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Saint Crispin de Viterbe : un saint qui mérite d’être connu ! fêté le 23 mai


 
 

Saint Crispin de Viterbe fut cordonnier, jardinier, infirmier…un saint du quotidien comme Saint Joseph, et aussi un thaumaturge, un serviteur fervent de Marie, un précurseur dans le domaine social…un saint qui mérite d’être connu !

Saint Crispin de Viterbe

Pietro Fioretti (en religion Crispin) est né le 13 novembre 1668, à Viterbe en Italie de parents ouvriers. Sa mère, veuve une première fois avait déjà une fille. Dès son plus jeune âge, elle inspira à son fils une grande dévotion à la Vierge Marie. Chaque fois qu’elle l’emmenait à l’église, ils s’arrêtaient devant l’autel de la Vierge, et elle lui disait « Voilà ta Mère et ta Souveraine. Honore-la toujours !" Sa mère, Marzia, l’emmenait souvent prier auprès de la Sainte de la ville, Sainte rose de Viterbe, dont le corps était conservé intact. L’enfant, semble-t-il, aimait déjà pratiquer des mortifications…que sa mère lui interdit sagement. Les soeurs du couvent de sainte rose de Viterbe avaient remarqué la piété de l’enfant et le surnommèrent " bon petit Pierre". Apparemment, l’enfant fut bien défendu de la flatterie par un prêtre réputé pour sa sainteté qui le taquina gentiment en insistant malicieusement sur le " bon". A sa salutation, " bonjour, bon petit Pierre", le petit Pierre répondit : " D’accord, vous vous moquez, mais peut-être qu’un jour Dieu rendra vrai ce que vous dites".

On raconte que lorsqu’il fit ses études chez les Jésuites, alors qu’il était à la sacristie, un petit voleur aussi pauvre que lui lui vola ses livres et cahiers, bien très précieux à l’époque. Pierre se plaignit à saint Antoine de padoue, à qui la même chose était arrivée : " pendant que je vous sers à la sacristie, on me vole à l’église !" Le petit voleur fut pris le soir de fortes douleurs, se repentit et rendit les livres… !

Tout enfant, il fut placé chez un oncle, cordonnier. Avec les quelques sous qu’il gagnait, Crispin allait acheter des fleurs pour les apporter à la Sainte Vierge. Il disait aux vendeurs de fleurs : " Voici une pièce, donnez-moi vos plus belles fleurs pour une trrès grande dame". L’oncle de Pierre était un homme bourru et bon. Il voyait que son neveu était chétif et malingre et imputa cela aux jeûnes et pénitences qui avaient repris. Il gronda un jour fortement la maman : " Toi, Marzia, tu sais élever les poules mais pas ton fils ! il faut le nourrir correctement" ! et l’oncle bourru, maugréant contre les diseuses de patenôtres, nourrit abondamment toute la famille, prenant ses repas avec eux pour vérifier que son neveu allait mieux. Pierre mangea…et ne grossit en rien. ayant obéit et "mortifié la mortification", il reprit ses jeûnes avec la bénédiction de l’oncle qui conclut qu’il " vaut mieux avoir à la maison un saint maigre qu’un gros garçon de mauvaise vie !"

A l’âge de 25 ans, voyant autour de lui des frères Capucins, il eut envie de les rejoindre, malgré sa faible santé. Il intégra donc le couvent où il exerça toutes les tâches ancillaires qu’on lui demandait : bêcher le jardin, quêter, faire la cuisine, soigner les malades, etc.. tâches dont il s’acquittait dans la joie et la bonne humeur constantes. Le frère infirmier disait de lui : « Frère Crispin n’est pas un novice, mais un ange. » Cette citation devenue célèbre s’enracine dans une charité héroïque dont Crispin fit preuve en soignant un frère malade d’une dangereuse maladie contagieuse pendant des mois. Pourtant, sa vocation fut fortement éprouvée avant d’être approuvée…

Une vocation éprouvée

Sa vocation capucine était née le jour, où ses pas avaient croisé ceux de novices capucins, processionnant pieds-nus dans sa ville natale pour demander de la pluie en temps de grande sécheresse. Touché par leur recueillement et leur austérité, il se décide enfin à concrétiser ses désirs de vie religieuse, et se rend au noviciat des frères capucins. Sa vocation va profiter d’un certain nombre d’épreuves pour se fortifier, notamment durant l’année du noviciat. D’aspect chétif, et de santé plutôt fragile, son maître des novices va le soumettre à un régime particulièrement rude, pour mesurer la solidité de sa démarche. Après l’avoir envoyé bêcher le jardin du matin au soir, sous la canicule et sans beaucoup de repos, il le nomme adjoint du frère quêteur. On verrait bien ainsi, si chargé de lourdes charges, il serait capable de parcourir de très longues distances sous la chaleur ou sous la pluie. Crispin triompha humblement de toutes ses épreuves, confondant ceux qui l’en jugeaient incapable. Mieux, sa gaieté, son esprit de prière et son austérité édifiaient même les autres novices ! C’est la lecture d’une vie de saint Félix de Cantalice, premier saint capucin et humble frère quêteur dans les rues de Rome, qui va décider Crispin à choisir la vocation de simple frère laïc.

Pourtant, il lui avait fallu passer par une ultime épreuve avant l’admission dans l’ordre de saint François : il se mit à s’imaginer qu’il avait fait tout cela pour entrer dans l’Ordre, et non pas pour le Christ. bientôt, ses frères le virent changer et devenir triste, tourmenté qu’il était par les doutes et les tentations dans l’épreuve du temps et le combat spirituel. Il eut la sagesse de réveler cela à son supérieur qui lui donna pour remède de mépriser les doutes inspirés du tentateur en les chassant à chaque fois par la phrase suivante : " Vilaine bête, ce n’est pas pour toi que j’ai commencé, et ce n’est pas pour toi non plus que je cesserais de glorifier mon Dieu !"

« l’humble quêteur, artisan de justice et de paix sociale »

Mendiant pour Dieu, tout en demandant le pain à ceux qu’il sollicitait, il leur parlait de Dieu et de la Vierge Marie pour laquelle il avait toujours une aussi profonde dévotion. D’ailleurs, quand on lui soumettait des cas douloureux ou difficiles, il répondait : « Laissez-moi parler un peu avec Madame ma Mère (mia Signora Madre), puis revenez me voir ». Il conversait avec des gens de toutes les classes sociales de l’époque, des paysans aux " sbirri" ( les policiers), en passant par les âmes consacrées et même le pape Clément XI qui aimait prendre conseil auprès de lui. Il disait : " si tu veux sauver ton âme, aime tout le monde, dis du bien de tout le monde, et fais du bien à tout le monde"

Au couvent d’Albano, le frère cuisinier jouit d’une popularité exceptionnelle. Tous venaient à lui, non seulement pour son dévouement, et la sagesse surnaturelle de ses conseils, mais aussi pour son charisme de guérison. Il avait d’ailleurs des méthodes plutôt curieuses et insolites, pour guérir ceux qui venaient à lui : il préparait quelques mixtures on ne peut plus naturelles, avec des châtaignes, des figues sèches et d’autres fruits. Ce qui est surprenant, c’est l’inexplicable efficacité de ces petites recettes : un célèbre docteur lui dira : « Vos mixtures sont plus efficaces que les nôtres ! Et pourtant nous sommes du métier ! » Le pape Clément XI lui-même le tenait en grande estime, et lui offrait des étourneaux pour la cuisine, et des cierges pour la Vierge Marie, recommandant à sa prière les intentions de l’Eglise. C’est pour le soustraire à cette popularité grandissante, que frère Crispin est envoyé en 1710 au couvent d’Orvieto. Il y reçoit alors la charge de frère quêteur.

Pendant 40 ans, frère Crispin va sillonner inlassablement les rues de la ville et de la campagne d’Orvieto, pour pourvoir aux nécessités de ses frères et des plus pauvres. En fait, à travers cet office de quêteur, le pauvre frère va déployer une activité sociale et apostolique de première envergure. Soucieux de promouvoir la paix et la justice sociale, nul n’échappera à son attention et à sa sollicitude : les prisonniers et les malades, les prostituées et les filles-mères, les enfants abandonnés et les familles pauvres, les travailleurs exploités et les patrons injustes, les pécheurs publics comme les pécheurs cachés… Auprès de tous, il offrait le témoignage d’une charité inventive et sans repos. Il consolait ceux que la vie accable, réconfortait les malades, exhortait les pécheurs, nourrissait les affamés. « l’oeuvre qu’il a réalisée, sur le plan de l’assistance pour la paix, la justice et la vraie prospérité a quelque chose d’à peine croyable. Nul n’échappe à son attention, à son bon coeur ; il va au devant de tous, puisant aux plus perspicaces ressources ainsi qu’à des interventions qui présentent un côté extraordinaire », dira de lui le pape Jean-Paul II. Dans les années de disette, il sut également se montrer ingénieux pour organiser à plus grande échelle le soulagement des plus nécessiteux. Munis de billets de recommandations reçu du saint, ils pouvaient se rendre chez quelques riches personnes, chez qui le saint avait fait entreposer de grandes quantités de blé. Frère Crispin mendiait et recevait des aumônes de tous côtés : évêques, gouverneurs, et même le Père Général des Jésuites. Sa renommé de thaumaturge avait commencé au cours d’une épidémie de peste ravageant la contrée. Une veuve, bienfaitrice du couvent, lui avait demandé de faire un signe de croix sur elle avec son chapelet. Crispin dut obéir, car…le supérieur tenait sûrement à conserver une bienfaitrice ! à partir de ce moment, les guérisons se multiplièrent, assorties de conversions, comme celle de ce riche pécheur très connu de Viterbe, courreur de jupons et exploiteur des pauvres gens, qui s’entendit dire que " celui qui veut une grâce de la Mère doit honorer le Fils" et qui se repentit, et fut aussitôt guéri. L’histoire rapporte qu’il vécut ensuite en bon chrétien.

La tentation du découragement

La peste sévissant toujours, Crispin fut repris par le désir de mortifications excessives. Il demanda avec une insistance trop forte la permission de son supérieur qui céda pour l’usage d’un instrument de pénitence plus proche d’un instrument de torture que le futur saint s’était confectionné lui-même. Un vendredi, Crispin s’appliqua donc cette " discipline"…et se fit de telles plaies qu’il fallut des mois pour le soigner, et il dut reconnaître que le Seigneur n’avait pas béni cette fois sa mortification. Le supérieur, lui aussi fort marri de cette erreur, exigea la destruction de l’intrument en question, ce que Crispin accepta : " si, si Padre, oui, oui, mon père, celle-là dépasse un peu trop les limites…" Notre époque, qui ne comprend plus ces sortes de mortifications, comprend cependant qu’on ait voulu ressembler au Christ flagellé pour nos péchés jusqu’à le reproduire physiquement. A chaque époque ses critères de sainteté. Néanmoins, l’équilibre et l’obéissance furent toujours les critères de discernement…auquel n’échappa pas Crispin. Aujourd’hui, la reflexion est relancée avec la question de la flagellation présumée ( mais non prouvée) de Jean-Paul II. Lequel eut bien d’autres moyens de mortifications physiques, en particulier les séquelles de l’attentat de 1981. Interressant cependant que Saint Crispin soit le premier qu’il canonisa ! Une autre fois, devenu infirmier, frère Crispin fut prêt de céder au décourgement, s’imaginant que cet emploi l’emêpêchait d’avancer en sainteté. Il tomba gravement malade au point de cracher le sang, soutenant une lutte intérieure très forte, et une fois de plus, ce fut l’obéissance qui le sortit de ce piège.

Dans l’adversité, Crispin reprenait courage en se répétant : " Si grand est le bien qui m’attend que toute peine m’est une joie", et il retrouvait la sérénité à la pensée que " quand l’homme a fait tout ce qu’il est possible de sa part, pour le reste il n’a plus qu’à se jeter dans l’océan de la Miséricorde" ;

Tombé gravement malade à nouveau, mais sans crise intérieure cette fois, durant l’hiver 1747, il quitta le couvent d’Orvieto pour Rome. Quand deux ans plus tard l’infirmier l’avertit que la mort était proche, il déclara qu’il ne mourrait pas le 18 mai, " pour ne pas troubler la fête de San Felice". Saint Félice de Cantalice, autre frère capucin lai, canonisé en 1712 et compagnon de st Philippe Neri, était le saint que Crispin avait choisi pour modèle. Il mourut effectivement le lendemain 19 mai 1750, laissant à tous ses contemporains le souvenir d’un saint homme joyeux, partageant sa bonne humeur et témoignant de sa foi sans limite devant ses frères tout en accomplissant les plus humbles besognes. En ce siècle des lumières, époque troublée plotiquement pat l’absolutisme de l’état et par le jansénisme, il illustre l’évangile : " Père, je te bénis d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux touts-petits".

Ses reliques sont exposées à la vénération des fidèles dans une chapelle de l’Eglise de l’Immaculée Conception, via Vittorio Veneto à Rome. Pour l’anecdote, en juillet 2003, la bure de saint Crispin , conservée dans la chapelle,a été dérobée. Descendus à l’église pour prier, les frères capucins s’aperçurent que quelqu’un avait forcé le petit reliquaire dans lequelle, depuis 1750, était conservée la robe de bure de Saint Crispin et avait emporté cette relique. La plainte pour vol, aussitôt déposée auprès de l’autorité compétente, n’a jusqu’à présent donné aucun résultat. Dans la petite cellule, où le saint de Viterbe séjourna les deux dernières années de sa vie, sont conservés d’autres objets lui ayant appartenu, dont une lettre autographe. Son corps, réclamé en 1983 par sa ville natale, reste dans un état de conservation remarquable et peut être vénéré dans la chapelle des Capucins de Viterbe.

Anecdotes sur sa vie :

Dans tous les couvents où on l’envoyait, Crispin dressait à son usage un petit autel à Marie. Un jour qu’il y avait placé deux belles fleurs, elles furent volées par deux malandrins. Le lendemain, un religieux lui donna deux cierges ; Crispin les alluma et sortit pour aller cueillir des légumes dans le jardin ; le religieux qui les lui avait donnés les enleva, et se cacha pour voir comment Crispin allait réagir. A son retour, Crispin, ne voyant plus les cierges, se plaignit à Marie : « Comment ! Hier les fleurs et aujourd’hui les cierges ! Ô ma Mère, Vous êtes trop bonne ; bientôt on Vous prendra Votre Fils dans les bras et Vous n’oserez rien dire ! ». Ce qui est moins connu, c’est que les fleurs en question avaient la réputation de guérir les malades…et que Crispin ammenait souvent des visiteurs devant son petit autel pour orienter tout vers Marie, et ses visiteurs s’en trouvaient bien sur tous les plans.

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Quand on le plaignait de son excès de travail, il disait en riant le mot de saint Philippe Néri : « Le Paradis n’est point fait pour les lâches ! ». Un jour, une maladie contagieuse se répandit dans son couvent. Son supérieur lui demanda : « Voulez-vous risquer votre vie et aller soigner vos frères ? » Crispin lui répondit : « Voulez-vous ? J’ai laissé ma volonté à Viterbe, en entrant chez les Capucins ». Il alla soigner tous ses frères et ne fut pas atteint lui-même par l’épidémie.

Le frère Marc avait conçu contre le frère Antoine une haine implacable et iraisonnée à la suite de disparition de fruits et légumes. Sur ces entrefaites, il fut affligé d’une surdité presque totale et d’une fluxion de poitrine qui menaçait de l’étouffer par moment. Ami de crispin, il lui demanda son intercession…Le frère Crispin le tira à part pour lui dire à haute et intelligible voix : " Je sais ce que vous voulez me demander. Je sais aussi que vous portez de la haine au frère Antoine qui pourtant est innocent de ce dont vous l’accusez. Renoncez à ce péché et je prierai la Vierge pour que vous soyiez délivré." Et le frère Marc, stupéfait, car il n’avait jamais parlé de ce ressentiment à quiconque, fut guéri. Il se réconcilia avec le frère Antoine dans la foulée… !

Il aimait beaucoup aller quêter pour sa communauté et s’appelait lui-même l’âne des Capucins. Si, pour l’éprouver, on l’insultait, il s’écriait : « Dieu soit loué ! On me traite ici comme je le mérite »

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Béatification - Canonisation

Crispin de Viterbe a été béatifié le 7 septembre 1806 à Rome par le Pape Pie VII

Il a été canonisé le 20 juin 1982 par le Pape Jean-Paul II. Il fut le premier saint canonisé par Jean-Paul II.

fête : Le 23 mai, le même jour que Jeanne-Antide Thouret.

Bibliographie

P. Pie de Langogne, Le Saint joyeux ou la vie du Bienheureux Crispin de Viterbe,d’après l’ouvrage du R.P. Ildefonse de Bard Éditions Charles Poussielgue - 1901 lien vers ce livre sur internet

Sources Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année - Tours - Mame- 1950.

Prière, tirée du sermon de canonisation par Jean-Paul II.

O, Saint Crispin, éloigne de nous la tentation des choses caduques et superficielles, enseigne-nous la vraie valeur de notre pelerinage terrestre, affermit en nous le courage nécessaire pour accomplir pour accomplir parmi la joie et la souffrance, la fatigue et l’espérance, la volonté du Très-Haut. Intercède pour l’Eglise et pour toute l’humanité en recherche d’amour, de justice et de paix.

Lien vers le texte du sermon de canonisation en italien
 
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Mardi 21 Mai 2013
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