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Le sens de la sexualité et le préservatif, texte d’un théologien moraliste


 

 

Nous publions, avec l’aimable autorisation de l’auteur, Laurent Sentis, une note de théologie morale sur le sens du mariage, le préservatif, son utilisation dans le mariage et hors-mariage, la position de l’Eglise et les paroles de Benoît XVI.

voir également Le Pape et le sida, sécurité du préservatif, réponse de quelques scientifiques.

Note rédigée par Laurent Sentis, théologien moraliste, séminaire la Castille.

A propos du préservatif

A Le sens de la sexualité

1°) Un acte sexuel est vraiment bon quand il est accompli librement, dans le cadre du mariage, entre un homme et une femme qui s’aiment et expriment cet amour par cet acte et acceptent l’éventualité de la fécondité de cet acte.

2°) Si les époux sont en état de grâce, cet acte peut être offert à Dieu et permettre une croissance dans la charité.

3°) Mais même si les époux ne sont pas en état de grâce, il faut affirmer que cet acte est bon et conforme à la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme.

4°) L’Eglise catholique a le devoir de rappeler ces principes non seulement à ses fidèles mais à tous les hommes, car ces principes donnent le sens de la sexualité et c’est un grand bien que de connaître le sens de cette sexualité qui marque si profondément chacun de nous.

B Le préservatif dans le mariage

1°) Parce qu’il exprime la volonté humaine de rompre le lien indissoluble entre l’union et la procréation l’usage du préservatif ne peut jamais être considéré comme un bien. (Humanae Vitae §12)

2°) Pour évaluer la gravité morale d’un tel usage il convient de tenir compte des circonstances. (C.E.C. 1754). On remarquera que si, depuis Humanae Vitae (Juin 1968), le magistère a toujours affirmé le caractère intrinsèquement déshonnête de la contraception, il fait preuve d’une certaine discrétion en ce qui concerne la question de la gravité. Ne pourrait-on pas reprendre la formule des évêques de France en la modifiant légèrement : « la contraception est un désordre mais ce désordre n’est pas toujours gravement coupable » ?

3°) En particulier lorsqu’un des époux est séropositif, et que d’un commun accord les époux s’accordent des relations protégées par un préservatif, le risque de contagion est une circonstance dont le moraliste doit tenir compte pour une juste évaluation de l’acte.

C Le préservatif hors mariage

1°) Les activités sexuelles hors mariages sont toujours fautives. Ce n’est pas l’usage du préservatif qui les rend immorales. Elles sont immorales en tant que telles. On peut même penser que le préservatif n’est pas une circonstance aggravante.

2°) Lorsqu’un des partenaires est séropositif, les médecins affirment que le préservatif diminue le risque de contagion. L’Eglise doit-elle user de son autorité morale pour exhorter ceux qui ont une activité sexuelle désordonnée à faire usage d’un préservatif ? Puisqu’il s’agit d’une question d’hygiène, l’autorité médicale n’est-elle pas suffisante ? Une parole officielle de l’Eglise n’ajouterait rien et risquerait de faire croire que l’usage du préservatif rend légitime un acte à propos duquel il faut maintenir que, avec ou sans préservatif, il est moralement désordonné.

3°) Les agents pastoraux pourront évoquer ce problème avec les personnes qui leur demandent un conseil en précisant :

a) que le préservatif ne rend aucunement légitime un comportement qui comme tel est désordonné,

b) que le préservatif n’apporte pas une sécurité absolue,

c) que le refus de prendre des précautions peut devenir une circonstance aggravante.

D La politique de santé publique

1°) L’Eglise énonce des principes généraux, mais n’a pas de compétence particulière pour déterminer la mise en œuvre de ces principes. Elle reconnaît une légitime autonomie des gouvernements pour la mise en œuvre des principes. Elle doit toutefois protester quand un gouvernement prescrit un acte directement contraire à la loi naturelle.

2°) Il ne semble pas contraire à la loi naturelle de signaler que le préservatif diminue les risques de contagion.

3°) En revanche il semble contraire à la loi naturelle d’affirmer que l’usage du préservatif rend légitime une activité sexuelle hors mariage.

4°) Une intervention de l’Eglise semble donc souhaitable pour demander que les campagnes d’information sur le S.I.D.A. tiennent compte de cette remarque.

E Pour une juste interprétation de la parole de Benoît XVI

1°) Il convient de replacer cette parole dans son contexte. Le pape répondait à une question à l’action menée dans les pays africains en ce qui concerne l’épidémie du S.I.D.A. Il ne s’oppose pas à une juste information concernant le préservatif. Il souligne que si on se limite à la diffusion du préservatif sans inviter à une plus grande rigueur morale on ne parviendra pas à lutter efficacement contre l’épidémie. C’est une parole de sagesse. Il est certain que, si la sécurité apportée par le préservatif suscite un plus grand vagabondage sexuel, on peut prévoir, compte tenu des inévitables imprudences, un développement de la contagion

2°) A cette lumière on peut se demander si les protestations élevées contre la parole du Pape, sont de bonne foi. Ne sont elles pas plutôt l’expression d’une mauvaise conscience des autorités en ce qui concerne leur politique de santé publique ? Il est en effet évident que les campagnes menées en France sur la prévention du S.I.D.A font preuve d’une complaisance indécente vis-à-vis de comportements sexuels désordonnés.

Laurent Sentis


Samedi 27 Février 2010
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