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Chaque vie possède un chemin vocationnel baptismal unique



Pour un élargissement du vocabulaire vocationnel et une meilleure fécondité; ne dites pas seulement ma vocation, c'est...

On entend souvent dire, ma vocation, c'est : le sacerdoce. Ou bien ma vocation, c'est tel mouvement. Ou bien, ma vocation, c'est le Carmel. Thérèse, elle, a dit : "ma vocation, c'est l'amour". Bien sûr, c'était aussi le Carmel, pour elle.
Pour s'exprimer aujourd'hui, on peut proposer de dire : "ma vocation passe par...". Elle passe par le Carmel, ou par tel mouvement, ou par la paroisse, ou par la musique, ou par l'écriture, etc. Je pense au bienheureux Ozanam, qui écrivait à un ami, alors qu'il cherchait s'il devait se marier ou entrer dans les ordres : " Enfin une vocation! Je serai écrivain", et il précise qu'il doit commencer trente ans à l'avance pour que ses écrits aient un impact significatif à force de travail et de prière. Et sa vocation passa effectivement par l'écriture. Il devint un écrivain catholique, mais aussi un mari aimant, un papa, un fondateur des Conférences de saint Vincent de Paul, etc! 
 

Ma vocation passe par un chemin qui lui est propre

Si nous considérons un seul point de notre vocation, nous risquons de réduire notre perception de notre vocation à un mot, une seule réalité circonstancielle, et les circonstances sont instables par nature.
Il arrive que la vocation se résume en un mot, mais bien plus large qu'une seule circonstance de la vie. De fait, toutes les circonstances de la vie peuvent converger vers une vocation "fondamentale", mais toujours par des étapes, un mûrissement, un cheminement. L'Eglise enchâsse parfois cela dans un titre : "Doctor amoris", pour Thérèse. Ou encore "doctor unitatis" pour Irénée de Lyon. La vocation d'Irénée n'était pas seulement épiscopale : elle passait par l'épiscopat, en vue de l'unité. Elle passait par la mission (il est venue de Turquie à Lyon), par l'apprentissage de langues diverses (grec, latin)... par le martyre. Par la théologie. Par l'enseignement des foules. 

Mais moi, pauvre baptisé lambda ? Si je regarde ma vocation propre, et que je n'ai pas atteint un objectif circonstanciel (me marier, fonder des orphelinats, partir en mission en Afrique, entrer au Carmel), par quoi passe ma vocation? Et bien, par beaucoup d'autres circonstances voulues par Dieu.

Ma vocation est bien plus large et ample que la perception que j'en ai

Ma vocation, c'est la sainteté. C'est le ciel. Et mon chemin y mène par mes circonstances. Ma vocation propre peut être la danse, la natation, le sport, un talent, une manière de veiller sur la famille, une création d'entreprise, un lieu que j'anime, la musique, les sciences, etc : dès que je les vis pour me sanctifier! Les vocations cachées et fécondes sont un foisonnement de talents ou... d'épreuves de santé, de fidélité, de service, de gentillesse qui marquent l'entourage. Certains auront la vocation d'encourager les autres à faire des choses et ne feront eux-mêmes pas d'actions éclatantes, mais ils prieront et seront des amis fidèles, rendant la vocation des autres possibles. Ici, je veux reprendre l'image magnifique donnée par un ami : "nous sommes le sel de la terre, cela signifie que le sel se dissout dans le pot-au-feu pour que le pot-au-feu devienne ce qu'il doit être : avec du goût, de la saveur. Nous avons tous une vocation de sel pour la vocation des autres". Voilà une vocation de sel de pot-au-feu, ce n'est pas un titre de docteur de l'Eglise, mais cela y mène!

 

Exercice de repérage de mon potentiel vocationnel

Voilà pourquoi il peut être bon de se demander : bon, et moi, ma vocation passe par quoi, par où, par qui, par quel talent, par quel service, par quel charisme, par quelle créativité? 
Je connais une personne qui définit sa vocation ainsi : "prier et offrir pour les familles". Une autre m'a dit : "porter le Christ aux autres, c'est dans mon nom". Une autre s'est définie comme "adoratrice". Je connais quelqu'un dont la vocation passe par la Chine. 
Et toutes ses personnes portent des fruits immenses. Pourtant, elles n'ont pas forcément aux yeux du monde et même des catholiques une vocation, car le vocabulaire les met dans des cases étroites. Notre vocation ne passe pas par ce que nous n'avons pas encore accompli ou réussi visiblement, elle passe par la Croix et toutes les circonstances fécondes de notre vie!
Voilà pourquoi faire l'exercice d'utiliser un vocabulaire plus large et d'intégrer dans notre vocation propre ce qui n'appartient qu'à nous peut nous montrer la fécondité de notre vie, plutôt que de nous comparer à nos rêves et aux vocations "idéales" des autres.

Allez, faites l'exercice : et vous, votre vocation passe par où, par quoi, par qui? Par quel talent, quel charisme, quelle attention particulière, quelle charité inventive? Qu'est-ce qui, après toutes ces épreuves et ces étapes par lesquelles vous êtes passé(e) vous tient à coeur ? Là où est votre coeur, là est votre trésor : tout ce par quoi vous passez tisse votre chemin vocationnel baptismal unique. 

Un dernier exemple : une jeune célibataire me disait : " je veux être belle". Chez elle, c'est vocationnel. Ce n'est pas superficiel ou mondain, c'est un témoignage. Une beauté chrétienne, qui rayonne Dieu. Il y a une infinité de vocations possibles, et un potentiel vocationnel unique à explorer et déployer dans chaque vie !

AC

 

Mercredi 3 Août 2022
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