Le coeur d'un stratège de la charité ( Homélie de Jean-Paul II pour la Béatification)
2. "Ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus Christ" (Ac 15, 26). Ces paroles des Actes des Apôtres peuvent tout à fait s'appliquer à saint Luigi Orione, homme entièrement voué à la cause du Christ et de son Royaume. Des souffrances physiques et morales, des épreuves, des difficultés, des incompréhensions et des obstacles en tous genres ont marqué son ministère apostolique. "On aime et on sert le Christ, l'Eglise, les âmes - disait-il - si l'on est en croix et crucifié ou bien on ne les aime pas et on ne les sert pas du tout" (Ecrits, 68, 81).
Le coeur de ce stratège de la charité fut "sans frontières, car il était dilaté par la charité du Christ" (ibid., 102, 32). La passion pour le Christ fut l'âme de sa vie audacieuse, l'impulsion intérieure d'un altruisme sans réserve, la source toujours fraîche d'une inébranlable espérance.
Cet humble fils d'un paveur proclame que "seule la charité sauvera le monde" (ibid, 62, 13) et il répète à tous que "la joie parfaite ne peut se trouver que dans le parfait dévouement de soi- même à Dieu et aux hommes, à tous les hommes" (ibid.).
Un charisme au service du Pape : unir au pape pour tout instaurer dans le Christ.
" Accomplir la volonté de Dieu dans la volonté du bienheureux Pierre, le souverain Pontife." " s'engager par toutes les oeuvres de Miséricorde, à répandre et faire croître dans le peuple chrétien- et spécialement dans l'évangélisation des pauvres, des petits, des affligés de toutes sortes de maux et de peines- à répandre le doux amour du Vicaire sur terre de Notre Seigneur Jésus Christ qu'est le Pontife romain, successeur du bienheureux apôtre Pierre, avec le but de renforcer dans l'Eglise entière l'unité des fils avec le Père, à l'extérieur de réparer l'unité rompue avec le Père."
Il voulut pour ses fils un quatrième voeu de " fidélité spéciale au Pape" et déclara souvent : " Ce but, unir au Pape pour tout instaurer dans le Christ, voilà vraiment quelle est notre vocation;"
Fondateur d'une famille spirituelle complète.
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Précurseur des laïcs consacrés en Institut Séculier.
L'histoire et l'identité de l'Institut séculier orionino trouve ses racines dans la volonté et l'initiative de Don orione lui-même. En écrivant les premières Constitutions en 1904 de sa Congrégation de la Divine providence, il avait ouvert la porte aux laïcs " qui désireraient de tout leur coeur suivre la voie de la perfection et seraient disposés à faire des voeux, si cela leur était donné". On peut voir en cela un précurseur d'un état de vie consacré qui n'était pas encore vérifié ni admis par le droit canon mais progressait au travers d'expérimentations et de rectifications sous la sage direction de l'Eglise. A cette époque la consécration laïque dans les Instituts séculiers n'existait pas encore, elle fut approuvée seulement en 1947 par la déclaration " Provida Mater Ecclesia". L'intuition du fondateur mûrit jusqu'en 1959, date à laquelle cette branche de l'oeuvre vint soutenir les autres branches de son apport spécifique, dans la même famille spirituelle. L'institut séculier est formé de laïcs consacrés par des voeux, qui vivent dans leur propre milieu habituel ( séculier). Ils ne quittent pas leur maison propre et le milieu de travail, bien au contraire ils s'y intègrent complètement : c'est là leur milieu de consécration et de mission. Etre présents au monde comme le levain dans la pâte. Ils n'ont pas d'institution publique, de communauté ou de signes visibles. Ils vivent le charisme de leur famille spirituelle, ici la Famille Orionini, et se retrouvent pour des temps de formation, de retraite, de soutien communautaire pour un temps donné, puis retournent dans leur vie quotidienne. On peut dire que cette forme de laïcat consacré par des voeux dans le monde est la seule pleinement reconnue par le droit canon. Elle demande 5 ans de formation ecclésiale et de probation avant les voeux, quel que soit l'institut séculier et s'adresse à ceux qui, hommes ou femmes, désirent vivre une consécration dans le monde par le célibat consacré avec le soutien d'une famille spirituelle. Il s'agit d'une forme de vie consacrée différente de celle de la vie consacrée religieuse. Les fondements sont les mêmes ( voeux), mais la forme de vie diffère pour l'accomplissement d'une même mission, celle de l'Eglise. ( voir lien sur le site de la congrégation en italien pour plus de détails sur les deux formes de vie consacrée).La vie religieuse propose une forme de consécration visible, l'Institut séculier propose une forme de vie consacrée enfouie dans le monde comme la pâte dans le levain. La physionomie et la forme de vie de 'Institut séculier Orionini sont décrites dans la règle de vie "Regola di vita". Le 13.05.1997, l'évêque de Tortona, Mgr Canessa publia le décret de reconnaissance canonique. | | |
Résumé de sa vie ( source, site du Vatican)
Le 16 octobre 1889, il entre au séminaire de Tortona. Encore jeune séminariste, il se dévoue aux autres, vivant la solidarité envers le prochain dans la Société de secours mutuel de San Marziano et la Conférence saint Vincent. Il ouvre à Tortona le premier patronage pour s'occuper de l'éducation chrétienne des garçons, le 3 juillet 1892. L'année suivante, le 15 octobre 1893, Luigi Orione, séminariste de 21 ans, ouvre dans le quartier San Bernardino un collège destiné aux garçons pauvres.
Le 13 avril 1895, Luigi Orione est ordonné prêtre. En même temps, l'évêque remet l'habit clérical à six élèves du collège qu'il a fondé. Très rapidement, Don Orione ouvre de nouvelles maisons a Mornico Losana (Pavie), à Noto en Sicile, à San Remo, à Rome.
Autour du jeune fondateur s'accroît le nombre de clercs et de prêtres qui formeront le noyau de la Piccola Opera della Divina Provvidenza (la Petite œuvre de la Divine Providence). En 1899, il lance la branche des Ermites de la Divine Providence. L'évêque de Tortona, Mgr Igino Bandi, par décret du 21 mars 1903, reconnût canoniquement les Fils de la Divine Providence (prêtres, frères coadjuteurs et ermites), congrégation religieuse masculine de la Petite œuvre de la Divine Providence, consacrée à « collaborer pour porter les petits, les pauvres et le peuple à l'Église et au Pape, par les œuvres de charité », émettant un 4ème vœu de «fidélité au Pape». Dans les premières Constitutions de 1904, parmi les buts de la nouvelle Congrégation, ressort celui de travailler à «obtenir l'union des Églises séparées».
Animé d'une grande passion pour l'Église et pour le salut des âmes, il s'intéressa activement aux grands problèmes de son temps, comme la liberté et l'unité de l'Église, la question romaine, le modernisme, le socialisme, l'évangélisations des masses ouvrières. D'une manière héroïque, il vint au secours des populations sinistrées des tremblements de terre de Reggio et de Messine (1908) et de la Marsica (1915). Par la volonté de Pie X, il fut vicaire général du diocèse de Messine pendant trois ans.
Vingt ans après la fondation des Fils de la Divine Providence, comme sur un «plant unique avec de nombreuses branches», il fonda le 29 juin 1915 la Congrégation des Petites Sœurs missionnaires de la Charité, animées du même charisme de fondation. Il leur joignit les Surs adoratrices Sacramentines (pour accueillir des non voyantes), auxquelles se rajoutèrent par la suite les Contemplatives de Jésus crucifié.
Il organisa les laïcs dans les associations des «Dames de la Divine Providence», des «Anciens élèves» et des «Amis». Ensuite, prendra forme l'Institut séculier Don Orione et le Mouvement laïc Don Orione.
Après la première guerre mondiale (1914-1918), se multiplieront écoles, collèges, colonies agricoles, œuvres caritatives et œuvres d'assistance. Parmi les œuvres les plus caractéristiques, il créa celles des «Petits Cottolengo» ( du nom de Don Joseph Cottolengo, 1786-1842, prêtre italien, canonisé en 1934) pour les plus souffrants et les personnes abandonnées, institutions construites à la périphérie des grandes villes en tant que «nouvelles chaires» d'où parler du Christ et de l'Église, «phares de la foi et de la civilisation».
Le zèle missionnaire de Don Orion, qui s'était déjà manifesté par l'envoi de ses premiers religieux au Brésil en 1913, s'étendit ensuite à l'Argentine et à l'Uruguay (1921), à la Palestine (1921), la Pologne (1923), Rhodes (1925), les États-Unis (1934), l'Angleterre (1935), l'Albanie (1936). Lui-même, en 1921-1922 et en 1934-1937, effectua deux voyages missionnaires en Amérique latine, en Argentine, Brésil, Uruguay, poussant jusqu'au Chili.
Il jouissait de l'estime personnelle des Papes et des autorités du Saint-Siège qui lui confièrent de nombreuses missions délicates pour résoudre des problèmes et guérir des blessures aussi bien à l'intérieur de l'Église que dans les rapports avec le monde civil. Il fut prédicateur, confesseur et organisateur infatigable de pèlerinages, de missions, processions, crèches vivantes et autres manifestations populaires de la foi. Plein de dévotion pour la Vierge Marie, il en encouragea le culte par tous les moyens, et, grâce au travail manuel de ses séminaristes, éleva les sanctuaires de Notre-Dame de la Garde à Tortona et de Notre-Dame de Caravaggio à Fumo.
Au cours de l'hiver 1940, pour essayer de soulager les problèmes de cœur et de poumons dont il souffrait, il se rendit à la maison de San Remo même si, comme il disait, «ce n'est pas entre les palmiers que je veux vivre et mourir, mais entre les pauvres qui sont Jésus-Christ». Après seulement trois jours, entouré de l'affection de ses confrères, Don Orione mourût le 12 mars 1940, en soupirant «Jésus! Jésus! Je viens vers toi».
Son corps, retrouvé intact lors de la première exhumation en 1965, a été mis en honneur dans le sanctuaire de Notre-Dame de la Garde de Tortona après que le Pape Jean-Paul II, le 26 octobre 1980, ait inscrit Don Luigi Orione au livre des Bienheureux.
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