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La vocation spécifique de la femme face au sacerdoce



Le principe pétrinien, le principe marial et le principe administratif

En tant que vierge consacrée, on me demande souvent si je ne voudrais pas être prêtre. J'ai longtemps cherché les mots justes pour exprimer une réponse qui corresponde à ma vocation et à ce que je sens, et qui soit théologique. Et le pape François vient de me donner les mots précis dans son interview au journal jésuite America du 28 novembre 2022. Il y parle de la voie pétrinienne, la voie mariale et la voie administrative. J'avais entendu déjà parler du principe pétrinien et du principe marial et de leur complémentarité. Les trois voies par lesquelles le pape explique le choix de ne pas ordonner de femmes prêtres éclairent la question.

Voici le passage essentiel à retenir : 
" Le principe pétrinien est celui du ministère. Mais il y a un autre principe encore plus important, dont nous n’en parlons pas, c'est le principe marial, qui est le principe du féminin dans l'Église, de la femme dans l'Église, dans lequel l'Église se reflète parce qu'elle est femme et épouse. Une Église qui ne connaîtrait que le principe pétrinien, serait une Église dont on pourrait penser qu'elle est réduite à sa dimension ministérielle, rien de plus. Au contraire, l'Église est bien plus qu'un ministère. C'est le peuple de Dieu tout entier. L'Église est femme, l'Église est épouse. Ainsi, la dignité de la femme est reflétée de cette manière. Et puis il y a une troisième voie: la voie administrative. La voie ministérielle, la voie ecclésiale - disons, mariale - et la voie administrative, qui n'est pas une chose théologique, c'est une chose d'administration normale. Et dans ce domaine, je crois que nous devons donner plus de place aux femmes. Ici au Vatican, tous les postes dans lesquels nous avons mis des femmes, fonctionnent mieux". 

Je ne veux ni devenir Rambo, ni devenir prêtre

Permettez-moi cette comparaison : quand on me suggère en tant que femme de devenir prêtre, c'est un peu comme si pour promouvoir la femme, on lui demandait de devenir Rambo. De se muscler, de faire comme. Pas autrement. Pas à sa façon. Mais comme Rambo. Je suis une fan de site de pilates, de renforcement musculaire, de musculation, mais pour femme, adaptés au corps féminin. Et je trouve qu'un corps de femme développé comme Rambo n'a aucun intérêt, puisque Rambo existe déjà. On peut regarder sur ce sujet l'émission d'Arte : "Toutes musclées". Je ne partage pas tous les avis de cette émission mais elle rejoint mon sujet : faire comme l'homme n'est pas forcément une promotion de la femme. Pour revenir au principe pétrinien et au principe marial, l'ordre des vierges illustre magnifiquement le principe marial. Il est en regard de l'Epoux, en face, en vis-à-vis. C'est grâce à la présence de l'époux qu'il y a une épouse. Mais aussi dans l'autre sens. Comme dit le pape :
"En ce sens, le fait que la femme n'entre pas dans la vie ministérielle n'est pas une privation: non. La place de la femme est beaucoup plus importante, et c'est une considération que nous devons encore développer dans une catéchèse sur la femme en considérant le principe marial".

Ne pas devenir prêtre, ce n'est pas une privation pour une femme, car nous avons mieux à faire et à être

Il peut y avoir bien plus de femme dans la troisième voie, la voie administrative. Un ami (prêtre!) à qui j'expliquais qu'on avait proposé un poste administratif réservé en général à des prêtres à une amie canoniste m'a dit : " Oui, c'est bien, comme cela, les prêtres auront plus de temps pour être dans leur vocation spécifique, dans leur sacerdoce". C'est exact. Mais cela ne suffit pas pour comprendre l'importance que les femmes prennent dans la voie administrative en tant que femmes. Ici, on devrait dire en tant que laïques femmes, tandis que des laïcs hommes prennent eux aussi de plus en plus de place dans la voie administrative. Il s'agit à la fois d'une maturité et d'une émancipation des laïcs, qui participent et collaborent à la vie de l'Eglise dans la voie administrative, là où les prêtres prenaient trop de leur temps, de leur énergie ainsi détournée du ministère pétrinien. 

Mais la femme apporte dans la voie administrative le charisme féminin, pas "comme, mais autrement, à sa manière"; ce charisme féminin trop absent depuis trop longtemps. La femme ne sert pas dans l'administration comme l'homme. Encore une fois, elle n'est pas une Rambo de l'administration, qui devrait faire autant d'heures, de performances. Elle sert en tant que femme : avec la finesse de son discernement, avec la force protectrice particulière aux femmes : cette intuition maternelle, mariale, sponsale, elle la met aussi concrètement au service de l'Eglise dans la voie administrative. Là où l'homme ne verra pas un prédateur (ou une prédatrice), la fonction de protection maternelle agira et détectera. Là où l'homme sera dans la performance, la fonction de protection maternelle régulera les rythmes et les horaires. Là où l'homme sera dans le droit, la fonction maternelle rappellera la miséricorde (les entrailles de mère de Dieu, comme se traduit le mot miséricorde!). 
Ainsi, avec une présence plus développée du principe marial, le principe pétrinien sera plus efficace, et l'administration de même. Pensons au rôle de Marie auprès des apôtres, auprès de chaque apôtre, dans les premiers temps de l'Eglise. Ce rôle se continue aujourd'hui par le principe marial en regard du principe pétrinien. Ainsi la dimension ministérielle est comme élargie par la dimension mariale, aux dimensions de l'Eglise et de sa mission toute entière.

AC

Lundi 28 Novembre 2022
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