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Sainte Jeanne Delanoue, fêtée le 17 Août

Notre rubrique " Ils méritent d'être connus, vous présente tout au long de l'année les 482 saints canonisés par Jean-Paul II. Découvrez-les avec nous, au fil de l'année, comme des compagnons et des amis. L'Eglise nous les propose dans la communion des saints, car...ils méritent d'être connus!


Quand la Vierge Marie confirme une béatification....
 
Avant d'être canonisée par Jean-Paul II, Jeanne Delanoue fut, c'est le processus normal, béatifiée, le 9 novembre 1947. 

Ce qu'on ignore, c'est que sa béatification précéda une apparition mariale où Marie déclara, en réponse à une question, qu'elle venait là, à l'Ile-Bouchard, parce que Jeanne Delanoue y était passée. « C’est parce qu’il y a ici des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée. », déclare Marie en ce 11 décembre 1947.
 
 
Remontons le temps
 
Marie apparaît le 8 décembre 1947 à l'Ile-Bouchard, dans un contexte historique perturbé. On parle de l'invasion possible de la France par les Communistes, qui ont pris déjà le contrôle de l'Europe de l'Est et pourraient profiter de temps troublés. La France est en état d'insurrection. Dans un village de la Drôme, une mystique, Marthe Robin, à qui son père spirituel, le Père Finet, confie l'angoisse de la situation, répond que la prière des enfants et la Vierge Marie sauveront la France. Au même moment, plusieurs jours d'affilé, Marie apparaît aux enfants de l'Ile-Bouchard et leur demande d'intercéder et de prier.
Il est intéressant de noter ces " interactions" entre Marie, l'Ile-Bouchard, Marthe Robin à Châteauneuf-de-Galaure et Jeanne Delanoue. Une autre "interaction" notable est celle de Saint Louis Marie Grignion de Montfort, contemporain de Jeanne Delanoue. Les Saints vivent d'une communion dont ils nous donnent par l'Eglise le témoignage surnaturel et réconfortant. Ainsi, Grignion de Montfort confirma Jeanne Delanoue dans sa mission au service des pauvres et dans sa vie mystique, qui n'était pas ordinaire. Et Montfort sera canonisé lui aussi en 1947. Le point commun de toutes ces " interactions" réside dans la dévotion à Marie.
 
 

Témoignage de Sœur Solange, de la Communauté des Sœurs de Jeanne Delanoue à Sainte-Maure-de-Touraine (en 2005) source: site de l'Ile Bouchard.

"Personnellement, il me semble que plus de cinquante cinq ans après les évènements de 1947, lorsqu’on lit le récit des apparitions, on peut se demander pourquoi avoir pensé que la Vierge Marie pouvait apparaître à cause de Jeanne Delanoue ?

Je pense qu’il faut savoir qu’il y avait seulement quelques semaines que Jeanne Delanoue fondatrice de la congrégation des sœurs de Ste Anne avait été béatifiée à Rome. A l’époque les béatifications et les canonisations étaient rares ! c’était un grand événement ! Une petite délégation de supérieures était allée à Rome et avait rapporté des photos et raconté le déroulement de la cérémonie. Dans les mois suivants des fêtes allaient avoir lieu à Saumur. On parlait beaucoup de cet événement dans les paroisses où il y ait des sœurs de Ste-Anne. Pour marquer dans l’histoire de la congrégation cette année 47, et dans le sillage de Jeanne Delanoue qui allait chercher lumière et courage aux pieds de Notre-Dame des Ardilliers, mère Ste Maria supérieure générale avait demandé que toutes les communautés de la congrégation, le soir du 8 décembre 1947 se consacrent au cœur immaculé de Marie (voir archive n° 6 ci-dessous). Cette consécration s’est renouvelée pendant des années.

 
 
 

               Le curé de l’Ile-Bouchard était forcément au courant, et comme il n’arrivait pas à croire et à comprendre pourquoi Marie apparaissait dans son église, il n’est pas surprenant qu’il se soit demandé s’il pouvait y avoir un lien avec Jeanne Delanoue. C’est la question qu’il fait poser à Jacqueline, mais Marie prend les devants et dit avant que Jacqueline ait parlé de J. Delanoue : "c’est parce qu’il y a ici des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passé".

 
 
 

      Voilà ce que je voulais dire : je pense qu’il est relativement important de savoir qu’en Novembre- Décembre 1947 on parlait beaucoup de Jeanne Delanoue !"

 
Mais qui est-elle donc, cette sainte hors-cadre?
 
Voilà une sainte qui fut fort décriée de son temps et dont la béatification mit du temps. Hors cadre, Jeanne Delanoue douta elle-même de son charisme et de sa vocation, et de l'authenticité de sa vocation. C'est Saint Louis Marie Grignion de Montfort qui la conforta, comme nous le disions plus haut. Dans son livre sur les apparitions de l'Ile-Bouchard, Philippe Anthonioz précise:
 
"Mais on peut aussi penser que la présence à l’Ile Bouchard des Sœurs de Sainte-Anne de la Providence de Saumur, Congrégation fondée par Jeanne Delanoue en 1706, suffisait à établir une belle concordance.

Il se trouve en outre, que Jeanne Delanoue venait d’être béatifiée par Pie XII, trois semaines avant les Apparitions. Ainsi commence l’allocution que le Saint Père donna à Castelgandolfo aux pèlerins venus pour la béatification, le 10 novembre 1947 (Documents pontificaux de S.S. Pie XII Année 1947. Ed. St Augustin. St Maurice, 1961) :

L’écho vibrait encore du sermon fameux que Bossuet avait, en 1659, prononcé dans la chapelle de la Providence, en présence du « père des pauvres » Vincent de Paul, arrivé au soir de sa vie, quand naquit 7 ans plus tard, le 28 juin 1666, Jeanne Delanoue, que ses contemporains appelèrent spontanément la « mère des pauvres », comme ils appelèrent sa maison la Providence. Sa vie allait être le commentaire, l’illustration vivante du titre que Bossuet avait donné à son discours : « l’éminente dignité des pauvres dans l’église ».
 
L'encouragement d'un autre saint : Saint Louis Marie Grignion de Montfort
 
 
 

On note aussi dans la vie de sainte Jeanne Delanoue qu’elle fut visitée par saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Et ce ne fut pas une simple visite de courtoisie ! Le saint prêtre rencontra Jeanne Delanoue au sanctuaire de Notre-Dame des Ardilliers en la fête de la Nativité de la Sainte Vierge. Or l’histoire nous apprend que, ce jour-là, fut signée définitivement, dans l’âme de Jeanne Delanoue, par l’inspiration de Grignon de Montfort, la naissance de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Anne de la Providence (R. Darricau, B. Peyrous, J. de Viguerie. Sainte Jeanne Delanoue, servante des pauvres. Ed. C.L.D. Tours, 1982, p. 37) :

Une œuvre de cette ampleur ne pouvait se développer sans tension... Le passage de saint Louis Marie Grignon de Montfort aux Ardilliers, le 8 septembre 1706, fut l’occasion d’une clarification décisive.
 « Ma sœur, continuez ce que vous avez commencé... C’est véritablement l’esprit de Dieu qui vous inspire de faire ces grands jeûnes. C’est votre vocation. Agissez librement en toutes rencontres. »  Ainsi parfaitement rassurée, Jeanne put suivre sans aucune hésitation l’appel intérieur à l’amour des pauvres. Rien plus ne l’arrêta. »
 Sainte Jeanne Delanoue fut canonisée le 31 octobre 1982 par le pape Jean-Paul II, qui déclara dans son homélie : "Jeanne Delanoue gardera une familiarité mystique avec la Vierge Marie. Et l’exemple du jeune Père Grignion de Montfort ne pouvait que l’encourager dans cette voie." Philippe ANTHONIOZ, Le 8 décembre 1947 - Marie apparaît à L'Ile Bouchard - Le message de Notre Dame de la Prière, Paris, O.E.I.L., 1989, 272 pages.page 162-163
 
  
Ainsi, Jean-Paul II, qui avait fait de la devise de Grignion de Montfort, sa propre devise et sa règle de vie, souligne la dévotion mariale commune de ces deux saints, leur " familiarité mystique avec la Vierge Marie" étant confirmée par Marie elle-même...
  
Un beau " contexte de sanctification"
  
Voici ce que Jean-Paul II pense de Jeanne Delanoue et de son " contexte de sanctification":
  
"D’abord de telles canonisations posent une question à vos communautés diocésaines ou nationales. Est-ce que la sainteté d’un homme, d’une femme, prêtre, religieux, laïc, pourrait facilement s’y épanouir aujourd’hui? Y serait-elle préparée, accueillie, soutenue? J’entends bien: la sainteté est une œuvre de l’Esprit Saint, agissant comme le vent qui “souffle où il veut”, de façon imprévisible, et la réponse de l’intéressé s’exprime avec une telle originalité qu’elle se heurte souvent, sur le moment, à l’incompréhension, voire à l’hostilité d’une partie de l’entourage. Ces épreuves font partie intégrante de la vie des saints. Mais nous savons aussi que l’âme des saints y est généralement disposée par tout un courant religieux qui l’a éduquée dans ses profondeurs et lui permet de trouver des points d’appui. C’était bien le cas dans ce XVIIe siècle français, avec saint Vincent de Paul, le Cardinal de Bérulle, Monsieur Olier, et tant d’autres, qui préparaient ou recueillaient les fruits d’une floraison religieuse très profonde, en écho à la réforme du Concile de Trente. Et de même, au début du XVIIIe, avec notamment saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Demeurez fiers, chers amis français, de ces grandes heures de votre histoire et, dans l’espérance, efforcez-vous d’en préparer de nouvelles pages dans le contexte d’aujourd’hui, en soutenant les vocations personnelles à la sainteté et en entretenant aussi des communautés chrétiennes vivantes qui en seront l’humus nécessaire. "(...)
 
Un visage de tendresse qui révèle la bonté de Dieu
  
"Et vous, Sœurs de Jeanne Delanoue, fondée comme Servantes des Pauvres sous le nom de Sainte-Anne de la Providence, si votre nombre est actuellement plus modeste, je sais que vous apportez un témoignage et une entraide de grande qualité en France, à Madagascar où vous commencez à susciter des vocations missionnaires pour l’Indonésie. Vous êtes la voix des “sans voix” que sont les pauvres, les malades, les personnes âgées, les lépreux, les handicapés, les migrants, les clochards, des villes et des campagnes, qu’il s’agisse des familles à visiter, des enfants à instruire, ou des indigents à recueillir en hospice. Pour tous, vous êtes à la fois un visage de tendresse qui révèle la bonté de Dieu, une main secourable qui aide à se relever et à marcher, une parole qui évangélise."
  
De l'avarice à la charité vraie
  
L'oeuvre de Jeanne Delanoue résida en sa propre conversion: elle tenait une petite mercerie prospère. Elle n'était pas pieuse mais fort imprégnée de jansénisme. Elle passe par une période où elle se confesse régulièrement parce qu'elle se croit damnée. Et elle tient boutique ouvert le dimanche! Un sermon sur la miséricorde commence à la changer intérieurement et elle prend le prédicateur pour confesseur. Il obtient qu'elle ferme le dimanche et s'occupe un peu mieux de son âme.
 La rencontre avec une femme de foi, Françoise Souchet, pauvre parmi les pauvres, et habitée par l'Esprit Saint, fait basculer Jeanne du côté des pauvres. Françoise Souchet annonce à Jeanne qu'il lui faut s'occuper des pauvres. Est-ce contagion de l'Esprit? Jeanne vit une véritable conversion, et entre aussi dans une vie mystique, avec des extases au cours desquelles la Vierge Marie lui montre ce que le Seigneur attend d'elle auprès des pauvres.
  
Fondation des soeurs de Sainte Anne, servantes des pauvres
  
A partir de là, Jeanne Delanoue ouvre sa maison aux plus pauvres. rapidement, cela ne suffit plus et elle se laisse happer par la mission auprès des pauvres. D'autres la rejoignent. les conditions de vie sont difficiles et improvisées, mais rien n'arrête Jeanne, ni les critiques, ni les difficultés matérielles, ni le nombre croissant de pauvres, d'enfants abandonnés, de femmes en perdition qui viennent à elle. Elle les visite chez eux, en cette période de grande pauvreté et misère. En effet, sa congrégation nait d'un besoin social, alors que la plupart des fondations de cette époque sont issues de la contre-réforme. Voici un tableau des conditions de vie des pauvres de l'époque:« Comme elle recherchait toujours les plus pauvres maisons, elle entra dans une vieille masure où elle trouva une pauvre femme qui était couchée sur un bouchon de chaume, où sa pauvre chemise était toute pourrie sur sa peau, et son pauvre mari, qui avait un mal à une jambe, qui ne pouvait pas remuer : outre cela, ils étaient gelés de froid, car ils n'avaient ni bois, ni pain, ni lit. Tout cela s'est passé en 1693. »
  
 Sa congrégation s'étend : en 1736, date de sa mort, elle a déjà fondé 11 communautés. Son originalité est aussi d'avoir fondé un Hôpital-général, sans autre appui que celui de donateurs. Sa congrégation, tout comme celle fondée au Canada par Marguerite Bourgeoys à la même époque, n'est pas une congrégation de femmes cloîtrées, mais de femmes qui se dévouent dans le monde là où se trouvent les urgences de la charité.
  
Une conception de la charité basée sur le respect des pauvres et de la Sainte Famille
  
Jeanne Delanoue base son action auprès des pauvres sur la Sainte Famille, et partant, sur un respect qui rend leur dignité à ces personnes délaissées en les rattachant à le dignité de Marie et Joseph et de Jésus. Elle leur permet ainsi de retrouver le chemin de l'humanisation par le rappel de l'image divine en eux.
  
« Quand elle entrait en ces pauvres maisons qu'elle appelait de pauvres étables, elle se représentait la crèche où était notre divin Enfant Jésus ; aussi elle appelait les pères et mères des « Joseph » et des « Marie » ; elle avait soin de faire des langes pour emmaillotter ces « petits Jésus ».
 
  
 
  
  
  
  
 
 

Jeudi 11 Mars 2010
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