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4) Marie, Mère de Dieu, 3eme jour de la Création, l'amour conjugal de Marie et Joseph


 
 

Terre-mer : fidélité et fécondité

La fécondité de Marie est le fruit de sa fidélité à Dieu et à Joseph

Livre de la Genèse : 1, 9-13 « Et Dieu dit : Qu’elles se rassemblent les eaux qui sont sous le ciel en un assemblement unique et que soit visible ce qui est asséché, et il en fut ainsi. Et Dieu donna comme nom à ce qui est asséché, terre, et l’assemblement des eaux, il l’appela mer. Et Dieu vit comme cela était bon. Et Dieu dit : que poussent de la terre de jeunes pousses, de l’herbe germinatrice de germes, des arbres à fruit portant des fruits pour son espèce, porteur de germes sur la terre, et il en fut ainsi. Et la terre fit sortir une poussée d’herbe germinatrice de germes selon chacun et des arbres à fruit qui avaient des germes en eux selon chacun. Et Dieu vit comme cela était bon. Et il y eut un soir et il y eut un matin, jour troisième. »

L’Esprit Saint, Celui qui unit les êtres dans le respect de leur identité

Jour après jour, Marie suit fidèlement le Seigneur, son fils Jésus, qu’elle reconnaît comme venu de Dieu, conçu en elle par la puissance du Souffle divin, né de sa chair, sorti de son sein, mais plus que le fruit de ses entrailles, fruit véritable des entrailles de la miséricorde divine. Ces entrailles divines, que sont-elles ? Saint Jean nous parle du sein du Père dans son prologue : « Dieu, nul ne l’a jamais vu. Dieu, l’unique engendré qui est dans le sein du Père celui-là l’a révélé. » (Jn. 1, 18).

Et comment Dieu a-t-il voulu révéler son mystère invisible aux yeux et inaccessible à la pensée des hommes ? « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n‘a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme » comme l’exprime saint Paul, « Dieu, par l’Esprit, nous l’a révélé » (1ère Co. 2, 9-10). Cette révélation, ce dévoilement d’une réalité cachée est l’œuvre de l’incarnation. L’Esprit Saint agissant en Marie unit ses facultés humaines créées aux facultés divines incréées et éternelles. L’Esprit Saint est toujours celui qui unit les êtres dans le respect de leur identité. Dans le mystère de la Sainte Trinité, l’Esprit Saint est celui qui réalise la communion du Père et du Fils. Cela veut dire que le Père et le Fils sont parfaitement un, n’étant ensemble qu’un seul et unique Dieu. Et tout en étant parfaitement un dans leur unique nature divine, ils demeurent parfaitement distincts dans leur identité personnelle (cf st Jean 17).

L’amour conjugal, un amour créateur et non pas destructeur

C’est l’amour authentique entre les personnes. Nous sommes tous des personnes bien uniques et différentes les unes des autres. Et nous cherchons à être toujours plus unis avec ceux que nous aimons. Dieu a voulu manifester de façon visible et bien sensible cette vérité de l’amour entre les personnes en créant dans l’être humain l’admirable capacité à ne faire qu’un seul être dans la distinction de l’homme et de la femme. Et cet amour est à l’image de l’amour de Dieu. Il n’est pas réductible à une simple fonction biologique, car il est appelé à être habité par ce qui donne à l’être humain sa dignité, sa source de liberté et de respect : son intelligence et sa libre adhésion. Par ses deux facultés, l’être humain peut ainsi donner une signification à ce qu’il vit et, à la différence de l’animal, s’affranchir du déterminisme de l’instinct.

Le sacrement du mariage scelle l’amour des époux comme une rencontre et un don où chacun est aimé dans ce qu’il a d’unique et de différent. Et c’est l’Esprit Saint donné dans le sacrement du mariage qui permet aux époux de donner à leur amour la signification de l’amour divin, un amour qui rend toujours plus libre et non pas qui aliène, un amour qui ouvre des chemins de vie et non pas des chemins de mort, un amour créateur et non pas destructeur, un amour qui guérit et non pas un amour qui blesse, donc un amour de véritable charité, puisque ‘c’est la charité qui édifie’ comme nous le rappelle saint Paul.

Marie, Mère de toute la Création restaurée

Nous voilà rendus tout à coup loin de notre sujet, semble-t-il. En Marie l’Esprit Saint accomplit les opérations divines, disions-nous. La fécondité divine épouse pour ainsi dire la fécondité humaine. Et cette fécondité humaine s’exprime précisément par une fécondité maternelle et de manière virginale. Dans l’histoire biblique on relate la guérison par Dieu de certains couples stériles, comme celle de Sara et Abraham, et, plus proche, celle d’Elisabeth et Zacharie, parents de Jean le Baptiste. Mais ces nouvelles fécondités accordées ne s’assimilent pas à celle de Marie, uniquement virginale. Elles étaient conjugales. Le sein maternel de la Vierge apparaît ainsi comme le signe quasi sacramentel de la vie divine, de ce mystère trinitaire d’où jaillit toute vie et où s’organise toute vie. Saint Anselme, docteur de l’Eglise au 12ème siècle, nous explique que si Dieu est le Père de toute la création dans sa bonté originelle, Marie est la mère de toute la création restaurée. Ce qui se vit en Marie, c’est ce qui se vit en Dieu. Et ce qui se vit en Marie, c’est aussi ce qui se vit dans toute l’Eglise, et ce qui se vit dans l’Eglise, c’est aussi ce qui se vit dans chaque âme. Mais en Marie, d’une façon unique et toute particulière selon la libre disposition de la sagesse divine, le Fils Unique qui jaillit d’un regard d’amour éternellement bienveillant du Père, jaillit là du même regard divin, non pas des profondeurs du mystère de Dieu, mais des profondeurs cachées de la source maternelle de Marie. Ce qui est vécu de façon totalement spirituelle est alors vécu de façon totalement corporelle. Quel étonnant mystère !

Séparation terre-mer, différence radicale en rêve et réalité

Si nous revenons au texte de la Genèse, puisque c’est celui qui nous inspire, nous y voyons Dieu séparer les eaux de la mer et la poussière de la terre, qui est appelée la ‘sèche’. Derrière ces images toutes simples se traduit une grande leçon de vie : la différence radicale entre le rêve et la réalité. Le monde du rêve est symbolisé par les eaux de la mer, la réalité par la terre sèche. En effet, l’eau, les éléments liquides représentent le support sur lequel on peut écrire sans laisser de traces. « Tel le navire qui fend l’onde agitée sans qu’on puisse découvrir la trace de son passage ni le sillage de sa carène dans les flots » (Sg. 5, 10). Par contre, ce qui est solide et sec permet de recevoir la gravure du texte écrit. Ainsi les tables de la Loi reçues par Moïse au Sinaï et auxquelles Jésus fait référence en écrivant sur le sol, le jour où on lui amène une femme adultère (Jn. 8. 7-8). « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lance la première pierre » dit-il à l’adresse de ceux qui veulent condamner facilement leur prochain en oubliant un peu vite le principe de réalité. Ce qui est écrit pour les uns l’est aussi pour les autres.

Notre monde moderne, caractérisé par un développement technologique impressionnant multiplie les expressions de communication et toutes sortes de langages de type virtuel. Ainsi les images cinématographiques, les schémas de construction et d’assemblage mécaniques, les projections financières et autres recherches, sans compter les nombreux divertissements. De plus en plus, la jeune génération a bien du mal à faire la différence entre ce qui est présenté au petit écran et ce qui existe dans la réalité. Avec le virtuel, on peut toujours recommencer et l’on peut tout essayer sans risque. D’où le sérieux avantage dans le domaine de la recherche.

Mais s’il y a avantage en ce qui concerne les essais et les expériences, il y a aussi le risque de confondre le rêve et la réalité. La coupure de plus en plus accentuée du lien entre l’homme et la création fait que l’on oublie parfois le bon sens qui habite les gens proches de la terre par leur travail. La sagesse paysanne nous rappelle toujours le lien entre une action et les conséquences qu’elle peut engendrer. Celui qui ne laboure pas son champ au bon moment, ne sème pas à la bonne saison, ne prépare pas les outils pour la moisson, peut être assuré de ne rien récolter. Puisse-t-il reconnaître dans l’échec de son travail la négligence avec laquelle il l’a accompli. Quant à celui qui travaille le plus sérieusement possible, il sait qu’il ne maîtrise pas totalement la réussite assurée de la récolte, qui dépend aussi des bonnes conditions climatiques.

Cette sagesse est source d’apprentissage de la responsabilité. On trouve plus facilement le sens des responsabilités chez ceux qui sont confrontés aux réalités élémentaires de l’existence que chez ceux qui projettent dans l’avenir leurs désirs. L’adolescent révèle, quant à lui, une attitude bien caractéristique, l’inflation de l’imaginaire. Il se trouve en effet à l’âge où il convient de passer du monde de l’enfance au monde des adultes. Et ce dernier peut parfois faire peur par son aspect d’exigence face aux responsabilités qu’il comporte. Aussi, de nombreux jeunes se réfugient-ils dans le monde du rêve. Ce qui est compréhensible à 12 ans ne l’est pas à 30 ni 40 ans. D’ailleurs, une maturité insuffisante et une fragilité psychologique peuvent conduire des personnes à se réfugier dans ce qui leur permet d’échapper au réel, que ce soit la drogue, l’alcool, les jeux vidéo, ou tout autre dérivatif pris comme échappatoire à la réalité.

Marie dans le combat bien bien concret du quotidien de la vie

Il y a donc une nouvelle étape à passer dans ce jour troisième que nous présente le texte biblique. Le jour 1er mettait en évidence la conscience avec laquelle l’homme apprend à vivre et juger ses choix. Le jour 2ème invitait à considérer le projet d’une vie à transfigurer par un choix libre. Le jour 3ème, quant à lui, place l’homme dans le réel et lui propose de construire sa vie, non pas dans le rêve ou l’illusion, mais dans le concret du quotidien, fait d’un tas de petits détails. Nous avons parfois tendance à penser que le mystère de la foi s’apparente au monde de la fable ou du merveilleux. La conception virginale du Christ en Marie ou la résurrection du Christ après sa mort le 3ème jour sont apparus parfois tellement saugrenus à certains soi-disant exégètes ou théologiens qu’ils ont pensé faire preuve d’intelligence en les taxant de récits mythologiques. Les affabulations d’un roman tel que le Da Vinci Code ont ainsi pu aisément remplacer les vérités de la foi dans l’imagination populaire. Et plus l’imagination produisait de délires surréalistes, plus le public s’extasiait de découvrir enfin la soi-disant vérité si longtemps maintenue cachée. Or, la vie de Marie est tout empreinte d’un réalisme surprenant qui nous protège d’une quelconque interprétation mythologique. Les théologiens des 1ers siècles de l’Eglise ont pu dire que là où Marie est honorée, nul risque d’hérésie ne peut se développer concernant la foi en l’incarnation.

A quel combat s’est trouvée affrontée la Vierge Marie dans le quotidien bien concret de la vie ? On pourrait penser : Marie a vécu des expériences spirituelles très fortes, bénéficié de grâces particulières la mettant à l’abri des difficultés… il lui suffisait de vouloir quelque chose pour que cela fût … Sa vie fut remplie de bénédictions sensibles, tissée d’actions extraordinaires impossibles à imiter. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus n’appréciait pas que l’on parlât trop souvent de Notre Dame comme d’une personne inaccessible, l’éloge de ses vertus ne produisant chez les chrétiens qu’une certaine ignorance de la vraie sainteté. On lui doit, à la petite Thérèse, de nous avoir rendu le désir de la sainteté. Et Marthe Robin, de son côté, aimait à rappeler à sa suite que Marie est ‘plus imitable qu’admirable’.

Vocation à la sainteté pour tous les fidèles

On doit aussi au Concile Vatican II l’audace d’avoir rappelé la vocation à la sainteté pour tous les fidèles. Toutes ces affirmations tendent vers une même conclusion : la sainteté ne se situe pas dans l’accomplissement d’actions héroïques réservées à quelques athlètes de la foi, comme certains récits le laissent parfois entendre en ne soulignant que les exploits des saints.

Ce n’est pas à l’apparence des actions que se mesure le degré de la sainteté mais à l’adéquation intérieure de notre conscience à la volonté de Dieu. Ce que le Seigneur nous demande à tel moment, c’est cela qu’il convient de faire : telle est la vraie sainteté. Sainteté cachée bien souvent, mais profondément réelle, et qui ne recherche pas l’approbation des hommes comme Jésus l’enseigne dans l’évangile : « Gardez-vous d’afficher votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d’eux ; ce serait perdre toute récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. […] Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt. 6, 1-4).

Ainsi, la sainteté nous unit à Dieu, ce qui se comprend aisément, puisque Dieu seul est Saint. Unis à Dieu, nous lui devenons semblables. La vie divine passe dans le concret de nos actions humaines. Nous entendons saint Paul nous expliquer en quoi consiste l’amour de Dieu qui entre dans nos vies, la charité comme animation intérieure de toutes nos attitudes extérieures, dans la 1ère Lettre aux chrétiens de Corinthe : « La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se rengorge pas ; elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout » (1 Co. 13, 4-7).

La fidélité, support de la fécondité

Après avoir évoqué cette dimension tout intérieure de la vie chrétienne et discerné la sainteté dont Marie a su si bien vivre, de façon si cachée et discrète, il nous faut terminer cette méditation en revenant encore au texte biblique du Livre de la Genèse. Dans le jour 3ème s’effectuent deux œuvres distinctes. La première, que nous avons commentée, concerne la séparation des eaux de la mer et de la terre sèche. La seconde mentionne l’apparition de la vie végétale sur la terre. Celle-ci devient le lieu de la fécondité. Les végétaux vont s’enraciner sur un socle où ils pourront exprimer la richesse de la vie que le Créateur a déposée en chacun d’eux selon son espèce. Cette fructification qui s’accomplit sur un tel déploiement de verdure, manifeste de façon visible le lien entre la stabilité et la fécondité. C’est la terre comme support stable qui pousse des pousses de végétaux, c’est elle qui les produit et c’est sur elle que les plantes et les arbres se développent après avoir enfoncé leurs racines. Si un jardinier s’avisait de déplacer les arbres qu’il a plantés un jour pour les replanter un autre jour et ainsi de suite durant plusieurs jours ou semaines, il serait bien étrange qu’il pût les voir s’épanouir et porter du fruit. C‘est que la fidélité est le support indispensable de la fécondité. La nature comme le texte biblique rejoignent le simple bon sens dans leur constat mutuel.

Sainteté de Saint Joseph

Dans son évangile, saint Matthieu présente le grand combat de Joseph le jour où celui-ci prend conscience que sa fiancée porte en elle un enfant. D’après le récit de saint Luc, Marie étant demeurée environ trois mois chez sa cousine Elisabeth, c’est à peu près à partir de son retour à Nazareth que Joseph découvre le fait. Nous pouvons aussi imaginer ce qui doit se passer dans la tête de Marie : bien que pleinement assurée de sa fidélité à Joseph, elle sait pourtant que celui-ci va en douter en la voyant. C’est un véritable combat spirituel : devoir soutenir le regard de Joseph et risquer d’être jugée, et non seulement jugée mais condamnée, sans avoir aucun moyen de défendre sa juste cause et son entière honnêteté. Quant à Joseph, il fut littéralement déchiré à l’intérieur de tout son être : celle en qui il avait mis toute sa confiance, celle qui représentait le trésor de sa vie et en dehors de qui rien n’avait de sens, l’avait purement et simplement trahi. Pire que cela, elle osait se présenter devant lui comme s’il pouvait rester indifférent à cet état de fait. Dans sa tête, toutes les interprétations les plus invraisemblables se présentaient et se bousculaient. Il ne pouvait absolument pas se résoudre à penser qu’elle avait abusé de sa naïveté et il se refusait à croire qu’elle pût être capable d’une telle attitude, connaissant la pureté et l’intégrité exceptionnelles de son cœur.

Aussi, renonçant à tous les droits qu’il avait sur elle de par sa qualité de fiancé, il résolut de la répudier sans bruit, comme dit l’évangéliste. Renoncer à Marie fut pour Joseph la plus grande souffrance de son existence, le drame le plus profond qu’on ne peut mesurer qu’à l’aune de la qualité de son amour pour elle. Et il le fit en la protégeant contre l’arbitraire définitif de la Loi de Moïse, qui consistait à la lapider. Ce déchirement ouvre une blessure terrible dans le cœur de Joseph. Une blessure qui anticipe celle du côté ouvert de cet enfant qui sera cloué un jour sur la croix pour sa fidélité à la promesse de Dieu. Et de même qu’Adam souffrit de la solitude au jour de sa création et que le Créateur vint combler celle-ci en tirant de son côté Eve comme son épouse, ainsi Joseph se trouve au centre de ces deux récits : celui de la création avec Adam et celui de la re-création avec le Nouvel Adam crucifié. Il convenait que pour accomplir sa mission de père du rédempteur, celui à qui l’ange avait dit : « Tu lui donneras comme nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt. 1, 21), connût lui aussi le mystère de la Croix à sa mesure.

Fécondité de Marie et Joseph

La fécondité de Marie et de Joseph est le fruit de la fidélité de Joseph à la Loi (il ne peut épouser une femme enceinte dont le fruit des entrailles ne relève pas de sa paternité) ainsi que de son respect envers un mystère qui le dépasse (il la répudie secrètement). Elle est aussi le fruit de la fidélité de Marie à la Parole de l’ange et de sa confiance dans le fait que Joseph sera éclairé par l’auteur de cette Parole. Dès avant sa naissance, le Christ est témoin et source à la fois d’une fidélité unique et exemplaire envers la Parole de Dieu. On perçoit de façon plus intense et aussi tout intérieure le prix de l’amour qui unit ces deux jeunes époux. Ils rayonneront jour après jour dans la vie ordinaire de Nazareth la qualité de cette charité divine, qui transfigure chaque geste et chaque regard échangés entre eux et avec l’enfant au milieu d’eux.

RESUME 3

Terre-mer : fidélité et fécondité

La fécondité de Marie est le fruit de sa fidélité à Dieu et à Joseph

Livre de la Genèse : 1, 9-13 « Et Dieu dit : Qu’elles se rassemblent les eaux qui sont sous le ciel en un assemblement unique et que soit visible ce qui est asséché, et il en fut ainsi. Et Dieu donna comme nom à ce qui est asséché, terre, et l’assemblement des eaux, il l’appela mer. Et Dieu vit comme cela était bon. Et Dieu dit : que poussent de la terre de jeunes pousses, de l’herbe germinatrice de germes, des arbres à fruit portant des fruits pour son espèce, porteur de germes sur la terre, et il en fut ainsi. Et la terre fit sortir une poussée d’herbe germinatrice de germes selon chacun et des arbres à fruit qui avaient des germes en eux selon chacun. Et Dieu vit comme cela était bon. Et il y eut un soir et il y eut un matin, jour troisième. »

Dieu a voulu manifester de façon visible et bien sensible cette vérité de l’amour entre les personnes en créant dans l’être humain l’admirable capacité à ne faire qu’un seul être dans la distinction de l’homme et de la femme. Et cet amour est à l’image de l’amour de Dieu. Il n’est pas réductible à une simple fonction biologique, car il est appelé à être habité par ce qui donne à l’être humain sa dignité, sa source de liberté et de respect : son intelligence et sa libre adhésion.

En Marie l’Esprit Saint accomplit les opérations divines. La fécondité divine épouse pour ainsi dire la fécondité humaine. Et cette fécondité humaine s’exprime précisément par une fécondité maternelle et de manière virginale.

Il y a une nouvelle étape à passer dans ce jour troisième que nous présente le texte biblique. Le jour 1er mettait en évidence la conscience avec laquelle l’homme apprend à vivre et juger ses choix. Le jour 2ème invitait à considérer le projet d’une vie à transfigurer par un choix libre. Le jour 3ème, quant à lui, place l’homme dans le réel et lui propose de construire sa vie, non pas dans le rêve ou l’illusion, mais dans le concret du quotidien. Or, la vie de Marie est tout empreinte d’un réalisme surprenant qui nous protège d’une quelconque interprétation mythologique. Les théologiens des 1ers siècles de l’Eglise ont pu dire que là où Marie est honorée, nul risque d’hérésie ne peut se développer concernant la foi en l’incarnation.

Dans son évangile, saint Matthieu présente le grand combat de Joseph le jour où celui-ci prend conscience que sa fiancée porte en elle un enfant. Renoncer à Marie fut pour Joseph la plus grande souffrance de son existence, le drame le plus profond qu’on ne peut mesurer qu’à l’aune de la qualité de son amour pour elle. La fécondité de Marie et de Joseph est le fruit de la fidélité de Joseph à la Loi (il ne peut épouser une femme enceinte dont le fruit des entrailles ne relève pas de sa paternité) ainsi que de son respect envers un mystère qui le dépasse (il la répudie secrètement). Elle est aussi le fruit de la fidélité de Marie à la Parole de l’ange et de sa confiance dans le fait que Joseph sera éclairé par l’auteur de cette Parole.

On perçoit de façon plus intense et aussi tout intérieure le prix de l’amour qui unit ces deux jeunes époux. Ils rayonneront jour après jour dans la vie ordinaire de Nazareth la qualité de cette charité divine, qui transfigure chaque geste et chaque regard échangés entre eux et avec l’enfant au milieu d’eux.


Lundi 1 Mars 2010
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