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A la recherche de l'état de vie consacrée.

12) : L'état de vie consacrée n'est par nature ni clérical, ni laïque.( can 588)



Mais qu'est-ce que l'état de vie consacrée ?

présentation de Jésus au Temple
présentation de Jésus au Temple
Nous poursuivons notre réflexion, afin de mieux connaître, à la demande de Jean-Paul II dans Vita Consecrata, les différents états de vie. Ici, notre " enquête" nous entraîne à la recherche de l'état de vie consacrée. Le code de droit canon nous renseigne au canon 573 sur un " sous-ensemble" qui s'appelle la vie consacrée en instituts, et plus complètement au canon 207 :


Sont considérés comme consacrés, les laïcs et les clercs qui assument les conseils évangéliques par un lien sacré, devenant ainsi membres d'un Institut de vie consacrée (can. 573 § 2).

Canon 207

§ 2. Il existe des fidèles appartenant à l'une et l'autre catégorie qui sont consacrés à Dieu à leur manière particulière par la profession des conseils évangéliques au moyen de voeux ou d'autres liens sacrés reconnus et approuvés par l'Église et qui concourent à la mission salvatrice de l'Église; leur état, même s'il ne concerne pas la structure hiérarchique de l'Église, appartient cependant à sa vie et à sa sainteté.


A noter : le canon 207 est plus général, il appartient à la partie de Code de droit canon qui définit des normes générales concernant tous les fidèles et s'appliquant aussi bien aux clercs, aux laïcs et aux consacrés, le canon 573 en est une application resserrée, dans la partie du code qui traite de la spécificité de la vie consacrée en instituts religieux ou séculiers. Il existe aussi une vie consacrée séculière/laïque hors instituts ( Ordo Virginum). La vie consacrée n'est pas exclusive des états de vie laïc et clérical  mais cumulative : sa nature est autre que la cléricature et le laïcat, sans pour autant leur être incompatible. ( c. 588)

La vie consacrée en terme canonique ne semble pas être un état de vie, seule dans la vie consacrée émerge la vie religieuse comme état de vie, recevant dans le Concile l'appellation d'état religieux : "
Sous le nom de laïcs, on entend ici tous les fidèles, en dehors des membres de l’ordre sacré et de l’état religieux reconnu dans l’Église" LG 31  


 La vie consacrée est donc est l'ensemble des fidèles ayant contracté un " lien sacré" reconnu stable incluant au moins le conseil évangélique du Célibat pour le Royaume, ce lien sacré peut être cumulé avec le sacrement de l'ordre ou avec le laïcat car il est d'une nature autre. Parmi les formes de vie consacrée, l'une d'entre elle, la vie religieuse, reçoit le nom d'état. Pourquoi cette particularité d'un changement d'état en ce qui concerne la vie religieuse? En raison de la nature des trois voeux, notamment ceux de pauvreté et obéissance qui entraînent une separatio mundi, une séparation du monde. C'est cette séparation qui est " changement d'état".



 

Qu'est-ce que les conseils évangéliques, et de quel lien sacré parle-t-on?

Le Baptême du Christ, Francesco de la Pierra
Le Baptême du Christ, Francesco de la Pierra
Les 3 conseils évangéliques sont trois caractéristiques qui permettent de suivre le Christ dans la vie religieuse sous la forme de voeux, c'est ce qu'on appelle la " Sequela Christi", la suite du Christ : il s'agit de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance. Ces trois qualités poussées au plus haut point sont réunies dans le Christ qui a voulu vivre ainsi. Relire l'Evangile permet de contempler le Christ vivant pauvrement, se donnant entièrement pour le Royaume ( n'en déplaisent aux films et imaginations variées, Il ne s'est pas marié!) et obéissant totalement en tant que Fils, à la Volonté de Dieu, le Père. Attention, il est évident que les trois conseils évangéliques dont nous parlons, comme tous les conseils évangéliques, ne sont pas réservés exclusivement à une catégorie de fidèles mais peuvent être suivis librement par tous, selon des modalités variées. Le baptême étant la consécration par excellence, le principe d'égalité de tous les baptisés fait qu'il n'y a pas un appel à la sainteté qui soit supérieur à un autre, ce serait une mentalité de caste exactement contraire à un état de vie selon l'Evangile.... par contre, le principe de variété dans l'Eglise fait que des appels différents selon leur modalité et charismes sont indispensables tous à la sainteté de l'Eglise. Il faut donc toujours avoir à l'esprit que dans l'Eglise, un état de vie n'est pas une catégorie sociale, ni une notion inégalitaire, mais la " modélisation" d'un charisme propre. La racine du conseil de chasteté dans l'Eglise est à situer dans la sponsalité de l'Eglise : deux " états de vie" sponsaux" définis par le Christ : " Il y a ceux qui se marient, et ceux qui, par choix,  ne se marient pas en vue du Royaume des Cieux". ( cf Matthieu 19) Pauvreté et obéissance prennent leur source dans le Christ.

La Sequela Christi sous la forme des trois conseils peut donc prendre des dénominations variées. Conseils et voeux ne sont pas tout à fait la même chose, les voeux étant la forme spécifique des conseils pour les Religieux. Leur droit propre prend la forme des trois voeux, tandis que le droit propre des autres formes de vie consacrée peut comprendre d'autres liens sacrés basés sur les trois conseils...Pour entrer dans l'état religieux, il faut les trois conseils sous la forme de voeux religieux. Pour vivre une forme de vie consacrée autre, d'autres liens sacrés existent, très divers selon le droit propre de chaque forme de vie consacrée.

Le coeur étant dans le choix de la chasteté totale, continence, " choix de ne pas se marier en vue du Royaume des Cieux" selon la modalité vécue par le Christ Lui-même, l'appellation canonique de lien sacré est une référence implicite et belle à la sponsalité, au lien sacré du mariage transposé dans le domaine du Royaume des Cieux. La vie consacrée implique le Célibat pour le Royaume.

Les liens sacrés peuvent donc être des voeux, mais aussi l'engagement à vivre selon l'esprit des conseils mais pas sous la forme des voeux religieux. Les autres formes de " liens sacrés" seront variées selon le charisme et sa forme historique : par exemple, les engagements ou promesses ou voeux propres selon les instituts séculiers de vie consacrée ou les sociétés de vie apostolique, une consécration publique entre les mains d'un évêque ou d'un supérieur religieux, tous ces liens sacrés expriment des possibilités de Sequela Christi.

En bref : le droit canon reconnaît comme lien sacré stable cinq formes de lien sacré : les voeux religieux, les voeux ou engagements ou promesses des sociétés de vie apostolique, les voeux ou engagements des instituts séculiers, les voeux ou engagements des ermites, et enfin, tout à fait à part s'ajoute le "Propositum" des Vierges Consacrées, qui ne comprend pas explicitement les deux autres conseils.

L' aspect " publique" des liens sacrés canoniques ne vient pas du nombre de personnes qui y assistent mais de la validation de cet état de vie consacrée par le droit canon. Il est important alors de souligner l'importance des liens sacrés contractés, car ce sont ces liens qui définissent le droit propre et la stabilité de la vocation, publiquement reconnue par l'Eglise. Ces liens sacrés peuvent concerner un seul des trois conseils ( Ordo Virginum), ou les trois ( voeux religieux, les voeux des instituts séculiers). Le lien sacré détermine donc le type de vie consacrée. La vie religieuse n'est pas le tout de la vie consacrée mais seulement une des modalités possibles, les voeux religieux étant les plus connus, on a pris l'habitude de désigner le tout par la partie, la vie consacrée par seulement la modalité de la vie religieuse, ce qui est un appauvrissement du vocabulaire et ne correspond pas à la réalité et au principe de variété.

Il existe cependant des engagements stables au Célibat pour le Royaume qui sont canoniques mais n'appartiennent pas à la vie consacrée basée sur les trois conseils ensemble. Ils ont évidemment autant de valeur mais correspondent à d'autres charismes, laïcs par nature car n'entraînant pas la separatio mundi religieuse : Virginité consacrée dans l'ordo Virginum, célibat apostolique dans une prélature, voeu privé sans engagement dans une structure ou un groupe particulier, tiers-ordres.

Parfois, selon le charisme d'origine, il est difficile de distinguer ce qui relève de la vie consacrée et ce qui n'en relève pas : le pape François rappelle qu'on ne peut mettre les charismes dans nos catégories trop " carrées" ! Enfin, il existe des " engagements", ou promesses dans des communautés nouvelles qui ne sont pas encore reconnus canoniquement car l'Eglise demande à vérifier leur stabilité, leur adéquation au charisme et la protection des droits individuels : n'oublions pas que dans l'histoire de l'Eglise, chaque type de lien sacré canonique a demandé des siècles de discernement ! 

En résumé : la nature du lien sacré est intimement liée au charisme historique et à sa vérification par l'Eglise. Suivre les conseils évangéliques peut prendre des formes variées, et la pluralité des charismes fait que l'on va de plus en plus vers un développement du droit propre de chaque forme de vie consacrée. Autre distinction : la différence entre les formes de vie consacrée et les formes de célibat pour le Royaume, certains célibats n'entraînant pas de soi une forme de vie consacrée modlisée sur les trois conseils. 

Frapper à la bonne porte : la Congrégation pour la Vie Consacrée.

La Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique regroupe toutes les formes de vie consacrée. Elle s'occupe donc religieux, des Instituts séculiers, des sociétés de vie apostolique et enfin par analogie des ermites et des Vierges consacrées. Elle a aussi en charge les nouvelles formes éventuelles de vie consacrée, ce qui est important à savoir, car beaucoup de communautés nouvelles qui dépendent du Conseil Pontifical pour les Laïcs proposent des formes de vie communautaire qui ne sont pas (encore) des formes de vie consacrée et peut-être pour certaines ne doivent pas le devenir si elles veulent rester fidèles à leur charisme, tant que la Congrégation pour la vie Consacrée n'a pas fait le discernement nécessaire.

Les conseils n'étant réservés à personne mais adressés à tous les baptisés, les Consacrés sont pour tous les fidèles un rappel et un signe " cumulatif", un appel spécial qui peut se joindre à d'autres modalités, ce qui impacte le fonctionnement de l'Eglise : dans le sens où ce qui concerne les clercs ( sacerdoce, congrégation regroupant des prêtres) est rattaché à la Congrégation pour le Clergé, et ce qui concerne les laïcs dépend du Conseil Pontifical pour les laïcs, et ce qui concerne la vie consacrée...revient à la Congrégation pour la Vie Consacrée, mais une personne peut relever selon le domaine concerné...des trois congrégations.

 En effet, lorsqu'une association regroupe prêtres et laïcs, les compétences de chaque congrégation s'appliquent en référence à l'état de vie et à l'action entreprise, plus globalement au charisme qui peut être multiforme. Autrement dit, un prêtre dépend toujours de la Congrégation pour le clergé en ce qui concerne son sacerdoce, mais s'il est aussi consacré dans un institut séculier, il dépendra de la congrégation pour les instituts de vie consacrée, par contre si en tant que prêtre il est incorporé à une association de laïcs, sa relation avec cette association concernera le Conseil Pontifical pour les Laïcs. C'est toute la richesse des Familles spirituelles anciennes ou nouvelles de proposer des branches organisées et  rattachées à chaque congrégation romaine concernée selon les états de vie. En réalité, il faudrait dire que le rattachement se fait selon le type de lien sacré, certains étant cumulables, d'autres non. Un prêtre religieux peut avec permission de son ordinaire faire partie d'une association de fidèles, mais pas d'un institut séculier. ( Il lui faudra choisir entre le lien sacré des voeux religieux ou le lien sacré de l'institut séculier. Le " cumul" est une question de logique interne, une moniale cloîtrée avec un voeu de stabilité de résidence, ne peut s'engager structurellement dans une spiritualité d'action dans le monde en tant que laïque! Mais elle peut prier, bien sûr, et donc faire partie d'une association de soutien.) Dans ces domaines, le droit canon est souple et surprenant de solutions logiques, et il est prudent de penser que des modalités épousant les charismes divers après réflexion et expérimentation sont toujours possibles selon un processus de maturation et de vérification.

En résumé : frapper à la bonne porte peut aussi signifier frapper à plusieurs portes, selon le charisme et la souplesse de l'Esprit Saint. Distinguer Célibat pour le Royaume sans les deux autres conseils et Vie consacrée avec les trois conseils, separatio mundi de l'état de vie religieux et charisme séculier,  peut éviter aussi d'enfermer dans des charismes contradictoires des vocations généreuses mais mal définies.

 
Mosaïque de ravenne, le Bon Pasteur. ( en référence à Pastor Bonus qui institua la Congrégation pour la Vie consacrée)
Mosaïque de ravenne, le Bon Pasteur. ( en référence à Pastor Bonus qui institua la Congrégation pour la Vie consacrée)

Professer une forme de vie consacrée officielle et complète, c'est quoi?

Lorsque la sagesse de l'Eglise met en forme dans le droit canon une expérience longuement mûrie, on sait que les erreurs, les déviances, les risques ont été observés et corrigés. Ainsi, l'état de vie religieux, avec ses trois voeux, est un " état de vie consacrée stable" ( canon 576) ; cependant, seule la vie religieuse est un " état", les autres formes de vie consacrée ne faisant pas changer d'état laïc ou clérical.

Les sociétés de vie apostoliques, les instituts séculiers, sont donc des formes de vie consacrée stable sans être un " état" de vie religieuse. Cette stabilité permet de s'y engager à vie, avec le soutien de la grâce et de l'Eglise, et de donner ainsi un témoignage dont l'Eglise se porte garante. Pour cela, elle s'appuie sur les règles, les constitutions, les statuts des instituts de vie consacrée, le droit propre et le droit canon. Les autres formes de vie consacrée en attente d'approbation par le saint Siège ( canon 205) ne sont pas encore jugées assez stables, il faut donc les considérer avec prudence, notamment en ce qui concerne leurs statuts et droit propre, souvent flous. Prudence ne veut pas dire fermeture mais purification, définition, protection du charisme propre, or les charismes ont toujours un cheminement historique qui demande du temps.

Quelles sont les différences entre les formes de vie consacrée ?

Saint Vincent de Paul, fondateur des filles de la Charité, précurseur des sociétés de vie apostoliques féminines
Saint Vincent de Paul, fondateur des filles de la Charité, précurseur des sociétés de vie apostoliques féminines
Avant tout, le point commun déjà cité : la Sequela Christi. Ensuite, des différences dues à la forme d'engagement et donc de lien sacré, et à l'historique de chaque forme d'état de vie consacrée. L'Eglise n'invente pas ces formes de vie consacrée du jour au lendemain, elle les accueille, les étudie, veille sur elle avec toute sa sollicitude maternelle sur le charisme propre. Son attention va spécialement aux principes de gouvernement interne s'il y a vie communautaire, à la fécondité apostolique, aux fruits dans la vie chrétienne des consacrés ainsi engagés à suivre le Christ, à la sainteté des fondateurs.

Au cours des siècles, les formes de vie consacrées que nous citons dans cet article ont donc été observées puis admises comme sûres et conformes à la Sequela Christi . Le site du Vatican retrace l'historique de ces formes de vie consacrée. Que de possibilités! Nous ne relevons que quelques points importants pour mieux comprendre. Par exemple, beaucoup ignorent la différence entre les prêtres séculiers ( diocésains) et les prêtres religieux. Les prêtres religieux prononcent les trois voeux et ont donc une forme de vie consacrée " cumulée" avec leur sacerdoce, leur vie religieuse se reconnaît par les exigences spécifiques de ces trois voeux selon les constitutions de leur institut religieux.

Les sociétés de vie apostoliques ne comportent pas les trois voeux mais souvent un engagement renouvelables tous les ans...à vie!. Il est à noter que St Philippe Néri et saint Vincent de Paul, qui avaient souhaité une nouvelle forme de vie consacrée l'ont obtenu, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes. Contrairement souvent à ce qui est dit, l'Eglise n'a pas effectué de soi-disant retour en arrière en cloîtrant par exemple les soeurs fondées par St Vincent de Paul et qui ne leur souhaitait pas d'autre cloître que le monde, mais elle a accepté après vérification et ajustements, l'émergence d'une nouvelle forme de vie consacrée, celle des sociétés de vie apostolique. Cependant, la forme historique a pu sembler comme assimilée à la forme de vie religieuse. Aujourd'hui, les sociétés de vie apostolique retrouvent à la lumière de Vatican II leur charisme propre et tendent à se défaire de ce qui a pu être trop calqué sur les religieux.

Notons enfin qu'un des éléments essentiels, le Célibat pour le Royaume, qui se retrouve dans toutes les formes de vie consacrée, n'est pas réservé à la vie consacrée : le Célibat pour le Royaume regroupe tous ceux qui ont reçu le charisme du Célibat comme Sequela Christi et comme configuration à sa mission en tant que prêtre ( célibat sacerdotal), en tant que prophète ( célibat consacré ecclésial), en tant que roi ( célibat apostolique sans lien sacré autre que le baptême).

Une fois encore, égalité de tous les baptisés en dignité et diversité des états de vie et des charismes innombrables qui les sous-tendent, ( ce qui permet de penser qu'il peut y avoir en réalité une immense diversité de modalités dans l'Eglise se ramenant à deux états de vie fondamentaux, celui du mariage et celui du Célibat pour le Royaume), le but étant la communion de tous les baptisés dans la radicalité propre de la vocation de chacun. 

 

Jean-Paul II relie la vie consacrée, Marie, la Virginité pour le Royaume et la Vie Trinitaire.

Marie, abbaye d'En Calcat
Marie, abbaye d'En Calcat
Dans Vita Consecrata, au numero 28, Jean-Paul II redonne le sens profond et marial de toute Sequela Christi, le sens trinitaire et virginal de toute vie consacrée dans le Célibat pour le Royaume :

La Vierge Marie, modèle pour la consécration et pour la Sequela Christi

28. Marie est celle qui, dès son immaculée conception, reflète avec la plus grande perfection la beauté divine. « Toute belle », c'est le titre sous lequel l'invoque l'Église. « La relation à la très sainte Vierge Marie, que tout fidèle entretient en conséquence de son union au Christ, apparaît encore plus accentuée dans la vie des personnes consacrées. [...] Chez tous [les Instituts de vie consacrée], il y a la conviction que la présence de Marie a une importance fondamentale tant pour la vie spirituelle de toute âme consacrée, que pour la consistance, l'unité, le progrès de toute la communauté ».Marie est en effet un exemple sublime de consécration parfaite, par sa pleine appartenance à Dieu et par le don total d'elle-même. Choisie par le Seigneur, qui a voulu accomplir en elle le mystère de l'Incarnation, elle rappelle aux consacrés la primauté de l'initiative de Dieu. En même temps, ayant donné son assentiment à la Parole divine qui s'est faite chair en elle, Marie se situe comme le modèle de l'accueil de la grâce par la créature humaine. Proche du Christ, avec Joseph, dans la vie cachée de Nazareth, présente auprès de son Fils dans les moments cruciaux de sa vie publique, la Vierge est maîtresse pour montrer comment suivre le Christ sans conditions et Le servir assidûment. En elle, « sanctuaire du Saint-Esprit »,brille ainsi toute la splendeur de la créature nouvelle. La vie consacrée la considère comme un modèle sublime de consécration au Père, d'union avec son Fils et de docilité à l'Esprit, dans la conscience qu'embrasser « le genre de vie virginale et pauvre »du Christ signifie faire sien également le genre de vie de Marie. En outre, la personne consacrée rencontre chez la Vierge une Mère à un titre tout à fait spécial. De fait, si la nouvelle maternité conférée à Marie au Calvaire est un don fait à tous les chrétiens, elle a une valeur singulière pour ceux qui ont consacré pleinement leur vie au Christ. « Voici ta mère » (Jn 19,27): les paroles de Jésus au « disciple qu'il aimait » (Jn 19,26) ont une profondeur particulière pour la vie de la personne consacrée. Celle-ci est en effet appelée, comme Jean, à prendre avec elle la très sainte Vierge Marie (cf. Jn 19,27): elle l'aimera et elle l'imitera avec la radicalité propre à sa vocation, et elle fera l'expérience, en retour, d'une tendresse maternelle toute spéciale. La Vierge lui communique l'amour qui lui permet d'offrir chaque jour sa vie pour le Christ, en coopérant avec Lui au salut du monde.
C'est pourquoi le rapport filial avec Marie constitue la voie privilégiée de la fidélité à l'appel reçu et une aide très efficace pour progresser dans sa réponse et vivre en plénitude sa vocation.

Jeudi 8 Janvier 2015
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