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3) Marie, Mère de Dieu, 2eme jour de la Création.


 

Eaux d’en haut et eaux d’en bas : Vie surnaturelle et Liberté La foi accueille la vie nouvelle donnée par Dieu

Livre de la Genèse : 1, 6-8 « Et Dieu dit : ‘Que soit un firmament au-dessus des eaux’ et il y eut une séparation entre les eaux et les eaux. Et Dieu fit un firmament et il sépara entre les eaux qui sont dessous le firmament et les eaux qui sont dessus le firmament. Et il fut ainsi. Et Dieu donna comme nom au firmament ciel. Et il y eut un soir et il y eut un matin, jour deuxième. »

Puissance créatrice de la Parole

Nous avons vu hier combien la foi de Marie se situait non pas tant dans l’apprentissage à obéir à la Parole de Dieu que dans l’acceptation à en vivre toute la force et toute l’exigence malgré les oppositions et les incompréhensions de son entourage. La foi est l’accueil d’une Parole de Dieu, qui n’est pas la parole de l’homme. Saint Paul dit : « Nous ne cessons de rendre grâce à Dieu de ce que, une fois reçue la Parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’hommes, mais comme ce qu’elle est réellement, la Parole de Dieu. » (I Th. 2, 13). Cette Parole possède une puissance insoupçonnée, que nous voyons se déployer dans sa fonction créatrice. Et souvent dans l’évangile reviendra ce constat, relatif à l’enseignement donné par Jésus : « Il enseignait avec puissance et non pas comme les scribes. Et ceux qui l’écoutaient étaient bouleversés » (Mt. 7, 28-29).

Marie a donc vécu toute l’implication apportée par la nouveauté de l’enseignement du Christ. C’est de cette nouveauté que nous voulons traiter aujourd’hui.

Mode de Création par séparation

En lisant le texte de la Genèse, nous percevons l’insistance sur le mode de création, qui se fait par séparation. Déjà dans le 1er jour, on assistait à la séparation entre la lumière et les ténèbres. Dans ce 2ème jour, on voit que Dieu crée en séparant les eaux d’en haut et les eaux d’en bas. Cette distinction va permettre un mouvement en créant un espace. La révélation biblique nous parle d’un Dieu qui n’a rien de statique ni de figé, d’un être en perpétuelle action et non seulement en train d’agir, mais en train de faire agir. Il y a ceci de surprenant dans la langue hébraïque, c’est qu’il existe un mode de conjugaison verbale traduisant le fait que le sujet fait faire quelque chose à un autre que lui-même. C’est le principe de subsidiarité. Ce Dieu que nous percevons derrière ces paroles de vie est un Dieu qui ouvre de l’espace à l’existence et qui se réjouit de voir agir l’œuvre qu’il crée. Un espace est donc créé entre deux sources de vie, le firmament apparaît entre la vie d’en bas et la vie d’en haut. Que signifie le firmament dans la pensée biblique et à quoi fait allusion la distinction des eaux d’en bas et des eaux d’en haut ?

Le Psaume 19 fait l’éloge de la Loi de Dieu qui illumine l’intelligence de l’homme par le don de la sagesse. Il nous apprend que le firmament est le lieu privilégié où Dieu manifeste ses œuvres : « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » . Il est comme une toile sur laquelle se dessine peu à peu l’esquisse de tous ses projets. Aujourd’hui on peut imaginer cela facilement grâce à la technique informatique. Quand un écran s’éclaire pour nous introduire sur un site Internet, les lignes apparaissent peu à peu pour tracer devant nous le paysage dans lequel les informations sont diffusées. En ouvrant l’espace du firmament, Dieu ouvre pour nous une page nouvelle sur laquelle nous allons travailler, collaborant à son œuvre créatrice. Saint Paul a eu l’art d’exprimer cette vérité en nous laissant percevoir toute la profondeur du mystère qui allie la liberté humaine et la Providence divine : « Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions » (Eph. 2,10).

Un chemin d’accès vers la liberté

Cette participation à l’œuvre de Dieu n’est possible, bien entendu, que dans la mesure où la liberté de l’homme est reconnue. Le second jour de la création met donc en évidence la liberté comme un chemin d’accès de la créature vers une destinée que son Créateur lui ouvre. Une question se pose maintenant pour nous-mêmes, mais également en ce qui concerne la Vierge Marie. Lorsque le Seigneur vient la visiter par l’intermédiaire de l’ange pour lui demander d’être la Mère du Sauveur, sa liberté est-elle vraiment respectée, ou bien Marie n’a-t-elle absolument pas d’autre choix que de dire oui ? Car si elle est libre, dans la mesure où elle répond non, elle devient responsable de l’empêchement au Salut pour l’humanité. Elle est donc pour ainsi dire prise en otage et obligée en conscience de dire oui. Sa liberté n’est donc pas totalement respectée et il semble que Dieu n’ait donné de liberté que pour aller dans son sens à lui. Peut-on parler d’une liberté si celle-ci n’a d’autre usage que de se rallier au projet d’autrui ? La liberté se réduit alors à une stricte obéissance. On pourrait aller jusqu’à dire que Dieu nous donne ses biens dans la mesure où ils sont réinvestis pour son seul profit.

[A une certaine époque, et il n’y a pas si longtemps encore, on préférait laisser aux enfants le choix de se faire baptiser à l’âge de raison pour respecter leur liberté d’adhérer à la foi de leurs parents. On estimait que les baptiser sans leur accord personnel ne respectait pas leur capacité de choisir le Christ en conscience. De fait, on ne peut obliger personne à croire en Dieu et au message de la foi. C’est le principe de la liberté religieuse défendu et reconnu par le Concile Vatican II dans le Décret ‘Dignitatis humanae’ : « C’est un des points principaux de la doctrine catholique, contenu dans la Parole de Dieu et constamment enseigné par les Pères, que la réponse de foi donnée par l’homme à Dieu doit être volontaire ; en conséquence, personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré lui. Par sa nature même, en effet, l’acte de foi a un caractère volontaire puisque l’homme, racheté par le Christ Sauveur et appelé par Jésus Christ à l’adoption filiale, ne peut adhérer au Dieu révélé que si, attiré par le Père, il met raisonnablement et librement sa foi en Dieu. Il est donc pleinement conforme au caractère propre de la foi qu‘en matière religieuse soit exclue toute espèce de contrainte de la part des hommes » (D.H. 10).

Il est tout à fait louable de respecter ainsi la dignité de la personne humaine dans sa capacité à choisir son bien propre. En ce qui concerne les petits enfants à baptiser, il convient de préciser que ces derniers n’ont pas l’âge de raison et, pour ce motif, leurs parents restent tenus en conscience de décider pour eux. C’est là que pêchait gravement l’argumentation trompeuse : on ne peut appliquer le respect de la liberté religieuse à des enfants incapables de faire un choix éclairé. On voit, au passage, le lien indissociable entre l’acte de choix et l’intelligence, entre la liberté et la raison. Continuant notre argumentation, de même en effet que les parents décident pour leurs enfants de leur donner l’existence en les concevant sans leur demander leur avis, ce qui est bien impossible, de même ils doivent décider, dans la mesure où ils professent la foi de l’Eglise, de baptiser leurs enfants. D’une autre façon, on peut aussi arguer que les parents sont seuls responsables quand il s’agit de décider du bien de leurs enfants et que, dans la mesure où le baptême est un bien, ce n’est nullement une violation de la liberté que de leur donner accès à la foi. Par contre, si l’on estime que le baptême est un fardeau, alors on est de ce fait plus enclin à hésiter à le conférer à quelqu’un d’autre. Cette fausse problématique, on le voit bien, était issue de milieux religieux où la foi et l’appartenance à l’Eglise relevaient davantage d’une remise en question que d’une adhésion heureuse.

Or le projet de Dieu ne représente pas un fardeau ni une entrave à la liberté de l’homme, et en l’occurrence à celle de la Vierge Marie dans son adhésion au message de l’ange, mais bien plutôt un achèvement de la liberté. Dans l’acte de créer l’homme, Dieu a voulu permettre à celui-ci d’accéder à sa fin, à sa destinée de bonheur, par un acte personnel qui vient de lui comme créature libre. En donnant la liberté à l’homme, Dieu lui donne la capacité de participer de façon pleinement responsable à la réalisation de son être.

Les eaux d’en haut : accéder à la vie surnaturelle par l’Eglise

C’est là qu’apparaît plus clairement aussi le sens de l’expression biblique touchant les eaux d’en bas et les eaux d’en haut. Les eaux d’en bas représentent la vie naturelle donnée par Dieu à chacun de nous à travers le relais de nos parents. Les eaux d’en haut représentent, quant à elles, la vie surnaturelle à laquelle Dieu veut nous faire accéder, moyennant l’exercice de notre liberté. Et de même que nos parents ont été et sont le relais de la vie qu’ils transmettent de la part du Créateur, de même l’Eglise apparaît comme le moyen de la grâce pour accéder à la vie surnaturelle. Et nous savons que cette grâce nous est transmise par le sacrement du baptême. C’est donc la vie surnaturelle que l’Eglise transmet dans sa fonction maternelle, qui s’exerce aussi dans l’éducation de la foi. Car de même que toute mère nourrit son enfant et en prend soin jusqu’à ce qu’il soit autonome dans l’accès à ses moyens de subsistance, ainsi l’Eglise a la charge de transmettre la foi et de la faire grandir, ce qui s’accomplit dans la suite des sacrements de l’initiation, la confirmation et l’eucharistie, où la foi reçue au baptême est fortifiée et nourrie.

La Vierge Marie se trouve donc appelée à répondre à la plénitude du don reçu, elle dont la liberté n’est pas blessée comme la nôtre par la désobéissance originelle. La liberté que Dieu lui a donnée se trouve pleinement respectée et honorée par cette demande que Dieu lui adresse. Et si l’on regarde de près le texte de l’évangile de saint Luc, on constate qu’il n’y a pas véritablement de demande de la part de l’ange envoyé par Dieu. Il s’agit plutôt d’une révélation. L’ange lui fait part de ce qu’elle porte en elle comme destinée : « Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et voici que tu vas concevoir en ton sein et que tu vas enfanter un fils et tu lui donneras comme nom Jésus » (Lc. 1, 30-31). Dans cette parole, nulle demande n’est adressée à Marie. C’est bien plus une révélation. On ne demande pas son avis à cette jeune vierge. D’ailleurs, si elle est fiancée, c’est bien le signe qu’elle a désiré être mère et qu’elle y a réfléchi en acceptant ce statut de future épouse, donc de future mère.

On a souvent interprété la question de Marie : « Comment cela sera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » (Lc. 1, 34), comme l’expression d’un vœu de virginité, sachant que le verbe connaître dans l’usage biblique et dans ce contexte, signifie l’union conjugale des époux. Il n’est peut-être pas opportun de traiter cette question ici, mais on peut penser que Marie demande simplement à l’ange quel est le moment pour commencer la vie commune avec Joseph. L’ange Gabriel, le même, le signifiera à Joseph au cours d’un songe, quand celui-ci, voyant Marie enceinte avant d’avoir mené la vie commune, eût décidé de ne pas la garder comme épouse (Mt. 1, 18-25).

L’accomplissement de Marie

Nous en sommes revenus à ce premier combat spirituel évoqué hier, quand Marie doit faire preuve d’une foi qui dépasse totalement la compréhension humaine. Cette foi de Marie s’enracine dans la liberté que Dieu lui a donnée comme moyen d’accomplir sa vocation. On dirait aujourd’hui, s’accomplir. Tout le monde cherche en effet à accomplir sa vie. Mais en Marie on voit mieux que cet accomplissement n’est pas le fruit d’une œuvre personnelle. Le bonheur proposé par notre monde reste toujours un produit élaboré par la main de l’homme. Que ce soient des biens matériels : de quoi manger et boire, non seulement en suffisance ou abondance, mais en qualité ; de quoi se vêtir et se loger dignement et confortablement, voire de façon ostentatoire ; ou des biens moins matériels : de quoi s’instruire et se distraire ; de quoi réussir dans la vie sociale et professionnelle jusqu’à parfois en imposer aux autres. Bref, nous voulons réussir notre vie. Marie n’a-t-elle pas été tentée de réussir sa vie face aux autres ?

Que signifie pour Marie accomplir sa vocation ? Cette liberté que Dieu nous donne à chacun trouve en réalité son accomplissement dans l’obtention du bien pour lequel elle nous est donnée. Nous confondons souvent liberté et libre arbitre, c’est à dire moyen d’obtenir un bien et possibilité d’agir comme bon nous semble. La liberté, ce don précieux reçu de Dieu, est le moyen unique par lequel nous pouvons unir notre vie à la vie divine. Le firmament est l’espace qui unit les eaux d’en bas et les eaux d’en haut, en même temps qu’il les sépare. En Marie, qui est pleine de la grâce de Dieu, nous pouvons dire que le firmament ne sépare pas mais unit les eaux. Tandis que pour nous qui sommes blessés par le péché, le firmament, notre liberté, au lieu d’unir, sépare. Au lieu de nous unir à Dieu, l’usage de notre liberté nous en sépare, tandis qu’en Marie, c’est Dieu lui-même qui s’unit à notre humanité. Il est tout à fait remarquable, d’ailleurs, de constater que ce jour deuxième n’est pas reconnu bon d’emblée, à la différence de tous les autres. C’est le choix de l’homme qui le fait devenir bon ou non.

La liberté dans laquelle l’homme a été créé n’est donc pas un libre choix par lequel nous décidons ce que doit être notre bonheur, mais le moyen par lequel nous pouvons accueillir le bonheur que Dieu veut nous donner et pour lequel il nous a créés. Ce n’est pas parce que j’estime que mon bonheur consiste à engloutir dix kilos de chocolat que je dois user de ma liberté pour acquérir dix kilos de chocolat. Par contre, ce qui fait mon bonheur, je n’en ai pas la connaissance, car cette connaissance dépasse mes capacités. En effet, ce qui fait mon bonheur n’est rien d’autre que la connaissance de Dieu en personne comme Jésus le révèle dans sa prière du Jeudi Saint, avant son arrestation à Gèthsémani : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi, [Père], seul véritable Dieu, et ton envoyé, Jésus Christ » (Jn. 17, 3).

Accueillir librement le projet de Dieu

En accueillant le projet de Dieu manifesté par l’ange à son égard, Marie finalise parfaitement sa liberté. Avec elle, nous comprenons que l’homme est fait pour Dieu et que s’il accueille Dieu dans sa vie, il entre dans la perfection de son existence, tandis que s’il n’accueille pas ce projet divin sur lui, il reste dans l’incomplétude et l’inachèvement. L’accueil de cette révélation est ce qu’il y a de plus difficile pour l’homme et surtout pour l’homme riche de ses compétences. Jésus a plusieurs fois mis en garde ses disciples contre le manque de liberté dû à la possession de richesses matérielles ou intellectuelles : « Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux » (Mt. 19, 24). Aux scribes, docteurs et connaisseurs patentés de la Loi, il expliquera leur réticence à croire en son message par leur incapacité à comprendre le mystère de l’Amour de Dieu, qui dépasse toute connaissance : « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde » (Jn. 8, 23). De façon explicite, Jésus reprend les mots du texte biblique de la Genèse que nous avons choisi pour distinguer la vie d’en bas de la vie d’en haut.

Quel est donc le combat spirituel auquel Marie se trouve affrontée ? Nous avons vu que pour elle il n’y a pas de rupture dans sa relation à Dieu. Sa liberté s’accomplit dans l’accueil de la révélation du mystère. Ce mystère, c’est que Dieu a choisi d’être uni pour toujours à notre humanité, ce que résume parfaitement bien le Concile Vatican II : « En vérité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (G. S. n° 22). Et le combat spirituel mené par la Vierge Marie est aussi notre combat : celui de notre présence à Dieu qui nous habite.

L’itinéraire intérieur de la Foi

Tout au long de sa vie, Marie a été sans cesse sollicitée par le Seigneur de l’intérieur pour mieux correspondre à la mission qui lui était confiée : être la Mère du Sauveur. Elle aurait pu s’en tenir à accueillir béatement les événements et à se laisser guider par eux. Elle aurait pu s’en tenir à la facilité d’une foi un peu aveugle, se disant : Puisque Dieu est l’auteur de ce miracle merveilleux et étonnant de la conception virginale, laissons-le faire, laissons-le continuer d’agir sans nous inquiéter. Nous risquons en effet d’interpréter la vie de Marie comme une vie très superficielle, comme allant de soi, puisqu’elle se confie tellement en la puissance de la grâce de Dieu. N’avons-nous pas expliqué hier en effet qu’au moment où elle apprenait sa maternité par la bouche d’Elisabeth, au lieu de s’inquiéter de son statut social si risqué, elle entonnait les louanges du Seigneur en chantant le Magnificat ?

Est-ce vraiment le fond du cœur de Marie que cette insouciance permanente ? Ou bien son attitude intérieure n’est-elle pas tout autre ? On voit en d’autres circonstances que Marie cherche plutôt à correspondre à ce qu’elle vit, à ce que le Seigneur lui demande de vivre. Comme nous l’avons souligné précédemment, elle ne reçoit pas benoîtement le message de l’ange. Elle se demande ce que signifie cette salutation. Puis elle demande comment se fera l’accomplissement de cette Parole de Dieu. Puis encore, au lieu de rester à regarder les mouches voler, pourrait-on dire, une fois l’ange parti, elle va en toute hâte chez sa cousine Elisabeth. Et encore, le trait particulier de Marie est souligné à deux reprises par saint Luc : « Elle conserve avec soin tous les souvenirs, les médite en son cœur » (Lc. 2, 19 et 51). Elle ne cesse de chercher à comprendre. Mais surtout, on la voit tout inquiète de la disparition de son enfant à Jérusalem le jour de la rencontre avec les docteurs de la Loi dans le Temple : « …Ton père et moi nous te cherchons, angoissés » (Lc. 2, 48).

Et plus tard encore, elle suivra Jésus de loin, écoutant son enseignement, mais entendant aussi toutes sortes de choses sur son compte, plus ou moins heureuses. Ainsi Jésus sera-t-il taxé de folie, d’imposture, accusé de blasphémer. Face à toutes ces accusations, même si la confiance de Marie n’est pas ébranlée, sa raison cherche toujours à mieux comprendre ce que Jésus vit et enseigne, comme elle avait déjà commencé de le faire avec Joseph au retour de la fugue apparente de l’enfant. Marie doit sans cesse revenir à l’intérieur de son cœur, de sa conscience. Elle doit sans cesse évaluer les faits qui se déroulent devant elle en fonction de la parole qui lui a été dite par l’ange. Elle doit faire l’effort constant d’éclairer la réalité quotidienne par la lumière de la foi reçue au jour de l’Annonciation. De même pour nous. Si nous voulons tenir bon dans la foi comme Marie, dans cet incessant combat spirituel qui lui a permis à la fin de se tenir présente au pied de la Croix, nous devons chaque jour en nous-mêmes refaire l’itinéraire intérieur de la foi de notre baptême, par la prière et la méditation de la Parole de Dieu, par le Rosaire, prière préférée de Notre Dame.

Qu’elle nous soutienne dans ce chemin de la foi.

RESUME 2

Eaux d’en haut et eaux d’en bas : Vie surnaturelle et Liberté

La foi accueille la vie nouvelle donnée par Dieu

Livre de la Genèse : 1, 6-8 « Et Dieu dit : ‘Que soit un firmament au-dessus des eaux’ et il y eut une séparation entre les eaux et les eaux. Et Dieu fit un firmament et il sépara entre les eaux qui sont dessous le firmament et les eaux qui sont dessus le firmament. Et il fut ainsi. Et Dieu donna comme nom au firmament ciel. Et il y eut un soir et il y eut un matin, jour deuxième. »

Le Psaume 19 fait l’éloge de la Loi de Dieu qui illumine l’intelligence de l’homme par le don de la sagesse. Il nous apprend que le firmament est le lieu privilégié où Dieu manifeste ses œuvres : « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » . Il est comme une toile sur laquelle se dessine peu à peu l’esquisse de tous ses projets. Aujourd’hui on peut imaginer cela facilement grâce à la technique informatique.

Une question se pose pour nous-mêmes, mais également en ce qui concerne la Vierge Marie. Lorsque le Seigneur vient la visiter par l’intermédiaire de l’ange pour lui demander d’être la Mère du Sauveur, sa liberté est-elle vraiment respectée, ou bien Marie n’a-t-elle absolument pas d’autre choix que de dire oui ? Car si elle est libre, dans la mesure où elle répond non, elle devient responsable de l’empêchement au Salut pour l’humanité. Elle est donc pour ainsi dire prise en otage et obligée en conscience de dire oui. Sa liberté n’est donc pas totalement respectée et il semble que Dieu n’ait donné de liberté que pour aller dans son sens à lui. Peut-on parler d’une liberté si celle-ci n’a d’autre usage que de se rallier au projet d’autrui ? La liberté se réduit alors à une stricte obéissance.

De fait, on ne peut obliger personne à croire en Dieu et au message de la foi. C’est le principe de la liberté religieuse défendu et reconnu par le Concile Vatican II dans le Décret ‘Dignitatis humanae’. Or le projet de Dieu ne représente pas un fardeau ni une entrave à la liberté de l’homme, et en l’occurrence à celle de la Vierge Marie dans son adhésion au message de l’ange, mais bien plutôt un achèvement de la liberté. Marie se trouve donc appelée à répondre à la plénitude du don reçu, elle dont la liberté n’est pas blessée comme la nôtre par la désobéissance originelle. La liberté que Dieu lui a donnée se trouve pleinement respectée et honorée par cette demande que Dieu lui adresse.

En accueillant le projet de Dieu manifesté par l’ange à son égard, Marie finalise parfaitement sa liberté. Avec elle, nous comprenons que l’homme est fait pour Dieu et que s’il accueille Dieu dans sa vie, il entre dans la perfection de son existence, tandis que s’il n’accueille pas ce projet divin sur lui, il reste dans l’incomplétude et l’inachèvement. L’accueil de cette révélation est ce qu’il y a de plus difficile pour l’homme et surtout pour l’homme riche de ses compétences.

Si nous voulons tenir bon dans la foi comme Marie, dans cet incessant combat spirituel qui lui a permis à la fin de se tenir présente au pied de la Croix, nous devons chaque jour en nous-mêmes refaire l’itinéraire intérieur de la foi de notre baptême, par la prière et la méditation de la Parole de Dieu, par le Rosaire, prière préférée de Notre Dame.


Lundi 1 Mars 2010
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