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"Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre", conférence du p. Samuel Bernard


 

 

 

Voici la deuxième partie d’une conférence du p. Samuel Bernard sur Saint Joseph. Elle retrace l’apport de l’Ecole française concernant saint Joseph.

Conférence du Père Samuel-Bernard le 7 juin 2008 à Cotignac, Var ( extraits)
 
 
Les chrétiens de l’Eglise mère palestinienne ont été les 1er dévots de St Joseph, les 1er qui l’ont vénéré et invoqué. C’est avant la Nativité et au moment de Noël que les mentions de Joseph sont les plus nombreuses, dans les liturgies orientales. Quelques tropaires et strophes adressés à la Mère de Dieu (Théotokon) chantent Joseph, toujours en relation avec la Vierge Marie : Un exemple parmi tant d’autres : « Ayant enfanté le Christ dans la chair à Bethléem, ô pure, qui ne connaît pas le mariage, tu l’as enveloppé de langes. Joseph, frappé d’étonnement à sa vue, Joseph glorifie et adore avec crainte sa puissance … Le Dieu Créateur devant qui tremblent tous les choeurs des anges, le juste Joseph le soigne enfant et l’embrasse ; il héberge la lumière intelligible en criant : Que toute la création loue le Seigneur et l’exalte dans tous les siècles. » ………….. « Bienheureux, tu es devenu l’égal de tous les anges, de tous les prophètes, de tous les martyrs, des sages et des apôtres dont tu es maintenant le compagnon. C’est pourquoi, avec eux, nous te proclamons bienheureux, sage Joseph et nous honorons ta sainte mémoire. Issu d’une race royale, tu es fiancé à la Reine sans tâche qui doit enfanter le roi Jésus ; tu es préféré à tous ceux qui vivent sur la terre. »
 
 
Les offices divins, dans le temps de la Nativité du Sauveur, mentionnent souvent les principales qualités attribuées à St Joseph : la virginité, la paternité et la médiation. Le père nourricier du Seigneur est présenté comme l’époux (plus exactement le Fiancé) l’ange et le gardien fidèle de la Vierge. C’est donc en fonction de l’Incarnation que Joseph est mentionné. D’une certaine manière, Joseph jouit des mêmes honneurs que Marie, ayant été son époux et le père nourricier et éducateur de Jésus. Si l’Orient est assez discret sur St Joseph, l’Eglise d’Occident a réservé une fête spéciale en son honneur : le 19 Mars. Mais c’est surtout à partir du 17ème siècle que la vénération s’est développée et a donné naissance à différentes dévotions privées envers St Joseph. On doit cette poussée dévotionnelle incontestablement à l’Ecole Française de Spiritualité.
 
 
Mais déjà depuis le 15ème siècle, un véritable éveil de la dévotion à St Joseph va se réaliser. Il est dû surtout à certains grands Saints ou maîtres spirituels. En Italie, ce sera Bernardin de Sienne, le prédicateur du nom de Jésus. En Espagne, ce sera St Vincent Ferrier et Ste Thérèse d’Avila. Mais c’est en France que va se développer la dévotion à St Joseph. Avec St François de Sales, nous trouvons le docteur compétent de la théologie de St Joseph, ainsi que le Maître spirituel qui saura présenter un merveilleux modèle en la personne du père nourricier de Jésus et de l’époux de Marie. Il jeûnait au pain et à l’eau la veille du 19 Mars et prêchait au jour de sa fête. Une grande voix de cette époque sera celle de Bossuet, l’évêque de Meaux. Les deux sermons consacrés à St Joseph qui nous sont parvenus comptent parmi les plus belles pages écrites à la louange de celui-ci.
 
 
Revenons à l’Ecole Française. Pierre de Bérulle en est à l’origine. Notons au passage que ce sont les disciples de Bérulle, appelés Oratoriens qui furent demandés par l’Evêque de Fréjus, pour animer les Sanctuaires de Cotignac et la paroisse de Cotignac. Lui et ses disciples oratoriens (ou Bérulliens) Sulpiciens, Eudistes, Lazaristes, vont mettre au premier plan, le Théocentrisme avec la grandeur et la toute puissance de Dieu. Mais la dévotion au Verbe incarné va mettre en lumière la vie à Nazareth : Marie, Joseph et l’Enfant Jésus. Voyons Jésus enfant, voyant Marie sa mère et Joseph assistant et servant la Mère et l’Enfant.
 
 
Beaucoup d’ouvrages ces dernières années ont écrit sur Joseph. D’une manière originale le P. André Doze situe Joseph dans le milieu juif et nous livre les grandes intuitions qui ont élaboré cette belle dévotion. Tous les maîtres de l’Ecole Française ont médité sur la place de Joseph auprès de Marie et de Jésus. On ne peut citer tout le monde, mais retenons cependant Jean Jacques Olier, disciple de Bérulle et fondateur de la Compagnie St Sulpice. Peu de mystiques ont vécu si profondément le mystère de Joseph. Le texte le plus frappant concernant Joseph est un petit opuscule que l’on trouve à la fin de son ouvrage de la « journée chrétienne » : « L’admirable Saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer les perfections adorables de Dieu le Père … ».
 
 
À travers St Sulpice, M. Olier et ses successeurs immédiats ont marqué le Clergé français et par là le peuple chrétien. Un autre bérullien : St Jean Eudes développera l’unité du Coeur de Jésus et de Marie. Avec grande audace, Jean Eudes contemple Marie dans le coeur de Jésus et Jésus dans le coeur de Marie. Joseph bénéficiant de l’amour unique que Marie lui portait est introduit dans cette intimité. C’est dans la médiation sur la Sainte Famille que prend place Joseph, l’homme juste et silencieux. « À mon sens, ce saint est hors d’état d’être compris par l’esprit des hommes » disait justement JJ Olier. On pourrait citer aussi St Vincent de Paul qui parle de St Joseph dans ses lettres de direction spirituelle. P. de Bérulle, le carmel dont il est le protecteur, et ses disciples ont donné un grand élan à la dévotion à St Joseph.
 
 

Terminons ce survol par une évocation de la carmélite Marguerite du Saint Sacrement, liée spirituellement à M. Olier. Le 24 août 1639 est inauguré une chapelle bâtie en l’honneur de la royauté de Jésus Enfant. Sous l’inspiration de Marguerite, un geste humble mais significatif est effectué lors de la bénédiction : la présentation des 3 clefs d’argent sur lesquelles était écrit en latin : « Jésus règne – Marie gouverne – Joseph administre ». Joseph administre, c’est l’ultime secret, plus caché et inconnu que les deux autres. Dieu est glorifié. Jean Jacques Olier dira à la fin de sa vie : « J’adore notre Seigneur Jésus-Christ, conversant sur terre avec sa Mère et Saint Joseph, en l’honneur de la conversation des Trois Personnes adorables de la Sainte Trinité ».

P. Samuel Bernard


Vendredi 26 Février 2010
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