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Luigi, l'ange des infirmes.



Un bienheureux laïc pour la Semaine Sainte....mais pas uniquement! Luigi Rocchi ( 1932-1979), déclaré vénérable par le pape François en Avril 2014

Source Moscati.it
Pour devenir saint, il faut d'abord un décret sur l'héroïcité des vertus, ce qui vient d'être fait pour Luigi Rocchi, lequel est donc vénérable. Si un miracle vérifié lui est attribué, un nouveau décret reconnaissant ce miracle ouvrira la voie à la béatification. Un deuxième miracle est nécessaire pour la canonisation. Luigi Rocchi, laïc, donne un message d'amour et de courage extrêmement simple, une évangélisation avec une baguette pour taper sur une machine à écrire, des lettres et la simplicité héroïque de sa vie.


Peut-on être joyeux, faire transparaître de son propre visage ou de ses yeux la joie en ayant un corps paralysé et comme compagne de toute la vie la souffrance physique? La réponse à cette question nous est donnée par le serviteur de Dieu Luigi Rocchi, appelé tendrement Luigino.
 

Il naquit à Rome le 19 février 1932, fils de Lorenzo et de Maria Pascucci, des ouvriers qui avaient quitté Tolentino pour des raisons de travail. Ils y retournèrent en 1934.

Tout au début Luigino se portait fort bien, mais petit à petit sa mère remarqua qu’il avait des difficultés déambulatoires. A la suite de contrôles bien soignés, voilà la mauvaise nouvelle : il avait été atteint par lamyopathie de Duchenne(une forme de dystrophie musculaire progressive). Il demeura alité pour 28 ans comme un crucifié vivant.
 

Tout au début il traversa une véritable nuit de l’esprit, une période tragique pendant laquelle il n’arrivait pas à accepter sa condition, même si ses parents étaient toujours à côté de lui. On sait que leurs conditions économiques n’étaient pas des meilleures mais ils firent maintes sacrifices dans la vaine recherche de thérapies pharmacologiques efficaces qui puissent sauver leur enfant. Sa maman priait inlassablement Dieu pour lui demander de l’aider et répétait toujours à son fils: "Luigino, Jésus t’aime!", ce fut seulement plus tard qu’il comprit ces mots.

 

A l’âge de 25 ans au cours d’une nuit entière passée avec des souffrances atroces, il décida de voir la fin de ses ennuis: il se mit tout entier entre les mains de Notre Seigneur, et ce fut juste à ce moment-là qu’il se rendit compte que le Seigneur lui avait confié une "mission", il devait être, d’après ses propres mots "un homme pour les autres, l’ange des infirmes, l’ami des déshérités"; plus particulièrement il devait consoler "les crucifiés vivants" comme lui et plus que lui.

 

Il commença son apostolat en utilisant une machine à taper électrique, il tapait les lettres avec une baguette liée au front. Ce qui lui permettait d’envoyer même vingt lettres par jour. C’est ainsi qu’il se fit connaître en Italie et à l’étranger.

Son vif désir d’être utile à son prochain et de lui communiquer la joie qu’on éprouve quand on sent l’amour de Dieu en soi, le poussa à se servir de cet ingénieux moyen de communication pour atteindre son but. "Quand il y a un pourquoi, on accepte tous les comment! – disait-il –je veux être comme Jésus: Il n’aimait pas la Croix, il pria pour l’éviter, mais comme Jésus, moi aussi je veux aimer "au prix de la croix!"

Enormément de gens ont reçu un grand réconfort grâce à ses paroles d’encouragement, d’espoir et surtout de Foi, la Foi en ce Dieu qu’il sentait si près de lui, dont il percevait l’amour et savait fort bien qu’il le rencontrerait à la fin de son pèlerinage terrestre.
 

"La souffrance m’a fait comprendre qu’il est si doux d’être aimés, mais être capables d’aimer et aimer signifie avoir la capacité de rester vivants et non pas d’ "apparaître" vivants. La véritable souffrance, celle qui m’épouvante effroyablement, c’est de ne plus être capables d’aimer".".
 

Grand exemple de comment la souffrance, si on l’offre à Dieu, devient précieuse non seulement dans le rapport entre l’être et son Créateur, mais aussi dans les relations de la personne humaine envers son prochain le plus proche ou le plus éloigné.On peut encore remarquer sa joie de vivre de son sens de l’ironie et de l’autodérision, il suffit de lire la prière du soir qu’il récitait en compagnie de sa mère, où, en plaisantant avec Notre Seigneur, il disait: "Je t’adore mon Dieu, Je t’aime de tout mon cœur, je te remercie de m’avoir créé… Même si tu m’as assez mal tiré du ventre de ma mère, ça peut quand même aller!"

 


" Je vous embrasse et je vous aime tous"

A cet égard on ne peut se passer de citer une phrase de Luigino: quand on est une bougie qui fond et se consume, on peut choisir de la faire brûler dans une cave ou sur un autel", dans l’Evangile on lit : Apporte-t-on une lampe pour la mettre sous le boisseau ou sous le lit? N’est-ce pas pour la mettre sur le chandelier?" (Mc 4, 21-22).
 

Il semble tout à fait inimaginable qu’une personne qui ne peut bouger et qui, par-dessus-le-marché est enfermée entre quatre murs…éprouve cette joie de vivre exceptionnelle… mais notre âme dépasse les espaces finis; Luigino savourait déjà les joies de la Vie Eternelle, il se voyait déjà galoper dans les prés très étendus en présence de l’Altissime.
 

Voilà ce qu’il a dit à cet égard: "La porte du Paradis est étroite et je suis gros… alors, le bon Dieu, qui ne veut pas me laisser dehors, me "démonte" sur terre pour ne pas me "remonter" au ciel. Oui, c’est comme cela que ça doit aller et j’en suis content. Je m’enfiche du kyste, des abcès et des fistules qui me tourmentent, ce qui m’intéresse, c’est d’avoir une place au Paradis, même derrière la porte d’entrée: il suffit d’être à l’intérieur, n’est-ce pas?" (tiré d’une lettre écrite à Mons. Tonini, le 25 avril 1970)
 

Il trouva le moyen de s’engager dans l’UNITALSI, Centre des volontaires de la Souffrance et, poussé par une extraordinaire dévotion mariale, il se rendit plusieurs fois en pèlerinage à Lourdes et à Loreto qui n’était pas très loin de Tolentino.

Mons. Tonini lors de son témoignage au procès pour la cause de béatification de Luigi Rocchi s’exprima ainsi:
 

Je l’ai connu très bien, il m’a charmé. Quand j’avais le cafard et que j’allais voir Luigino je le quittais apaisé et encouragé. Il sentait le don de pouvoir jouir de Dieu. Il avait découvert le privilège d’être fils de Dieu: il sentait sur lui la confiance du père. Je n’ai vu nul homme plus heureux que lui. Il transmettait sa joie de vivre en écrivant des lettres à maintes personnes qui en restaient surprises et encouragées. Je peux dire que Luigino était une des âmes les plus belles, les plus pures, les plus sures qu’il m’est arrivé de rencontrer au cours de ma vie: j’y ai vu à l’intérieur toutes les marques d’une conscience possédée par Dieu".
 

Un témoignage digne de foi concernant son dernier mois de vie sur cette terre nous vient de l’infirmière qui le soigna pendant toute cette terrible période: "je communiquais avec Louis grâce à un alphabet [...]. chose exceptionnelle, dans le dossier j’ai retrouvé les feuilles du bloc d’ordonnance de l’hôpital où nous transcrivions les messages qu’il nous passait avec l’alphabet. D’habitude on déchirait et jetait ces feuilles à la poubelle; ce ne fut pas ainsi pour Louis : on les garda[...].

Dans ses derniers jours il était plein d’exanthèmes … c’est que ses reins ne marchaient plus; il avait bien compris que c’étaient ses derniers jours sur cette terre, il a tout accepté. Ses yeux semblaient dire: " Tant pis ! Ma fin est proche! Il a toujours été tranquille, s’il était un peu énervé, c’était à cause de ses fortes douleurs. Je ne l’ai jamais vu accablé, ni au début ni à la fin, pour la mort si proche; jamais il n’a montré avoir peur [...]. Le cas de Luigi Rocchi est l’un de ceux dont on se souviendra toujours parce que, sans aucun doute, c’est un fait hors de l’ordinaire".
 

Avant de rendre son âme au Seigneur, le 26 Mars 1979, à l'âge de quarante-sept ans, il réussit – même si la trachéotomie ne lui permettait presque pas de parler – à transmettre son dernier message: "Je vous embrasse tous et vous aime tous".

Son corps a été transféré du cimetière municipal de la Concathédrale de Saint Caterbo àTolentino, lieu visité par de nombreuses personnes et groupes qui s’y rendent pour prier pour lui.

La biographie, écrite 25 ans après sa mort par Don Rino Ramaccioni, s’achève avec la citation des paroles de Louis: "Si le Bon Dieu m'appelle dans sa sainte présence au printemps (dans un beau printemps de l’an deux mille, bien sûr), je vais lui dire:" Mon Dieu, écoutez-moi s’il vous plaît, j’aimerais pouvoir courir dans les prés, est-ce possible? Il sourira et je me précipiterai sur cette mer d'herbe! Ceux qui me verront diront: Regardez cela ! Ce tourbillon de vent est vraiment bizarre!. Et ce sera moi. Je me faufilerais entre les branches des arbres, pour la joie d'entendre le bruissement des feuilles sur moi. Le bon Dieu sourira de nouveau et dira: je ne savais pas que je l’avais fait si fou!"
 

Immédiatement après sa mort de nombreuses personnes demandèrent à la mère de Louis un petit souvenir de son fils: c’est pourquoi on découpa en petits morceaux la baguette dont il se servait pour écrire. Ces petits morceaux se sont transformés en un cadeau précieux pour les gens qui les ont reçus et soigneusement gardés comme une relique.

Le procès diocésain de béatification s’est achevé le 22 avril 1995, toute la documentation a été envoyée au Saint-Siège, à la Congrégation pour les Causes des Saints, pour la phase successive du processus de canonisation.


Vendredi 4 Avril 2014
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