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6) Marie, Mère de Dieu, 5eme jour de la Création


 
 

Poissons de la mer et oiseaux du ciel : Recevoir la vie et la transmettre

Marie et Joseph, Mystère d’Alliance

Livre de la Genèse : 1, 20-23 « Et Dieu dit : Que grouillent les eaux en grouillement d’âmes vivantes, que vole ce qui vole au-dessus de la terre sur la face du firmament des cieux. Et Dieu créa les grands serpents de mer et tous les reptiliens vivants qui grouillent en les eaux selon leur espèce et tout ce qui vole ailes déployées selon son espèce et Dieu vit que cela était bon. Et Dieu les bénit en disant : fructifiez et multipliez et remplissez les eaux dans la mer, et ce qui vole, qu’il multiplie sur la terre. Et il y eut un soir et il y eut un matin, jour cinquième. »

La création par mode d’ornementation, initier l’humanité à cette réalité qu’est la Vie

Après avoir créé par mode de séparation, Dieu continue son œuvre par mode d’ornementation. Il a d’abord séparé la lumière et les ténèbres, puis les eaux d’en haut et les eaux d’en bas, et enfin la terre sèche de la masse des eaux. Le jour quatrième a paru comme un intermède charnière dans l’œuvre de la création en introduisant ce nouveau mode et aussi en ouvrant une dimension nouvelle par la référence au temps et à l’espace. Maintenant, Dieu pare la création de toutes sortes de vivants, après avoir commencé de planter le décor avec les arbres et les plantes. On passe ainsi du règne minéral, la pierre et la terre le 3ème jour, au règne végétal le même jour, puis du règne végétal au règne animal le 4ème jour. La vie organisée apparaît ainsi de façon plus manifeste. Il s’agit d’initier notre humanité à cette réalité qu’est la vie. Nous pouvons distinguer plus précisément ces différents règnes dans la création grâce à deux critères : le lieu d’existence et le mode de croissance. Concernant le lieu d’existence nous remarquons que les oiseaux, les poissons, les bestioles, les plantes et les pierres ne fréquentent pas les mêmes. Mais c’est surtout le lien avec le lieu d’existence qui permet de faire des distinctions. Ainsi, la pierre est caractérisée par son immobilité. C’est la raison pour laquelle on pose des pierres tombales sur les sépultures afin d’en préserver l’accès. La vitalité du minéral reste donc relativement limitée, même si l’on peut mettre en évidence l’énergie contenue dans le pétrole, la radiation dans l’uranium ou la vibration dans le quartz. Avec le végétal, on constate un enracinement dans le sol. Même si le mouvement est plus perceptible chez le végétal, celui-ci reste dépendant du milieu, le biotope, comme on l’appelle. Quant aux animaux, ils sont beaucoup plus indépendants par rapport au lieu d’existence puisqu’ils n’ont pas de racines qui les fixent au sol. On constate cependant un indispensable lien avec le biotope, puisque la gazelle ne vit pas sur la banquise. La variété des êtres vivants permet de remarquer combien de nuances peuvent être apportées à ces propos.

Le repas et l’unité conjugale

Pourquoi de telles considérations ? Parce qu’il nous faut toujours réfléchir en tenant compte des situations et des contextes au milieu desquels a vécu Marie avec Joseph et l’Enfant Jésus, si nous ne voulons pas faire d’erreurs dans l’appréciation de leurs décisions, choix de vie et témoignages. Nous pouvons donc continuer notre réflexion en distinguant maintenant chez les vivants le mode de croissance. La croissance s’effectue toujours chez le vivant grâce aux deux systèmes d’assimilation et de perpétuation, encore identifiés comme nutrition et reproduction. Le propre d’un vivant consiste bien à se nourrir et à se reproduire. La première activité est orientée vers le bien de l’individu, la seconde vers le bien de l’espèce. C’est pour soi que mange l’animal, et la reproduction assure la survie de l’espèce. Nous ne pouvons accueillir notre humanité en faisant fi de ces réalités partagées avec la vie animale. Les différentes civilisations ont toujours voulu considérer le repas et le mariage comme des moyens privilégiés de socialisation de l’individu. Toute vie de famille se construit invariablement autour de ces rencontres quotidiennes que représentent le repas et l’unité conjugale. Concernant la vocation spécifique de Marie et Joseph, la question se pose de savoir comment le Seigneur les invite à accueillir la vie et à la transmettre.

Repas pascal et mystère d’alliance

Dans cette méditation, voici ce que nous essaierons de découvrir : comment Marie a-t-elle pu percevoir la signification du nouveau repas pascal institué par son fils en présence des douze apôtres au soir du Jeudi Saint sans y être elle-même invitée ? Ou plutôt, de quelle manière fut-elle conviée à y participer ? Ainsi pourrons-nous mieux saisir l’enseignement de Jésus sur l’eucharistie et bénéficier de la foi dont Marie fit preuve en cette circonstance. D’un autre côté, nous ne pouvons pas non plus ignorer le fait que l’évangéliste saint Jean introduit la mission de Marie au cours des noces célébrées à Cana. Dans ce texte, le repas pascal et le mystère d’Alliance se trouvent tous deux intimement mêlés.

Pour mieux situer la nouveauté du mystère de la foi enseigné par Jésus, nous nous rappellerons les paroles en apparence très violentes et comme sans appel qu’il adresse à ses auditeurs, et plus particulièrement à ceux qui désirent le suivre : « Nul ne peut être mon disciple sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et jusqu’à sa propre vie » (Lc. 14, 26). Le recours au verbe haïr peut surprendre un auditeur non averti. Serait-ce que Jésus nous demande de renier nos proches parents ? Serait-ce que Jésus rejette les commandements de Dieu en abolissant le précepte « Tu honoreras ton père et ta mère » ? Et pourtant, il affirme bien ne pas abolir la Loi de Moïse, mais l’accomplir. Et là aussi nous devinons les questionnements de la Vierge Marie. Serait-ce que son fils conçu en elle de façon miraculeuse et virginale dénigrerait le mariage et l’institution familiale ? Les propos de Jésus ont souvent pour objectif de frapper l’attention des auditeurs en recourant au paradoxe. Tel est le cas en cette circonstance. Car Jésus ne nous demande pas de renier nos parents ni de les délaisser. Il enseignera même le contraire en répondant à ceux qui utilisent le prétexte facile de la consécration des biens à Dieu pour se dégager du devoir d’assistance envers les parents.

Le don d’une vie nouvelle, la Vie Incréée

Jésus vient donc nous révéler le don d’une vie nouvelle capable, de transformer cette vie présente de façon définitive et irrévocable. « Celui qui veut sauver sa vie la perdra et celui qui perd sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Lc. 9, 24). Vouloir conserver la vie reçue des parents, sans l’offrir à Dieu pour qu’il la féconde et la transforme, équivaut à la restreindre à la dimension de la seule existence terrestre. Par contre, donner sa vie au Seigneur signifie lui demander de la transformer pour qu’elle soit divinisée. Si notre vie humaine est divinisée, alors nous devenons semblables à Dieu et capables de converser avec lui, d’échanger avec lui cette vie dans un don d’amour où le Créateur et la créature ne font plus qu’un. N’est-ce pas ce que Jésus demande au Père dans la prière le soir de son arrestation à Géthsémani ? « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn. 17, 21). Mais comment peut-on offrir sa vie à Dieu pour qu’il la transforme ? Et comment Dieu peut-il transmettre cette vie nouvelle ?

Dans son entretien avec Nicodème, Jésus explique que nul ne peut voir le Royaume de Dieu sans naître de nouveau, sans renaître d’en haut. Saint Jean utilise à dessein une expression à double sens pour laisser entendre que cette nouvelle naissance est aussi une naissance d’en haut. Et Jésus de continuer en précisant : « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit » (Jn. 3, 6). Il vient de répondre à Nicodème en précisant que nul ne peut entrer dans le Royaume sans cette renaissance qui se réalise par l’eau et par l’esprit. Jésus se présente donc manifestement comme celui qui apporte à l’homme créé la vie d’en haut, vie incréée. D’où les énormes prétentions de Jésus. S’il apporte avec lui et en sa personne la vie de Dieu proprement inaccessible à l’homme, alors on comprend son insistance à préférer absolument la vie qu’il donne à celle que l’on possède. D’autre part, la vie créée reçue à notre naissance par nos parents est une nature inachevée, à la différence de la vie achevée des autres vivants que sont les animaux. Aucun animal n’a besoin d’être perfectionné dans son être pour recevoir son identité définitive. La vie de l’être humain, au contraire, ne trouve son achèvement définitif que dans l’union à Dieu. Comment ici-bas trouver le moyen d’unir notre vie inachevée à la vie parfaite de Dieu ?

Jésus Christ répandu et communiqué

L’institution du repas pascal répond à cette question, au moment où Jésus quitte ses apôtres et ce monde. Sa présence, limitée aux dimensions de son corps humain, va être désormais élargie à une nouvelle dimension. Cela répond à son besoin de nourrir les foules, à son désir de communiquer sa vie à la multitude. Comme l’exprime si bien J.B. Bossuet, «  l’Eglise c’est Jésus Christ répandu et communiqué ». Les apôtres sont choisis par Jésus pour répandre et communiquer sa vie et la communiquer en abondance. Ils sont réunis par lui, autour de lui, au soir du Jeudi Saint, afin de célébrer la Pâque selon son désir : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous » (Lc. 22, 15). Désormais, au travers du signe sacramentel du pain, le désir du Christ de s’unir à tout homme en vue de transformer sa vie va s’exprimer chaque fois que sera célébré ce mystère en mémorial de lui. Et sous le signe du vin s’exprimera ce même désir que rien, pas même la mort ni la souffrance, n’empêchera de se réaliser. Le sang versé manifestera que ni mort ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni aucune créature…, rien ne pourra plus séparer l’homme de l’Amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, comme le dira avec emphase l’apôtre Paul (Ro. 8, 38-39). Ce sera la réalisation parfaite de la Nouvelle Alliance.

A cette réalisation, les apôtres seront associés d’une manière unique et selon un choix particulier, celui d’agir et de parler au Nom de Jésus. Personne, s’il n’est appelé et choisi par le Christ, consacré par les successeurs des apôtres, ne peut agir avec la prétention de transmettre cette vie d’en haut, vie divine incréée, seule capable de transformer l’humanité non seulement inachevée, mais blessée. Telle est la transmission de la vie divine dans le monde par l’Eglise. Elle a commencé de se manifester à partir de la petite jeune fille de Nazareth, depuis son adhésion à la parole apportée par l’ange ; elle continue désormais selon la tradition apostolique telle que l’exprime saint Paul : « J’ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit : Ceci est mon corps qui est pour vous ; faites ceci en mémorial de moi. De même, après le repas, il prit la coupe en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; toutes les fois que vous en boirez, faites-le en mémorial de moi » (1èreCo. 11, 23-25). Or, Marie n’est pas présente lors de l’institution de l’eucharistie. Pourquoi le Christ a-t-il limité la diffusion de sa vie au choix des apôtres et de leurs successeurs, les évêques et les prêtres, sans y associer sa mère ni aucune autre femme ? Marie ne possède-t-elle pas tous les privilèges requis de la grâce pour exercer un tel ministère ? Ne s’estime-t-elle pas mise de côté, exclue de la vie de l’Eglise dès ses commencements ?

Le Mystère eucharistique, mystère divinement nuptial

Pour comprendre le mystère eucharistique tel que le Christ l’a voulu et institué, nous devons intégrer le fait qu’il est une communication de la vie divine. Or, la vie divine se transmet aussi, de façon analogique, comme la vie naturelle biologique. C’est donc un mystère nuptial, mais un mystère divinement nuptial tel que la pensée biblique l’a toujours préparé et annoncé : Dieu est l’époux de son peuple. Ainsi le prophète Osée place-t-il dans la bouche de Dieu les paroles d’un époux déçu par son épouse, mais terriblement amoureux d’elle : « Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse et dans l’amour ; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur » (Os. 2, 21-22). Et Isaïe de conclure : « Ton époux, c’est ton créateur » (Is. 54, 5). Aussi le rôle des apôtres doit-il se comprendre comme un rôle typiquement représentatif de l’époux qui donne sa vie. Or le Christ dit bien qu’il donne sa vie à travers le don de son Corps et de son Sang. Il s’agit donc bien du don sponsal de l’époux à l’épouse. Si le ministère ordonné est le signe de l’époux, il faudra bien que quelqu’un représente l’épouse. En l’occurrence, Marie est celle qui représente l’épouse, elle est la figure de l’Eglise participant aux noces dans un acte d’offrande qui lui permet de s’unir au don de l’époux. Il y a donc une distinction formelle entre le ministère ordonné que représentent les apôtres et la dignité baptismale que représente la Vierge Marie. Le Concile Vatican II expliquera cette distinction en précisant la différence ‘non pas tant de degré, mais de nature’ (LG 10). Cette différence ne signifie pas une priorité selon un ordre de valeur, mais une distinction dont l’analogie est celle de la différence homme/femme, tous deux égaux en dignité devant Dieu.

Si les ministres ordonnés agissent d’une façon particulière dans le déroulement de la liturgie, les fidèles baptisés agissent eux aussi d’une manière propre, dont la Vierge Marie est le modèle par sa prière. La liturgie l’exprimera symboliquement dès le début, en précisant que le chœur est le lieu réservé à l’action des ministres ordonnés « Nul ne peut entrer à n’importe quelle heure dans le sanctuaire, sans la préparation due, ne portant pas les vêtements pontificaux, sans avoir préparé les offrandes et s’être rendu propice à Dieu » (Origène, Hom. Lev. 9, 1). Etrangement, on retrouve la notion d’espace et d’enracinement dans un lieu, qui s’apparente à celle du biotope telle qu’on l’a précisée précédemment. Mais il nous faut maintenant expliquer la place et l’intercession de Marie dans la liturgie.

La place et l’intercession de Marie dans la liturgie

Jean Gerson, théologien parisien du 15ème siècle, évoque cette vocation de Marie de la façon suivante : « Au soir du Jeudi Saint, sans avoir reçu le caractère de l’office sacerdotal qu’avait reçu Judas, Marie, à ce moment, et avant et après, fut plus que ses compagnons ointe pour le sacerdoce royal, non pour consacrer, mais pour offrir cette hostie pure, pleine et parfaite sur l’autel de son cœur, où brûlait toujours le feu de l’holocauste » (Traité 9 sur le Magnificat). Pour mieux entrer dans la compréhension de ces paroles, nous nous reporterons à l’enseignement de l’évangile dans l’épisode des noces de Cana (Jn. 2, 1-12).

L’évangéliste saint Jean situe d’abord la scène dans le contexte de la fête de Pâque, célébrée chaque année à Jérusalem par les fils d’Israël, selon le commandement du Seigneur. Marie est mise en avant, bénéficiant d’une préséance certaine par rapport à son fils Jésus. Alors que le vin manque, elle prend l’initiative de s’adresser à Jésus pour le lui faire remarquer. On s’interroge sur cette façon de faire. Que désigne ici le vin ? Il s’agit évidemment du vin des noces. Mais selon l’interprétation que l’on donnera de ces noces, la compréhension du vin ne sera pas la même. Si l’on en reste à une lecture historique du texte de l’évangile, on risque de comprendre que Jésus avait quelque lien avec un négociant en vin. L’incongruité d’une telle lecture oblige à entrer dans une interprétation spirituelle de l’événement. En ce cas, le vin des noces désigne sans aucun doute l’Esprit Saint, auteur de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l’humanité. Il s’agit bien des noces entre l’époux divin et son peuple, comme l’annonçaient les prophètes. Pourquoi Marie intervient-elle à ce moment et pourquoi elle plutôt qu’une autre personne ?

En réalité, seule Marie pouvait percevoir la raison profonde de la situation, parce qu’elle seule bénéficie du privilège de la plénitude de la grâce dont manque cruellement l’humanité pour répondre à l’invitation des noces. Ce qu’elle peut vivre avec Dieu, elle demande à son fils que les hommes puissent le vivre eux aussi comme elle. On peut dire que, sans la médiation de Marie, sans sa prière d’intercession, nous ne savons pas demander à Dieu ce qu’il nous faut. Jésus répond à sa mère en des termes qui ont été parfois mal compris. Quand Jésus appelle Marie ‘Femme’,il ne s’agit pas d’une attitude hautaine, mais d’une allusion évidente à son heure, celle de la croix où, là aussi, Jésus appellera sa mère ‘Femme’ (Jn. 19, 26). Et là encore, le terme renvoie au Livre de la Genèse quand Adam accueille son épouse comme celle tirée de son côté en lui donnant le nom de Femme (Gn. 2, 23). Sur la Croix, Jésus est le nouvel Adam blessé au côté. Marie se tient là près de lui. Elle se tient près de l’époux qui donne sa vie pour son épouse, l’Eglise, comme à chaque eucharistie.

A la suite de la Vierge Marie, l’assemblée chrétienne assume un véritable rôle d’intercession en faveur de l’humanité entière, pour tous les hommes sans exception et plus particulièrement pour tous ceux qui ignorent totalement la venue des noces de Dieu avec les hommes. La prédication de Jésus tournée entièrement vers la proclamation du Royaume de Dieu – « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est proche » (Mt. 4, 17) – est désormais reprise par l’Eglise. Celle-ci invite les hommes à se tourner avec confiance vers le Christ, en répétant les paroles de la Vierge Marie : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! » (Jn. 2, 5). C’est précisément cette action liturgique que l’Eglise accomplit désormais à travers l’offertoire de la messe, où chacun vient offrir toutes les activités de sa vie pour les unir à l’offrande du Christ. Comme l’explique Benoît XVI dans l’exhortation apostolique ‘le sacrement de l’amour’ « L’Eucharistie, en tant que sacrifice du Christ, est également le sacrifice de l‘Eglise, et donc des fidèles. L’insistance sur le sacrifice - rendre sacré – dit ici toute la densité existentielle impliquée dans la transformation de notre réalité humaine saisie par le Christ » (SC 70). Cette participation à l’offrande d’amour de Jésus, Marie fut la première à la vivre et elle continue de nous apprendre à la vivre, pour que l’amour de Jésus transfigure tous les instants de notre vie.

RESUME

Poissons de la mer et oiseaux du ciel : Recevoir la vie et la transmettre

Marie et Joseph éducateurs de l’Enfant Jésus

Livre de la Genèse : 1, 20-23 « Et Dieu dit : Que grouillent les eaux en grouillement d’âmes vivantes, que vole ce qui vole au-dessus de la terre sur la face du firmament des cieux. Et Dieu créa les grands serpents de mer et tous les reptiliens vivants qui grouillent en les eaux selon leur espèce et tout ce qui vole ailes déployées selon son espèce et Dieu vit que cela était bon. Et Dieu les bénit en disant : fructifiez et multipliez et remplissez les eaux dans la mer, et ce qui vole, qu’il multiplie sur la terre. Et il y eut un soir et il y eut un matin, jour cinquième. »

Maintenant, Dieu pare la création de toutes sortes de vivants, après avoir commencé de planter le décor avec les arbres et les plantes. On passe ainsi du règne minéral, la pierre et la terre le 3ème jour, au règne végétal le même jour, puis du règne végétal au règne animal le 4ème jour. La vie organisée apparaît ainsi de façon plus manifeste. Il s’agit d’initier notre humanité à cette réalité qu’est la vie.

Les différentes civilisations ont toujours voulu considérer le repas et le mariage comme des moyens privilégiés de socialisation de l’individu. Toute vie de famille se construit invariablement autour de ces rencontres quotidiennes que représentent le repas et l’unité conjugale. Concernant la vocation spécifique de Marie et Joseph, la question se pose de savoir comment le Seigneur les invite à accueillir la vie et à la transmettre.

La vie créée, reçue à notre naissance par nos parents, relève de la nature inachevée, à la différence de la vie achevée des autres vivants que sont les animaux. Aucun animal n’a besoin d’être perfectionné dans son être pour recevoir son identité définitive. La vie de l’être humain, au contraire, ne trouve son achèvement définitif que dans l’union à Dieu. Comment ici-bas trouver le moyen d’unir notre vie inachevée à la vie parfaite de Dieu ?

Le Christ enseigne qu’il donne sa vie à travers le don de son Corps et de son Sang. Il s’agit donc bien du don sponsal de l’époux à l’épouse. Si le ministère ordonné est le signe de l’époux, il faudra bien que quelqu’un représente l’épouse. En l’occurrence, Marie est celle qui représente l’épouse, elle est la figure de l’Eglise participant aux noces dans un acte d’offrande qui lui permet de s’unir au don de l’époux. A la suite de la Vierge Marie, l’assemblée chrétienne assume un véritable rôle d’intercession en faveur de l’humanité entière, pour tous les hommes sans exception et plus particulièrement pour tous ceux qui ignorent totalement la venue des noces de Dieu avec les hommes.

C’est précisément cette action liturgique que l’Eglise accomplit désormais à travers l’offertoire de la messe, où chacun vient offrir toutes les activités de sa vie pour les unir à l’offrande du Christ.
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Lundi 1 Mars 2010
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