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Dieu se lie jusqu’à la Croix, Benoît XVI


 

Dans son livre sur Paul, Apôtre de l’Unité, [1] le Pape Benoît XVI retrace l’Alliance selon saint Paul. Nous citons l’extrait " Dieu se lie jusqu’à la Croix" dans ce parcours sur la Miséricorde Divine en ce temps de Carême de l’année Saint Paul.

Dieu se lie jusqu’à la Croix

Avant tous ces textes ( de l’Ancien Testament), il y a la très mystérieuse histoire de l’Alliance conclue avec Abraham, dans laquelle le patriarche, selon l’usage en Orient, partage en deux moitiés les animaux pour le sacrifice. Les partenaires de l’Alliance passaient au milieu des animaux partagés, et ce ritual avait force d’engagement imprécatoire : si je viens à rompre l’Alliance, que m’advienne la même sort qu’à ces animaux. Dans une vision, Abraham aperçoit comme un brasier fumant et un brandon enflammé- représentation de la théophanie-passant entre les quartiers d’animaux. Dieu scelle l’Alliance en se portant lui-même garant de la fidélité par un symbole de mort sans qu’il y ait le moindre doute. Mais Dieu peut-il mourir ? Peut-il se punir lui-même ?

L’exégèse chrétienne a dû voir dans ce texte un signe mystérieux et jusqu’alors indéchiffrable de la croix, sur laquelle Dieu, dans la mort de son Fils, se porte garant du caractère indestructible de l’Alliance et se livre absolument aux mains des hommes. ( Jn 25, 1-21)

L’amour pour sa créature fait partie de la nature de Dieu, et de cette nature, découle son libre choix de se lier, qui va le pousser jusque sur la croix. Partant du caractère inconditionnel de l’agir de Dieu, dans la perspective de la Bible, jaillit ainsi une vraie bilatéralité, qui sourd de la foi en Christ en tant que celui qui accomplit les promesses, par les deux notions d’incarnation de Dieu et de divinisation de l’homme.

L’engagement que Dieu s’impose à lui-même passe donc par le don de l’Ecriture comme parole astreignante, jusqu’au moment où Dieu se lie, dans son être même, à la créature humaine en assumant la nature humaine. Ce qui signifie, vice versa, que le rêve originel de l’homme se réalise et que l’homme devient " comme Dieu" : dans cet échange des natures, qui constitue l’image essentielle de la Christologie, le caractère inconditionnel de l’Alliance divine s’est mué en une bilatéralité définitive.

(….)

Si l’on dit de l’homme qu’il est image de Dieu, cela veut dire qu’il est un être créé en relation, qu’à travers et au coeur même de toutes ses relations, il est en quête de la relation qui est le fondement de son existence.

Alors, l’Alliance est la réponse de Dieu à l’homme en tant qu’être créé à son image et à sa ressemblance ; en elle, nous saisissons avec clarté qui nous sommes, et qui est Dieu : pour lui, qui est fondamentalement relation, l’Alliance ne serait pas alors quelque chose qui se situerait en dehors de l’histoire, étrangère à son être, mais la manifestation de ce qu’il est lui-même, " la splendeur de son visage".

Benoît XVI, in Paul, Apôtre de l’Unité, p 89 à 93


Notes

[1] éditions médiaspaul, 2008


Lundi 1 Mars 2010
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