Frère André, l'Eucharistie et la Passion, Père Patrick Celier, c.s.c.Comment vivre la souffrance à l'école d'un saint source: Site de l'Oratoire Chemin de croix et adoration eucharistique Tous les jours, frère André faisait son chemin de Croix en méditant dans son cœur les quatre récits de la Passion que son maître des novices lui avait fait apprendre par cœur. Cette méditation se prolongeait dans son adoration eucharistique et sa participation au « Saint Sacrifice de la Messe. » comme on disait à l’époque. Il savait fort bien que la messe est le mémorial du sacrifice de Jésus sur la croix, s'offrant au Père pour le salut du monde, « Un sacrifice non sanglant », comme on appelait la messe en ce temps-là. Il avait fort bien compris que dans le saint sacrement, c'était Jésus « victime d'amour », mort et ressuscité, qui était réellement présent. C'est là, d'ailleurs, qu'il puisait sa force pour assumer sa propre souffrance, communion à celle du Christ. « Il faut savoir souffrir, disait-il, parce que Notre Seigneur a beaucoup souffert. » Car frère André était familier de la souffrance, dans son corps et dans son âme. Orphelin de père et de mère, peu instruit, sans métier et souffrant de troubles digestifs graves. Il aurait pu se laisser écraser par cette souffrance, s'apitoyer sur son sort. Mais au contraire, en l'assumant, elle de vient pour lui une force et une ouverture aux autres. À la suite du Christ, il porte sa croix chaque jour. Mieux supporter les épreuves : la souffrance transformante Sûr qu'il est que Dieu ne veut que notre bien, même si sa volonté nous paraît déroutante. Il disait: « Si dans le monde on savait mieux prier et si on comprenait mieux ce que valent les souffrances, cela aiderait beaucoup à nous rapprocher du Bon Dieu. » Et encore: « On ne doit pas prier pour éloigner les épreuves, mais pour mieux les supporter. » « Tous les heures et les malheurs de la vie deviennent occasion de se faire proche de Dieu et de se laisser transformer à son image. Le chemin spirituel auquel nous convie frère André est donc celui de la « souffrance transformante », selon le vice-postulateur de la cause de frère André, père Mario Lachapelle, c.s.c. « Chaque fois que vous l'avez fait à ces petits qui sont les miens, c'est à moi que vous l'avez fait. » Sa souffrance assumée et vécue en union avec la passion l'ouvre à la souffrance des autres. Loin de se replier sur lui-même, frère André est ouvert à la souffrance des autres. Il voit dans ces hommes et ces femmes qui viennent déverser dans son bureau leur lot de misères Jésus lui-même. « Chaque fois que vous l'avez fait à ces petits qui sont les miens, c'est à moi que vous l'avez fait. » Il connaissait bien ce passage d'Évangile puisque durant son noviciat, outre les quatre récits de la Passion, il avait appris par cœur le discours sur la montagne de l'Évangile de saint Mathieu. Nourris de la méditation de la passion du Christ et de l'eucharistie, il s'ouvre, à l'image de Jésus à la compassion. Non pas pour s'apitoyer sur la misère des autres mais pour se laisser toucher par elle jusque dans les entrailles. Car la compassion, c'est justement de se laisser toucher par la souffrance de l'autre au point de s'en faire son prochain et de tenter de la soulager. «Quand vous dites le Notre Père, c’est comme si Dieu avait l'oreille collée à votre bouche », Le frère André en contemplant le Christ en Croix saisit tout le sens et la richesse de cette phrase du Christ dans l'Évangile de Jean: « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. » Il réalise que toute l'action compatissante du Christ trouve son achèvement dans le don ultime et total de sa vie sur la croix. Il touche là toute la grandeur de l'amour de Dieu pour les êtres humains. Il y voit cette proximité entre Dieu et nous; un Dieu qui nous aime au point de devenir l'un d'entre nous jusqu'au don total et définitif de sa vie. Dans une époque où Dieu était vu comme un juge, il propose un Dieu proche et aimant. «Quand vous dites le Notre Père, c’est comme si Dieu avait l'oreille collée à votre bouche », disait-il. Ou encore: « Entre nous et Dieu, il n'y a que l'épaisseur d'un voile. » Et, aussi: « On doit parler à Dieu comme à un ami. » « Mais faites-lui donc confiance. » Comme le Christ a accepté et réalisé la volonté de son Père en qui il avait une confiance totale, frère André invite constamment ceux et celles qui viennent le voir à faire confiance à Dieu : « Mais faites-lui donc confiance. » et à cause de cela à accepter la volonté de Dieu, même dans la souffrance; puisque Dieu nous aime et ne veut que notre bonheur. Frère André, avec toute sa compassion, n'a jamais été une machine automatique de guérison. Il disait à ceux qui venaient le voir: « Priez pour accepter Dieu pour accepter sa volonté sur vous. S'il veut vous guérir, remerciez-le. Si telle n'est pas sa volonté, demandez-lui la force de vivre avec votre maladie. » Et ceci était dit avec beaucoup d'amour. Pour lui, le primordial n'était pas la guérison mais la foi la confiance en Dieu; il disait, d’ailleurs: « Beaucoup viennent me demander la guérison, mais très peu la foi. » Cette foi confiance était pour lui l'essentiel. Et c'est au creux de la foi que l'on retrouve la force de vivre la volonté de Dieu, si déroutante soit-elle; c'est le chemin que le frère André nous a montré par sa prière et le témoignage de sa vie. Tout lui parlait de Dieu, tout le ramenait à Dieu et cette intimité avec Dieu le tournait avec compassion vers ses frères et sœurs souffrants. « Il parlait de Dieu aux hommes et des hommes à Dieu », disait-on de lui. Car il portait dans sa prière la souffrance de ceux et celles qu'il avait rencontré, la souffrance du monde. À père Émile Deguire qui s'inquiétait de ses longs temps de prières nocturnes, frère André avait répondu: « Si vous connaissiez la souffrance du monde, vous ne me diriez pas cela. » «Il ne les guérissait pas tous, mais tous partaient réconfortés. » Frère André trouvait dans la méditation amoureuse de la Passion du Christ la force de porter sa propre croix et d'accepter la volonté de Dieu sur lui. Elle le stimulait à la compassion envers ceux et celles qui venaient lui dire leur misère et lui faisait reconnaître dans le visage de leur souffrance le Christ crucifié. Il devenait, alors, pour eux, instrument de la miséricorde de Dieu et semeur de résurrection. «Il ne les guérissait pas tous, mais tous partaient réconfortés. » Jeudi 1 Avril 2010
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