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L’Annonciation, homélie de Mgr Brincard


 
 

La Vierge de l’Annonciation, Patronne de la ville du Puy et du diocèse

Cette solennité de l’Annonciation a commencé par une très belle procession qui nous a conduits de la chapelle de saint Gabriel, nous comprenons pourquoi elle a commencé en ce jour en cette chapelle, jusqu’ici en passant par des lieux d’une grande beauté, une beauté qui nous invitait à la prière. Une prière enrichie par une très belle méditation de Benoît XVI sur le mystère de ce jour. Nous nous sommes souvenus au cours de cette procession comme il faut nous en souvenir au cours de cette célébration eucharistique que la Vierge de l’Annonciation est titulaire de l’église-cathédrale et patronne de la ville et du diocèse du Puy, je dis bien patronne de la ville et du diocèse. C’est dire qu’il y a un lien profond entre le mystère que nous célébrons ce soir et la vie chrétienne de notre diocèse. Titulaire de l’église-cathédrale, cela signifie qu’il ya aussi un lien très particulier entre la Vierge de l’Annonciation et le successeur des Apôtres. Non seulement nous sommes invités à y réfléchir mais aussi à en tirer quelques conclusions pratiques ; et la beauté de cette célébration m’invite à vous en suggérer.

Une consécration

Il faut que notre ville prenne conscience que la Vierge de l’Annonciation est sa patronne. Certes, elle le sait. Mais il ne suffit pas de savoir. De même il est important que le diocèse puisse prendre conscience d’une très grande grâce. Je pense que l’on pourrait imaginer sans peine que lors de cette fête de l’Annonciation, il y ait une délégation paroissiale de communauté qui viendrait en quelque sorte confier la ville et le diocèse à la Vierge. Peut-être un jour faudra-t-il, selon une forme que l’Esprit-Saint inspirera, peut-être faut-il que nous consacrions à nouveau le diocèse, car une consécration nouvelle, ce n’est pas oublier celles qui ont précédé, c’est les actualiser.

Une grande douceur

Chers amis, pour entrer toujours plus avant dans le mystère de l’Annonciation du Seigneur, il nous faut bien évidemment partir de la Parole de Dieu que nous n’épuiserons jamais. Il nous faut entendre cette Parole comme si c’était la première fois. Et alors l’Esprit Saint peut nous aider à découvrir de nouvelles profondeurs. Prenons l’Evangile de l’Annonciation du Seigneur. Une lumière venue du Père est donnée à Marie par la médiation de l’Ange Gabriel. Il est bien dit que l’Ange Gabriel a été envoyé. L’Ange apparaît auprès de Marie. J’aime à dire que le verbe grecque utilisé fait comprendre que cette apparition a été d’une grande douceur. Une grande douceur parce que la Vierge est si petite qu’elle s’est perdue de vue et qu’elle ne voit que Dieu dans la foi.

La virginité dont elle a parlé à l’Ange est d’abord et avant tout une consécration de son cœur faite selon une formule qui n’avait aucun précédent. Cependant, cette virginité était vécue dans une situation paradoxale. Marie était déjà accordée en mariage à un homme de la maison de David. Nous comprenons pourquoi saint Luc nous rappelle, sous la conduite de l’Esprit de vérité et d’amour que Joseph est descendant de David. Cela crée un lien tout particulier entre Joseph et Jésus.

" Comblée de grâce", un nom, une mission

Le nom de la jeune fille était Marie. Le Pape Benoît XVI, à la suite des pères de l’Eglise, souligne que lorsque l’Ange entre chez Marie, il ne lui dit pas « Je te salue Marie » mais « comblée de grâce ». C’est en effet le nom que Dieu donne à la Vierge. Et le nom, dans la Bible, signifie ce qu’il y a de plus profond, de plus grand en nous, ce qui nous relie directement à Dieu, Créateur et Père. Et ajouter « le Seigneur est avec toi », cela signifie que la Vierge va être assistée dans une mission que l’Ange lui révèle de la part de la Trinité divine.

Cette salutation provoque en Marie une grande émotion, une émotion très profonde, pas du tout superficielle, pas au niveau des sentiments. Cette émotion naît du fait que la Vierge ne se regarde qu’à partir de Dieu. Jamais elle ne s’est regardée d’abord elle-même pour regarder Dieu. Elle s’est toujours regardée à partir de Dieu et dans la lumière de la foi, enrichie d’une manière extraordinaire par cette révélation angélique. De cet enrichissement, nous sommes en Marie de la lumière première et fondamentale qui doit elle aussi guider nos vies, la lumière de la Foi. Marie est bouleversée parce qu’elle se découvre dans cette lumière de l’Ange, qui lui est donnée par l’Ange, c’est plus juste de le dire ainsi. Elle vit, bien sûr, de cette grâce qui lui est révélée, mais elle découvre cette grâce à partir de la révélation divine.

Marie, fontaine d’humilité

Nous pouvons en tirer une conclusion pratique pour notre vie, en demandant à la Vierge de nous aider à réaliser cette orientation pratique. Nous nous regardons souvent nous-mêmes, nous sommes face à nous-mêmes au lieu d’être en présence de Dieu. Peut-être même en ce moment même ! et nos distractions nous le prouvent à leur manière. Demandons à Dieu de nous découvrir toujours à partir de sa Parole et nous n’allons jamais cesser de faire des découvertes. L’Ange rassure la Vierge. La crainte qui est dans le cœur de Marie n’est pas une crainte servile mais une crainte jaillie comme l’eau de la fontaine de son humilité. Marie est une fontaine d’humilité. Et l’humilité, c’est se regarder justement à partir de la lumière de Dieu. Et de découvrir que l’Amour nous a tout donné. Gratuitement. Et l’humilité, c’est se regarder aussi à partir d’une nouvelle lumière, qui nous montre que non seulement nous sommes des personnes avec une dignité très grande mais aussi des Enfants de Dieu.

La crainte de la Vierge, comme le dit le cardinal Journet, est un tremblement d’Amour.

"Voici", un mot qui annonce toujours une lumière nouvelle

Et la Révélation commence avec le mot « voici », très important dans l’Ecriture. Le mot « voici » annonce toujours une lumière nouvelle donnée par Dieu. Et annonce aussi, nous le voyons à la fin de ce récit sublime, l’adhésion à cette lumière dans la nuit de la Foi , c’est-à-dire d’une intelligence éblouie. Quand on regarde le soleil et qu’on est ébloui par lui, on ne le voit plus ; on est ébloui par la lumière-même qui nous éclaire et nous réchauffe.

Je ne vais pas continuer plus avant ce commentaire, vous invitant à le faire avec votre grâce baptismale. Je voudrais seulement souligner qu’il y a deux lumières successives qui sont données à la Vierge, après la première qui est celle d’une salutation. Jamais dans l’Ancien Testament, un Ange ne salue une créature. Cette salutation exprime une révérence, et comme dit saint François de Sales, une courtoisie. La révélation est d’abord qu’elle va concevoir et enfanter un fils, et que ce fils est le Messie. L’Ange lui donne tous les titres messianiques par lesquels les prophètes annonçaient la venue d’un Sauveur. Ce Messie est un roi et son règne n’aura pas de fin. Il a une excellence unique et un pouvoir suprême. Alors, et c’est ce que je voudrais souligner, la Vierge pose une question.

Dans la question de Zacharie, un doute, dans la question de Marie une humilité qui demande une lumière

Vous vous souvenez sans doute que Zacharie avait posé une question lorsque l’Ange lui avait annoncé également une conception miraculeuse chez sa femme Elisabeth. Miraculeuse, cela veut dire une conception que seule Dieu peut faire. Et Zacharie lui aussi avait posé une question : dans sa question, il y avait un doute, dans la question de la Vierge une humilité qui demande une lumière.

Tirons-en une deuxième conclusion pour notre vie. Il ne nous suffit pas de demander à Dieu par quelle route nous devons passer, par exemple comment nous réaliserons notre appel à la sainteté, comment nous répondrons concrètement à l’appel à la sainteté reçu dans le baptême, comment nous allons vivre la mission baptismale, il nous faut encore demander à chaque moment comment réaliser ce que nous découvrons, ce que Dieu nous demande de faire. Or, très souvent dans nos vies, nous dissocions ces deux lumières au point que nous ne demandons pas la seconde après avoir reçu la première. Nous pensons avoir compris, nous pensons que nous savons concrètement au niveau de la prudence, c’est-à-dire de la vertu qui ordonne les moyens à la fin, nous savons comment faire. Erreur, terrible erreur , qui au niveau pratique a fait que bien des vocations ne se sont jamais réalisées, que ce soit celle du mariage ou celle de la consécration sacerdotale ou religieuse.

Un Oui auquel était suspendu l’avenir du monde

Je le redis, si Zacharie a été rendu muet alors que Marie reçoit une nouvelle lumière, c’est parce que dans certaines questions il y a de l’incrédulité, dans les nôtres, également, et dans d’autres, il y a l’humilité. La Vierge, après avoir reçu la lumière qui lui fait découvrir que le Messie promis et qu’elle va enfanter est aussi Dieu, Dieu Lui-même, venu parmi nous, dit son « oui », un « oui », comme saint Bernard l’a chanté auquel était suspendu l’avenir du monde.

Chers amis, méditons ce mystère et tirons-en, je le répète, des lumières pratiques pour notre conduite chrétienne et pour notre conduite au niveau de l’accomplissement de la mission que nous avons, celle d’annoncer la Bonne Nouvelle au monde par notre vie.

Mgr Brincard
25 mars 2009

Mercredi 10 Mars 2010
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