de sa victoire ? C’est la question du sort de ceux qui étaient sous le Trône et qui s’insurgeaient de ne pas voir prises en compte les souffrances qu’ils avaient endurées dans leur fidélité au Christ qui devait venir. Désormais, nous dit le texte, ils ne sont plus sous le Trône, mais bien devant. Cette question qui était apparue à l’ouverture du 5ème sceau trouve ici sa réponse, après l’ouverture du 6ème sceau. La Révélation de l’identité de ceux qui sont appelés à participer à la victoire de l’Agneau a été précisée à partir du dévoilement du nombre incalculable. Tous les hommes unis mystérieusement au Christ par le désir de la justice appartiennent à ce grand peuple innombrable, vêtu de robes blanches et portant en main les palmes de la victoire. Mais le 7ème sceau reste à ouvrir…

Avant de l’ouvrir, nous nous demandons quelle est la réelle signification des 4 cavaliers qui apportent la mort : celle des martyrs, le chaos de la création et la peur chez les hommes ? Cela ne proviendrait-il pas de ce que l’homme s’est construit une muraille protectrice contre la grâce ? Il s’est bâti une cité à l’encontre de celle que Dieu veut bâtir, un projet qui s’oppose à celui du Seigneur. Comme pour la ville de Babel. Et qui en a été l’instigateur ?

le Cinqième Sceau : vers la responsabilité de la conduite de chacun

L’ouverture des 4 premiers sceaux dévoile des comportements présents dans le cœur de l’homme dont les conséquences apparaissent par la présence des victimes sous l’autel du Seigneur. Le péché de l’homme a comme aboutissement logique la destruction de l’homme et surtout la persécution de celui qui cherche à vivre en vérité avec la Parole de Dieu, avec celui qui veut éclairer sa conscience par cette Parole. Mais en même temps, cette persécution dont les victimes sont reconnues révèle la malveillance et la mauvaise conduite de ceux qui dirigeaient le monde selon la logique de la convoitise et non du service de la charité. Ce dévoilement met ces derniers dans une confusion terrible en sorte qu’ils ne voient pas d’issue à leur situation que l’imminence d’un terrible châtiment qu’ils ont mérité.

Le Seigneur dévoile les cartes. Il met chacun face à la responsabilité de sa conduite, bonne ou mauvaise durant sa vie. Il met aussi au jour les liens qui unissent l’homme au cosmos et chaque homme avec son prochain. Aucun action, aucune décision prise ne peut rester innocente et sans incidence sur le déroulement de l’ensemble de l’Histoire humaine. Et pourtant, le ressort principal qui gouverne la destinée du monde, est-il le péché du monde ou bien un autre principe actif capable de renouveler toute chose ? C’est précisément ce que nous sommes appelés à découvrir avec l’ouverture du 7ème sceau. Nous allons assister à une sorte de confrontation définitive entre le mouvement d’aspiration vers le néant et le souffle de vie capable de ressusciter l’univers entier.

à suivre : 7 CONSEQUENCES DU PECHE ET CULPABILITE

LE SEPTIEME SCEAU ET LES SEPT TROMPETTES 8, 1- 9, 21


Notes

[1] 1 Après cela, je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre ; ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu’il ne soufflât point de vent sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. 2 Et je vis un autre ange, qui montait du côté du soleil levant, et qui tenait le sceau du Dieu vivant ; il cria d’une voix forte aux quatre anges à qui il avait été donné de faire du mal à la terre et à la mer, et il dit : 3 Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. 4 Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël : 5 de la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze mille ; de la tribu de Gad, douze mille ; 6 de la tribu d’Aser, douze mille ; de la tribu de Nephthali, douze mille ; de la tribu de Manassé, douze mille ; 7 de la tribu de Siméon, douze mille ; de la tribu de Lévi, douze mille ; de la tribu d’Issacar, douze mille ; 8 de la tribu de Zabulon, douze mille ; de la tribu de Joseph, douze mille ; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau. 9 Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. 10 Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. 11 Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants ; et ils se prosternèrent sur leur face devant le trône, et ils adorèrent Dieu, 12 en disant : Amen ! La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance, et la force, soient à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen ! 13 Et l’un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ? 14 Je lui dis : Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’agneau. 15 C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux ; 16 ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur. 17 Car l’agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.


Samedi 27 Février 2010
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