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Pape François : la Joie de l'Evangile, ( Evangelii Gaudium), l'accompagnement ne doit pas être une thérapie enfermante mais une joie.



Le pape François dans son texte Evangelii Gaudium, texte" décoiffant" au ton personnel, formateur, complet...et joyeux, aborde la question de l'accompagnement. Il en donne la définition la plus positive : un art, pour mûrir dans la vie chrétienne, conduisant vers Dieu. Au passage, François souligne deux fois le fait que l'accompagnement ne doit pas devenir une " sorte de thérapie" et précise pourquoi. Un thème de François récurrent que nous avons déjà abordé. On verra dans sa définition de la recherche immanentiste de soi une aide pour discerner les erreurs des techniques psycho-spirituelles. ( Immanentisme = centrage sur soi, auto-réalisation) )
Voici le passage d'Evangelii Gaudium :

L’accompagnement personnel des processus de croissance
169. Dans une civilisation paradoxalement blessée par l’anonymat et, en même temps, obsédée par les détails de la vie des autres, malade de curiosité morbide, l’Église a besoin d’un regard de proximité pour contempler, s’émouvoir et s’arrêter devant l’autre chaque fois que cela est nécessaire. En ce monde, les ministres ordonnés et les autres agents pastoraux peuvent rendre présent le parfum de la présence proche de Jésus et son regard personnel. L’Église devra initier ses membres – prêtres, personnes consacrées et laïcs – à cet “art de l’accompagnement”, pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre (cf. Ex 3, 5). Nous devons donner à notre chemin le rythme salutaire de la proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne.

170. Bien que cela semble évident, l’accompagnement spirituel doit conduire toujours plus vers Dieu, en qui nous pouvons atteindre la vraie liberté. Certains se croient libres lorsqu’ils marchent à l’écart du Seigneur, sans s’apercevoir qu’ils restent existentiellement orphelins, sans un abri, sans une demeure où revenir toujours. Ils cessent d’être pèlerins et se transforment en errants, qui tournent toujours autour d’eux-mêmes sans arriver nulle part. L’accompagnement serait contreproductif s’il devenait une sorte de thérapie qui renforce cette fermeture des personnes dans leur immanence, et cesse d’être un pèlerinage avec le Christ vers le Père.

171. Plus que jamais, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui, à partir de leur expérience d’accompagnement, connaissent la manière de procéder, où ressortent la prudence, la capacité de compréhension, l’art d’attendre, la docilité à l’Esprit, pour protéger tous ensemble les brebis qui se confient à nous, des loups qui tentent de disperser le troupeau. Nous avons besoin de nous exercer à l’art de l’écoute, qui est plus que le fait d’entendre. Dans la communication avec l’autre, la première chose est la capacité du cœur qui rend possible la proximité, sans laquelle il n’existe pas une véritable rencontre spirituelle. L’écoute nous aide à découvrir le geste et la parole opportune qui nous secouent de la tranquille condition de spectateurs. C’est seulement à partir de cette écoute respectueuse et capable de compatir qu’on peut trouver les chemins pour une croissance authentique, qu’on peut réveiller le désir de l’idéal chrétien, l’impatience de répondre pleinement à l’amour de Dieu et la soif de développer le meilleur de ce que Dieu a semé dans sa propre vie. Toujours cependant avec la patience de celui qui connaît ce qu’enseignait saint Thomas : quelqu’un peut avoir la grâce et la charité, mais ne bien exercer aucune des vertus « à cause de certaines inclinations contraires » qui persistent.
En d’autres termes, le caractère organique des vertus se donne toujours et nécessairement “in habitu”, bien que les conditionnements puissent rendre difficiles les mises en œuvre de ces habitudes vertueuses. De là la nécessité d’« une pédagogie qui introduise les personnes, pas à pas, à la pleine appropriation du mystère ».
Pour atteindre ce point de maturité, c’est-à-dire pour que les personnes soient capables de décisions vraiment libres et responsables, il est indispensable de donner du temps, avec une immense patience. Comme disait le bienheureux Pierre Fabre : « Le temps est le messager de Dieu ».

172. Celui qui accompagne sait reconnaître que la situation de chaque sujet devant Dieu et sa vie de grâce est un mystère que personne ne peut connaître pleinement de l’extérieur. L’Évangile nous propose de corriger et d’aider à grandir une personne à partir de la reconnaissance du caractère objectivement mauvais de ses actions (cf. Mt 18, 15), mais sans émettre des jugements sur sa responsabilité et sur sa culpabilité (cf. Mt 7, 1 ; Lc 6, 37). Dans tous les cas, un bon accompagnateur ne cède ni au fatalisme ni à la pusillanimité. Il invite toujours à vouloir se soigner, à se relever, à embrasser la croix, à tout laisser, à sortir toujours de nouveau pour annoncer l’Évangile. L’expérience personnelle de nous laisser accompagner et soigner, réussissant à exprimer en toute sincérité notre vie devant celui qui nous accompagne, nous enseigne à être patients et compréhensifs avec les autres, et nous met en mesure de trouver les façons de réveiller en eux la confiance, l’ouverture et la disposition à grandir.

173. L’accompagnement spirituel authentique commence toujours et progresse dans le domaine du service de la mission évangélisatrice. La relation de Paul avec Timothée et Tite est un exemple de cet accompagnement et de cette formation durant l’action apostolique. En leur confiant la mission de s’arrêter dans chaque ville pour « y achever l’organisation » (Tt 1, 5 ; cf. 1 Tm 1, 3-5), il leur donne des critères pour la vie personnelle et pour l’action pastorale. Tout cela se différencie clairement d’un type quelconque d’accompagnement intimiste, d’autoréalisation isolée. Les disciples missionnaires accompagnent les disciples missionnaires.



Mardi 26 Novembre 2013
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