Saint Joseph du Web
Recherche
Rss

11) Le Combat du baptême chrétien.P. Xavier Géron


 

 

suite à Le Temple, la Femme et le Dragon, p. Xavier Géron

voir également rubrique : l’oeuvre du Salut dans nos vies à travers le livre de l’Apocalypse ; p. Géron

10 LE COMBAT DU BAPTEME CHRETIEN

LE DRAGON ET LES BETES

 [1]

L’humilité de Marie

La révélation des mystères de Dieu déclenche chez l’adversaire la plus grande fureur qui soit. Non seulement il est dévoilé dans ses stratagèmes, mais surtout sont dévoilés sa faiblesse, sa fragilité, son point faible, lui dont l’orgueil si présomptueux le laisse croire invincible par son intelligence redoutablement supérieure. Face à lui, Dieu a choisi de vaincre, non par la force mais par une autre forme d’intelligence, celle illuminée par la vérité de la foi et rendue inébranlable par l’humilité de la charité. Marie en est l’expression vivante. C’est ainsi qu’elle écrase sa tête.

Cependant, elle aura aussi expérimenté la violence cruelle de sa colère quand elle apprit la fureur d’Hérode à l’encontre des petits enfants de Bethléem. Elle sut que le combat commençait. Celui qu’elle mettait au monde provoquait une réaction de violence tellement disproportionnée qu’elle comprit bien vite l’enjeu de sa maternité. Le thème majeur que nous abordons à travers les pages qui suivent est celui du Baptême, la plongée dans la mort pour une résurrection victorieuse. Tout chrétien est appelé à prendre acte de sa qualité et de sa dignité d’enfant de Dieu, et par là même à assumer les conséquences de ce choix qui l‘obligent à mener un combat spirituel indispensable. Ce sont donc les cartes de l’adversaire que nous allons voir se déployer maintenant afin de rester avertis de sa stratégie trompeuse. En finale, elle aboutit à la confusion extrême et à son anéantissement définitif.

PLAN :

Ch. 12 v. 13-16 : les puissances de la mort ne résistent pas devant la fécondité de l’Eglise v. 17-18 : le combat spirituel du chrétien Ch. 13 v. 1-2 : portrait de la Bête de la mer v. 3-4 : le prodige séducteur de la Bête v. 5-7 : les pouvoirs donnés à la Bête v. 8-10 : conclusion : la révélation des cœurs v. 11-12 : portrait de la Bête de la terre v. 13-14 : les prodiges accomplis par la Bête de la terre v. 15-18 : l’anti-image et le chiffre

Le désert, l’Exode, le baptême…et l’Aigle

Les versets évoquant la fuite de la Femme au désert nous rappellent à la fois l’Exode par l’image du passage à travers les eaux de la mer et en même temps le baptême chrétien dont l’Exode est justement la figure. Les deux ailes du grand aigle font référence à l’Esprit Saint qui habite l’Eglise : « à laquelle il assure l’unité dans la communion et le service, qu’il équipe et dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, qu’il orne de ses fruits. Par la vertu de l’Evangile, il la rajeunit et la renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union parfaite avec son époux » (LG 4). L’image est reprise de l’Exode et aussi de la Genèse quand le souffle divin spire au-dessus des eaux à la manière de l’aigle au-dessus de ses petits.

Le désert signifie le lieu où résonne la Parole

L’Eglise est conduite au désert, son lieu, dit le texte, plutôt que refuge. Ce qui doit s’entendre selon l’étymologie hébraïque, désert signifiant lieu où résonne la Parole de Dieu. L’Eglise vit en se nourrissant précisément de la Parole et de l’Eucharistie. Elle passe ainsi à travers toutes les puissances de la mort qui ne peuvent rien contre elle. L’image de la terre venant à son secours pour engloutir les eaux peut faire penser dans ce contexte à la foi solide et inébranlable de Joseph, conduisant de nuit l’enfant et sa mère pour échapper au massacre commandité par Hérode (Mt, 2, 14). C’est aussi Moïse qui a fait traverser la mer rouge à pied sec au peuple de Dieu et qui voit sur la grève les cadavres des égyptiens comme y fait allusion ici le texte : « il [le Dragon]se tenait sur le rivage de la mer » (Ap. 12, 18).

Symbolique biblique de la mer

De cette mer émerge quantités de monstres, selon la symbolique biblique : la mer est le lieu des puissances obscures. Ainsi nous voyons Jésus permettre aux démons chassés du possédé d’aller dans les porcs qui se jettent dans la mer (Mc. 5, 1-15). Cela fait référence à la compréhension habituelle exprimée dans la mentalité sémitique comme le traduit tel ou tel Psaume : « O Dieu, mon roi dès l’origine, toi qui fendis la mer par ta puissance, qui brisas les têtes des monstres sur les eaux », chante l’un d‘eux (74, 12-13) et Job d’assimiler les deux : « Suis-je la Mer, moi, ou le monstre marin, pour poster une garde contre moi ? » (7, 12).

Les sacrements de l’initiation chrétienne

Les versets suivants ont pour but de révéler le fond des cœurs et de rappeler quelle dynamique anime celui qui a reçu la grâce du Baptême, qu’il convient de comprendre au sens large, c’est à dire comme l’ensemble de l’initiation chrétienne regroupant les trois sacrements, avec le premier, la Confirmation et l’Eucharistie. Cette vie baptismale, qu’on appelle aussi l’onction par laquelle on est marqué au Nom du Christ, Roi, Prêtre et Prophète, est le chemin qui va de l’image à la ressemblance. Depuis le jour de notre création, nous sommes faits à l’image de Dieu. Et cette image est comme une réalité germinale qui doit croître pour parvenir à son achèvement qu’est la ressemblance. Le passage de l‘une à l’autre s’effectue par l’exercice de notre volonté libre dans la pratique des commandements. Jour après jour, nous décidons de suivre le Christ et ratifions notre fidélité.

L’image du Christ ou les idoles…

Pour parvenir à : « constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ », selon l’enseignement de saint Paul (Ep. 4, 13), il nous faut contempler le Christ, apprendre à le connaître, puisque « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn. 17, 3). En effet, « Il est l’Image du Dieu invisible, Premier-né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui » (Col. 1, 15-16). Or, la stratégie de l‘adversaire va consister principalement à détourner l’homme de l’Image qu’est le Christ pour lui faire adorer d’autres images, que l’on appelle les idoles.

Dans l’épisode des Géraséniens que l’on a cité plus haut, concernant les porcs se précipitant dans la mer, on perçoit cette même problématique : « Ils arrivèrent sur l’autre rive de la mer, au pays des Géraséniens. Et aussitôt que Jésus eut débarqué, vint à sa rencontre, des tombeaux, un homme possédé d’un esprit impur : il avait sa demeure dans les tombes et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne, car souvent on l’avait lié avec des entraves et avec des chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les entraves, et personne ne parvenait à le dompter. Et sans cesse, nuit et jour, il était dans les tombes et dans les montagnes, poussant des cris et se tailladant avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria d’une voix forte : "Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas !" Il lui disait en effet : "Sors de cet homme, esprit impur !" Et il l’interrogeait : "Quel est ton nom ?" Il dit : "Légion est mon nom, car nous sommes beaucoup." » (Mc. 5, 1-9).

Que va faire Jésus ? Délivrer cet homme des images ténébreuses qui habitent en lui sous formes d’esprits impurs et le conduisent à l’auto-mutilation, à la haine de soi et des autres dans un refus de Dieu, pour le faire advenir à l’image divine qu’il porte en lui. Les esprits ayant été chassés dans les porcs, leurs gardiens « arrivent auprès de Jésus et ils voient le démoniaque assis, vêtu et dans son bon sens, lui qui avait eu la Légion » (v. 15).

Pureté du coeur

L’adversaire s’attaque donc à l’image de Dieu en l’homme, particulièrement chez les petits enfants. Ce sont eux en effet que Jésus prend comme modèle : « Les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent : "Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux ?" Il appela à lui un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et dit : "En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l’état des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. "Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille » (Mt. 18, 1-5). Nous l’avons vu, la rage d’Hérode se tourne contre les nouveaux-nés de Bethléem. Pourquoi les enfants sont-ils si proches de Dieu ? Jésus répond : « Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux » (id. v. 10). Chez les enfants, la faculté de voir la face du Père est plus grande que chez les adultes car les anges des enfants ont plus de facilité d’accès à leur conscience du fait d’une certaine pureté de cœur. Celui-ci n’est pas encore souillé comme le nôtre par les images perçues ou produites.

Persécution et dictatures de la Bête

Les images des bêtes qui apparaissent sont reprises principalement du Livre du prophète Daniel, c’est à dire qu’elles proviennent d’un contexte de persécution auquel l’auteur de l’Apocalypse veut associer son récit comme il en a fait allusion au début du Livre : « Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dans l’épreuve, la royauté et la constance, en Jésus » (Ap. 1, 9). Daniel raconte comment le roi Antiochus IV Epiphane (165 av JC) contraignit les juifs de Palestine à renier leur identité religieuse pour assurer l’unité politique face à la puissance de Rome. Les résistants sont connus sous le nom glorieux des frères Macchabées. Le prophète désigne ainsi les dictatures successives sous la forme de bêtes plus terribles les unes que les autres : « quatre bêtes énormes sortirent de la mer, toutes différentes entre elles. La première était pareille à un lion avec des ailes d’aigle. […]Une deuxième bête, tout autre, semblable à un ours […] Ensuite, je regardai et voici : une autre bête pareille à un léopard, […]Ensuite je contemplai une vision dans les visions de la nuit. Voici : une quatrième bête, terrible, effrayante et forte extrêmement ; elle avait des dents de fer énormes » (Dn. 7, 3-7).

Le Livre de l’Apocalypse désigne Satan comme l’instigateur de toutes les persécutions. C’est lui qui fait advenir les Bêtes dont le pouvoir destructeur est repris aux Bêtes du Livre de Daniel : le léopard, comme puissance à laquelle aucune proie ne peut échapper ; l’ours comme destruction complète de la victime prise entre ses pattes ; le lion qui déchiquette et broie celui qu’il tient sous ses crocs. Les Bêtes sortent, l’une de la mer, l‘autre de la terre. Elles portent chacune des cornes, ce qui représente le pouvoir qui leur est donné et des têtes, représentant leur intelligence. Ainsi, 7 têtes, signifiera une intelligence créée insurpassable et 10 cornes, un grand pouvoir, mais cependant limité. L’Agneau porte, quant à lui, 7 cornes et est muni de 7 yeux. Dans cette symbolique, 7 est plus important que 10.

Aux 2 Bêtes, le Dragon donne le pouvoir de séduire les hommes. Pour la 1ère : « On lui donna de mener campagne contre les saints et de les vaincre ; on lui donna pouvoir sur toute race, peuple, langue ou nation » (13, 7). Pour la 2nde : « Au service de la première Bête, elle en établit partout le pouvoir, amenant la terre et ses habitants à adorer cette première Bête » (12, 12).

Chacune accomplit des prodiges pour séduire les hommes. La 1ère manipule les évènements, se faisant passer pour victime et pouvant ainsi agir en son bon droit. On connaît la stratégie des dictateurs qui abusent leurs peuples en se prétendant défenseurs de leurs droits (cf. le nazisme et le communisme ou encore autres lobbies contemporains usant de l’argument de la phobie à leur encontre). La 2nde fait descendre le feu du ciel sur la terre, c’est à dire accomplit des exploits techniques si évidents qu’elle ne peut que rendre de grands services à l’humanité (cf. la science médicale aux mains des financiers et autres laboratoires pharmaceutiques décrétant le droit de vivre ou de mourir). Ici elle a pouvoir d’animer l’image de la 1ère Bête et de la faire parler. Ce pouvoir manifestement incongru au temps de l’Eglise primitive est aujourd’hui devenu banal.

La 1ère Bête exerce une servitude sur les peuples en exigeant l’adoration d’elle-même (cf. le Livre de Daniel : « Le héraut proclama avec force : "A vous, peuples, nations et langues, voici ce qui a été commandé : à l’instant où vous entendrez sonner trompe, pipeau, cithare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et ferez adoration à la statue d’or qu’a élevée le roi Nabuchodonosor. Quant à celui qui ne se prosternera ni ne fera adoration, il sera incontinent jeté dans la fournaise de feu ardent." » Dn. 3, 4-6). On pense aux mots d’ordre et aux slogans transmis par le langage unique qui est de mise aujourd’hui sous couvert de tolérance, ou encore aux grands rendez-vous télévisuels. La 2nde, par le nom de la Bête, a caricaturé le signe dont les saints ont été marqués sur le front, le Nom de Dieu : « nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom » (Ap. 13, 17). L’accès aux biens de la terre est réduit à ceux qui sont insérés dans les processus économiques modernes, laissant les populations de pays entiers à l’écart et soumis au bon vouloir des côtes boursières internationales. Le rêve de la consommation s’achève parfois en un réveil douloureux, celui de la dépendance. Il est bien utile de relire ce que dit Benoît XVI dans Caritas in Veritate à ce sujet, et de se mettre à l’oeuvre sur les antidotes proposés, en particulier la mondialisation de la solidarité et le principe de gratuité.

La signification hébraïque de 666.

Deux chiffres sont mentionnés : le 1er fait allusion à la durée du pouvoir de la 1ère Bête : 42 mois, soit 1260 jours soit 3 ans et ½, ou encore selon la formule, un temps, des temps et la moitié d’un temps. On doit l’interpréter comme une durée dont on ne connaît tout simplement pas la fin : 1 temps, 2 temps, etc. Il désigne aussi le temps durant lequel l’Eglise demeure au désert. C’est la durée de l’Histoire au cours de laquelle Dieu a donné aux hommes le temps de répondre à son invitation à la vie bienheureuse jusqu’à l’accomplissement des temps quand le nombre des élus sera atteint. Cela, nul ne le connaît. Le 2nd chiffre est celui de la Bête, nous dit-on, et c’est un chiffre d’homme. Selon le principe de la numérologie hébraïque où les chiffres sont désignés par des lettres, le 6 est désigné par la 6ème lettre de l’alphabet, soit, waw, qui donne la voyelle O entre autres. On pourrait voir ici désigné le tyran : hOrOdOs, Hérode. Mais on peut encore dire que ce chiffre 6 se répète sans jamais parvenir à passer au-dessus, sans jamais atteindre le chiffre 7 qui désigne la plénitude et l’accomplissement divin. 666 exprime donc l’impossible accès de l’adversaire à la fin qu’il voulait atteindre : devenir Dieu à la place de Dieu.

Alors, les Justes resplandiront

Le but de ces persécutions est ici manifestement exprimé : la révélation des cœurs et des pensées profondes. Les hommes sont invités à se positionner : « Les chaînes pour qui doit être enchaîné ; la mort par le glaive pour qui doit périr par le glaive ! » (v.10). D’un autre côté, c’est afin de donner aux fidèles du Christ l’occasion de témoigner de leur foi et de la puissance de la grâce agissant en eux : « Voilà qui fonde l’endurance et la confiance des saints » (id.). On retrouve cette idée dans l’enseignement du Christ en paraboles avec l’ivraie et le bon grain : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume ; l’ivraie, ce sont les sujets du Mauvais ; l’ennemi qui la sème, c’est le Diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; et les moissonneurs, ce sont les anges. De même donc qu’on enlève l’ivraie et qu’on la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde : le Fils de l’homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d’iniquité, et les jetteront dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles ! » (Mt. 13, 38-43). Nous avons la même expression au v. 9 : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! ».

Aucune opposition ne peut l’emporter sur l’Amour

Une dernière question peut se poser : pourquoi le Seigneur octroie-t-Il tant de pouvoir au Dragon et aux Bêtes ? Pourquoi laisse-t-Il la séduction prendre tant de place dans les cœurs ? Pourquoi a-t-Il permis que tant de ses enfants à qui Il a donné la vie puissent se laisser prendre par les artifices mensongers de l’adversaire ? Le Livre de l’Apocalypse a pour objectif de dévoiler toutes la puissance que l’adversaire déploie contre les enfants de Dieu jusqu’à faire penser qu’il est le vainqueur.

D’une part, il est aisément compréhensible de penser que cette puissance de destruction n’est que l’envers de la puissance d’aimer que Dieu a déposée en ses créatures, puisque nous avons compris que le mal se ramenait à l’expression du refus du bien dans le cœur de l’homme. Ainsi, la grandeur de la liberté donnée à l’homme apparaît-elle davantage ! Mais en espérance, elle nous laisse entendre toute la fécondité spirituelle d’une telle liberté ouverte à l’Amour de Dieu.

D’autre part, nous assistons dans ce Livre à une manifestation de toutes les violences les plus grandes qui soient déployées contre le projet de Dieu. On peut même aller jusqu’à dire que Dieu laisse la main libre au déchaînement de l’ennemi sur ses enfants. Cela peut apparaître scandaleux. En fait, il n’en est rien. Le Livre, en tant que révélation, veut nous faire entendre qu’aucune opposition, si forte soit-elle, ne pourra jamais détruire le projet d’amour que Dieu a voulu depuis toute éternité. Oui, Dieu laisse sa créature rebelle exercer tout l’empire de sa révolte contre les saints, contre ceux que Dieu a bénis depuis toute éternité en son Fils, c’est à dire tout homme. Car Dieu ne craint pas le pouvoir du mal. Qui est comme Dieu ? « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Ro. 8, 38-39).

Ainsi, nous sommes assurés, rencontrant toutes sortes de persécutions, les pires soient-elles, et l’auteur veut fortifier ses lecteurs contre celles qu’ils subissent, que Dieu sera toujours le Vainqueur. Son royaume nous est offert, moyennant seulement pour nous le désir d’y aller : « Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s’y engagent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent » (Mt. 7, 13-14). A nous de viser, de désirer, de chercher la porte pour y passer au milieu des séductions nombreuses qui veulent nous en détourner. Car ce n’est pas sans faire exprès que nous entrons dans le Royaume, mais par un choix libre et personnel.

Du côté de Dieu, tout est donné ; de notre côté tout est à accueillir.

à suivre : 11 L’EUCHARISTIE

LA VICTOIRE DE L’AGNEAU 14,1 – 15,8


Notes

[1] 12, 13 – 13, 18

13 Quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l’enfant mâle. 14 Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât au désert, vers son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps, et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent. 15 Et, de sa bouche, le serpent lança de l’eau comme un fleuve derrière la femme, afin de l’entraîner par le fleuve. 16 Et la terre secourut la femme, et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa bouche. 17 Et le dragon fut irrité contre la femme, et il s’en alla faire la guerre au restes de sa postérité, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus.

1 Et il se tint sur le sable de la mer. Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. 2 La bête que je vis était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité. 3 Et je vis l’une de ses têtes comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l’admiration derrière la bête. 4 Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête ; ils adorèrent la bête, en disant : Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? 5 Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes ; et il lui fut donné le pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois. 6 Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. 7 Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Et il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue, et toute nation. 8 Et tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’agneau qui a été immolé. 9 Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende ! 10 Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité ; si quelqu’un tue par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la persévérance et la foi des saints. 11 Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon. 12 Elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. 13 Elle opérait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. 14 Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait. 15 Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués. 16 Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, 17 et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. 18 C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six.


Samedi 27 Février 2010
Lu 2385 fois