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4) Jésus et l’Eglise. P Géron


 

photo : porte de st Michel d’Aiguilhe, le Puy en Velay voir également
 

Le prologue : Dieu en son Mystère. P. Géron

La révélation du Christ, p. Géron

3 JESUS ET L’EGLISE

LES 7 EGLISES 2, 1-3, 22

1 Écris à l’ange de l’Église d’Éphèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d’or : 2 Je connais tes oeuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs ; 3 que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t’es point lassé. 4 Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. 5 Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres ; sinon, je viendrai à toi, et j’ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. 6 Tu as pourtant ceci, c’est que tu hais les oeuvres des Nicolaïtes, oeuvres que je hais aussi. 7 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : A celui qui vaincra je donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu. 8 Écris à l’ange de l’Église de Smyrne : Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort, et qui est revenu à la vie : 9 Je connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tu sois riche), et les calomnies de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. 10 Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. 11 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Celui qui vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort. 12 Écris à l’ange de l’Église de Pergame : Voici ce que dit celui qui a l’épée aiguë, à deux tranchants : 13 Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure. 14 Mais j’ai quelque chose contre toi, c’est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu’ils se livrassent à l’impudicité. 15 De même, toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes. 16 Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l’épée de ma bouche. 17 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : A celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc ; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit. 18 Écris à l’ange de l’Église de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain ardent : 19 Je connais tes oeuvres, ton amour, ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières oeuvres plus nombreuses que les premières. 20 Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu’ils se livrent à l’impudicité et qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. 21 Je lui ai donné du temps, afin qu’elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité. 22 Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu’ils ne se repentent de leurs oeuvres.

Ministère et contemplation

Le message que le Christ ressuscité a fait connaître à Jean est donné maintenant aux Eglises au milieu desquelles le Seigneur se tient. Le Seigneur parle aux Eglises par l’intermédiaire de son messager qui est Jean. Jean est témoin de la Parole de Dieu. Il contemple la gloire du Ressuscité. Son ministère, comme celui de saint Paul, s’enracine dans cette vision. On en déduit qu’aucun véritable ministère au sein de l’Eglise, aujourd’hui comme hier, ne peut s’exercer selon Dieu sans cette contemplation initiale, renouvelée et entretenue dans la prière et la foi. Jésus qui se tient au milieu des Eglises ne s’abstient pas de la médiation ministérielle qu’Il a instituée à travers le choix des apôtres et de leurs successeurs.

Les 7 Eglises

Le chiffre des 7 Eglises est bien évidemment symbolique. Leur nom ne l’est pas car il désigne une réalité géographique de la mission jusqu’en Asie. Pour comprendre le message qui leur est adressée, nous examinerons successivement :

1.la situation géographique de ces Eglises et leur particularité ; 2.la similitude de la composition du discours pour chacune d’elles ; 3.le lien entre la présentation du Christ ressuscité et la promesse faite à chaque Eglise ; 4.la progression du discours au fur et à mesure de son énoncé à chaque Eglise et sa signification ;

1. la situation géographique de ces Eglises et leur particularité :

Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée : ces 7 villes sont regroupées sur une ligne nord-sud à l’extrémité occidentale de l’Asie ou actuelle Turquie, face à la Grèce - plus précisément la province de Macédoine au nord et celle de l’Achaïe au sud - que sépare la Mer Egée. Elles ne se confondent pas avec les autres villes qui ont accueilli la prédication de saint Paul, telles que Corinthe située en Achaïe, Philippes et Thessalonique en Macédoine. Colosses, quant à elle, se trouve en Asie juste au sud de Laodicée, comme Ephèse qui est un port de mer. On peut donc deviner une certaine répartition des territoires visités par les apôtres.

Saint Paul aurait commencé en actuelle Turquie ses grands voyages missionnaires, le 1er et le 2nd, fondant les églises de Galatie, avec Antioche de Pisidie, mais ne s’attardant pas en Asie selon le compte rendu de saint Luc dans les Actes des Apôtres : « Ils parcoururent la Phrygie et le territoire Galate, le Saint Esprit les ayant empêchés d’annoncer la parole en Asie. Parvenus aux confins de la Mysie, ils tentèrent d’entrer en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit pas » (Ac. 16, 6-7). Cette répartition peut se comprendre à partir de la séparation de Paul d’avec Barnabé suite au refus de Paul d’emmener avec lui un fameux Jean, surnommé Marc (Ac. 15, 37). Il se peut que Barnabé et Jean aient eu la charge d’évangéliser l’Asie, d’autant qu’il s’agissait de communautés juives, tandis que Paul se tournait plus facilement vers les païens, comme l’illustre le songe du macédonien appelant l’apôtre à évangéliser son pays (Ac. 16, 9).

Nous avons là un certain écho des difficultés face auxquelles la première Eglise s’est trouvé confrontée, s’agissant d’admettre les païens avec ou sans la circoncision et autres pratiques juives. Le Livre de l’Apocalypse, quant à lui, nous offre le compte rendu de la foi dans un langage et une culture spécifiquement juifs. Nous sentons bien que la compréhension du message n’est accessible qu’à ceux qui ont connaissance des textes prophétiques et mosaïques et que celui-ci ne s’adresse pas d’abord aux croyants issus du paganisme.

On peut encore signaler quelques précisions concernant le caractère réaliste de cette litanie de cités asiatiques. Ainsi par exemple, Laodicée était réputée pour ses textiles et ses parfums et autres produits pharmaceutiques. C’est précisément là que le Seigneur invite à revêtir un vêtement blanc et recevoir un collyre pour les yeux. Mais chez toutes, on remarque l’invitation pressante à se détourner de l’idolâtrie païenne et à ne pas trahir la foi d’Israël.

2. la similitude de la composition du discours pour chacune d’elles :

Chaque lettre adressée aux 7 Eglises est construite sur un plan identique : une adresse : A l’ange de l’Eglise de … une présentation de la personne du Ressuscité reprenant un aspect de la vision un jugement de type évaluation spirituelle sur la vie de cette Eglise une invitation à la conversion et à supporter avec courage une épreuve un appel : Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Eglises… une promesse

A Ephèse, le Christ se présente comme celui qui se tient au milieu des 7 chandeliers et qui promet de manger de l’arbre de vie dans le Paradis de Dieu. Nous retrouverons précisément cet arbre de vie à la fin du Livre : Heureux ceux qui lavent leurs robes ; ils pourront disposer de l’arbre de Vie, et pénétrer dans la Cité, par les portes (22, 14).

A Smyrne, Il est comme celui qui était mort et est revenu à la vie, le Premier et le Dernier, qui promet la couronne de vie et la délivrance de la 2nde mort. On retrouve cette allusion également plus loin : Heureux et saint celui qui participe à la première résurrection ! La seconde mort n’a pas pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ avec qui ils régneront mille années (20, 6).

A Pergame, Il est semblable à celui qui tient une épée acérée à double tranchant dans la bouche et permet de manger de la manne cachée et donne un nom sur un caillou blanc. L’allusion est par défaut cette fois-ci : Et ils adoreront la Bête, tous les habitants de la terre dont le nom ne se trouve pas écrit, dès l’origine du monde, dans le livre de vie de l’Agneau égorgé (13, 8). En ce qui concerne le sens de ce petit caillou blanc, il désigne le moyen par lequel, dans l’antiquité, on exprimait son vote favorable. Ici, il exprime l’engagement favorable de Dieu à l’égard de celui qu’Il reconnaît comme son enfant.

A Thyatire, nous voyons celui qui a des yeux de flamme ardente et se tient debout sur ses pieds d’airain. Ayant pouvoir sur les nations, il donne l’Etoile du matin. Cette promesse s’accomplit également un peu plus loin : Moi, Jésus, j’ai envoyé mon Ange publier chez vous ces révélations concernant les Eglises. Je suis le rejeton de la race de David, l’Etoile radieuse du matin (22, 16).

A Sardes, il tient dans sa main les 7 étoiles et possède les 7 esprits. Il promet le vêtement blanc et un nom dans le Livre de vie comme on l’a déjà vu : Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ; debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la mai (7, 9).

A Philadelphie, Il est le Saint, le Vrai, Il tient la clef de David et promet d’être une colonne dans le Temple Nouveau de la Jérusalem du Ciel : Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu. Elle resplendit telle une pierre très précieuse, comme une pierre de jaspe cristallin (22, 10-11).

Enfin à Laodicée, Il se présente comme le Témoin fidèle et vrai, l’Amen, celui qui invite au repas et à siéger sur son Trône : le trône de Dieu et de l’Agneau sera dressé dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront ; ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts (22, 3-4).

3. le lien entre la présentation du Christ ressuscité et la promesse faite à chaque Eglise

Comme nous venons de le voir précisément, à Ephèse, les chandeliers ; à Smyrne, les titres messianiques (Premier – Dernier) ; à Pergame, le glaive dans la bouche ; à Thyatire, les yeux flamboyants et les pieds d’airain ; à Sardes, les étoiles dans la main ; à Philadelphie, les clefs de l’Hadès ; à Laodicée, un titre qui apparaît ailleurs que dans la vision du Ressuscité : le Témoin fidèle et vrai. Cela nous fait dire que c’est le Christ ressuscité qui visite ses Eglises et les conduit vers la vérité. Il les fait advenir à ce qu’elles sont au plus profond d’elles-mêmes. C’est une pédagogie d’enfantement, de révélation de ce qui est déposé par le Père en chaque homme et que le Christ a reçu mission de faire advenir à la réalité selon un chemin que Lui seul connaît, puisqu’Il est précisément ce chemin. Il est passé par la mort et est définitivement entré dans la Résurrection. Savoir que nous sommes sans cesse conduits par le Christ, le Bon Pasteur, quels que soient les aléas de l’existence, et que malgré nos infidélités, Il se trouve toujours prêt à nous reprendre, c’est une assurance si forte que nous ne devons jamais la perdre de vue.

Jésus est présent à chaque Eglise en particulier et en même temps à toutes les Eglises. Car elles ne sont effectivement Eglises que dans la mesure où elles vivent la communion entre elles. C’est en étant unies les unes aux autres qu’elle font apparaître la plénitude du visage du Christ et de son mystère. Une Eglise qui ne serait pas en communion avec les autres ne pourrait donner la plénitude à elle toute seule comme il manquerait quelque chose à toutes les autres. Une évocation du mystère eucharistique contenant la plénitude du Christ en chaque hostie nous rappelle que chaque Eglise possède aussi en elle-même la plénitude, mais comme l’eucharistie, elle ne vaut que si elle est reçue pour la charité car, dit saint Paul « celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il ne discerne le Corps » (1 Co. 11, 29). On pressent que l’auteur est attentif à donner à ces communautés issues du judaïsme un statut de reconnaissance alors que peut-être elle se sentent menacées dans leur identité.

4. la progression du discours au fur et à mesure de son énoncé à chaque Eglise et sa signification

Voyons donc comment saint Jean enracine cette identité dans une démarche biblique. Il nous montre que le Christ revit son mystère pascal dans chaque Eglise et invite celle-ci à le revivre avec Lui, à refaire le chemin de la foi. Chaque Eglise témoigne aussi que le Christ était déjà présent aux côtés de son Peuple, en figure, durant l’Histoire Sainte : « Car je ne veux pas que vous l’ignoriez, frères : nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont passé à travers la mer, tous ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel - ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher, c’était le Christ » (1 Co. 10, 1-4). Chaque Eglise nous réfère donc à un épisode de l’Histoire du Salut :

Ephèse : nous sommes dans le jardin de la Genèse, au paradis, avec l’arbre de vie ; Smyrne : l’emprisonnement de la seconde mort rappelle la captivité de l’Egypte ; Pergame : la manne rappelle explicitement les 40 ans de l’Exode dans le désert avec Moïse ; Thyatire : la citation du Psaume 2ème avec la filiation royale rappelle celle de David ; Sardes : la promesse de ne pas abandonner son Peuple dont le nom est gravé dans le Livre de vie rappelle les promesses faites par les prophètes au temps de l’Exil ; Philadelphie : La reconstruction du Temple évoque le retour de l’Exil ; Laodicée : l’union à Dieu réalisée par le Christ dans sa demeure éternelle est le temps de l’incarnation ;

En résumé : Qui est le Christ ? Quelle est sa mission ? Pourquoi sommes-nous ses disciples ? C’est bien l’objet de cette Révélation que d’y répondre !

La grande Liturgie de l’Agneau

Nous contemplons le Transpercé et sa puissance de Ressuscité : en lui qui a été crucifié, portant toutes les blessures et les détresses de l’humanité entière, les drames et les conflits de toutes sortes, s’accomplit l’œuvre du Salut avec puissance.

Le Ressuscité est à l’œuvre dans son Eglise aujourd’hui, et dans chaque communauté qui le reçoit dans la foi et dans la communion aux autres, comme Il l’avait fait autrefois pour Israël. Ainsi conduit-Il sûrement son projet initial malgré les doutes, les combats, les oppositions qui ne manqueront pas de surgir et au travers desquelles Il manifeste sa victoire inéluctable.

Approchons-nous maintenant du Mystère éternel de Dieu dans un acte d’adoration et voyons comment Il déploie son œuvre dans l’Histoire du monde et dans notre histoire personnelle. Entrons désormais dans la grande liturgie de l’Agneau qui se vit au ciel et sur la terre. Le Seigneur nous invite à sa joie en participant à cette action salvifique, sanctifiante et divinisatrice : la joie de Dieu est là d’avoir devant lui un enfant qui agrée à sa volonté d’amour.

à suivre


Samedi 27 Février 2010
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