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Marie, consentement d’amour : vers l’Assomption, 11


 

Suite à Marie, de la Résurrection à la Pentecôte

Les Pères de l’Eglise et la signification du rôle de Marie

Parlant du Rédempteur, Saint Paul l’a comparé à Adam, par lequel le péché est entré dans le monde, alors que par la mort de Jésus, la grâce et la justice y sont revenus ( Rm 5). Les Pères ont continué l’analogie et ont établi un parallèle entre Eve et Marie. Toutes deux sont vierges, toutes deux écoutent la parole d’un messager mais la première accueille ainsi la désobéissance et la seconde l’obéissance. En prêtant attention à celui qui est " menteur et homicide dès le début", Eve engendre la mort. En accueillant le message du Père, Marie va se mettre sous l’emprise de l’Esprit et concevoir le Fils, qui est la Vie. R. Laurentin exprime une idée, que Saint Justin et Saint Irénée développent de la façon la plus vigoureuse, la signification du rôle de Marie. [1]

Ce rôle est inaugural à la manière de celui d’Eve, la Vierge obéissante annulant la désobéissance de la première vierge, et pouvant devenir ainsi l’avocate de cette dernière. Jean Galot cite Jean le Géomètre ( Xe siècle), saint Bernard de Clairveaux ( 1153) et surtout son disciple Arnauld de Chartres ( 1156) qui montre l’importance de l’offrande mariale : " le Christ immolait sa chair, Marie son âme" [2] Il s’agit d’une communion et d’un consentement d’amour, d’union profonde avec l’unique Rédempteur. Il n’y avait pas de nécessité pour que le plan divin associât ainsi Marie mais la Trinité Sainte l’a voulu et Marie est entrée dans une obéissance de communion, ce qui fera qu’elle jouera un rôle éminent dans la Rédemption subjective, comme nous le verrons dans la suite de notre parcours.

Le Magistère confirme le rôle singulier de Marie

Si nous nous bornons au XXe siècle, Pie X dans l’encyclique Ad Diem Illum parle de la " communion douloureuse et d’angoisse entre Marie et son Fils" [3]. Pie XII affirme que " par la volonté de Dieu, la Bienheureuse Marie a été indissolublement unie au Christ dans l’oeuvre de la Rédemption humaine", dans l’encyclique Haurietis Aquas. [4] Dans Lumen Gentium, ( chapître 8, nn°51-52), le concile Vatican II a décrit la " coopération sans pareille" de Marie " par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité(…), un rôle subordonné , [ certes, puisque] aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe Incarné et Rédempteur". J-M Garrigues montre que Jean-Paul II a poursuivi le développement doctrinal initié et cadré par le Concile, à la suite de Paul VI. [5] Durant la catéchèse du 9 Avril 1997, le Pape précise ce rôle de coopératrice singulière : " le concours de Marie s’est réalisé lors de l’événement même au calvaire et au titre de " Mère" ; il s’étend donc à la totalité de l’oeuvre salvifique du Christ. Elle seule est associée de cette façon à l’offrande rédemptrice qui a apporté le salut de tous les hommes. En union avec le Christ et soumise à Lui, Elle a collaboré pour obtenir la grâce du salut à l’humanité toute entière." Et Jean-Paul II d’ajouter : " La participation de la Mère du Sauveur à la Rédemption de l’humanité représente un fait unique et sans égal". [6]

La Femme associée à l’oeuvre du Salut : l’amour d’une Mère

Le plan du Salut est celui de la Trinité Sainte. L’unique Rédempteur est le verbe de Dieu incarné, le Christ Jésus, qui a mérité par son sacrifice d’amour son triomphe glorieux . La coopération de Marie, Dieu aurait pu la vouloir " passive", par exemple de simple consentement à être la Mère du Christ. Il l’a voulu active, éminente, d’amour, associant la femme à l’oeuvre du Salut et la rétablissant dans toute sa splendeur et sa dignité d’origine. C’est ainsi que tout le parcours terrestre et celeste de Marie converge vers l’Assomption :

" Marie, compagne généreuse du divin Rédempteur" a mérité " d’être élevée corps et âme à la gloire céleste" , comme le dit la constitution apostolique Munificentissimus Deus. [7] Elle a mérité également pour son rôle dans l’oeuvre salvifique de son Fils de devenir "la digne médiatrice aggréée auprès du Rédempteur." [8] Nous developperons ceci dans la suite de notre parcours sur la Rédemption subjective. Par Marie, la femme est associée à l’oeuvre du Salut et y apporte, sous l’emprise de l’Esprit Saint qui guide Marie en tout, l’amour d’une Mère.


Notes

[1] R. LAURENTIN, Cours Traité sur la Vierge Marie, Paris, Lethielleux, 1967. 211 et sq

[2] J. GALOT, Marie corédemptrice, controverses et problèmes doctrinaux, " Esprit et Vie", 15, 1995

[3] PIE X, Ad Diem Illum, 1904

[4] PIE XII, Haurietis Aquas, 1955

[5] J.M GARRIGUES, un développement en cours du dogme marial, " nova et vetera" 1998.

[6] JEAN-PAUL II, Marie dans le mystère du Christ et de l’Eglise, Parole et Silence, 1998.

[7] PIE XII, Munificentissimus Deus, 1950

Pie XII :Constitution apostolique " Munificentissimus Deus "

Définissant le dogme de l’Assomption

1er novembre 1950

Alors, puisque l’Eglise universelle, en laquelle vit l’Esprit de vérité, cet Esprit qui la dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des véntés révélées, a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et puisque les évêques du monde entier, d’un sentiment presque unanime, demandent que soit définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie - vérité qui s’appuie sur les Saintes Lettres et ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée depuis la plus haute antiquité par le culte de l’Eglise, en parfait accord avec les autres vérités révélées, démontrée et expliquée par l’étude, la science et la sagesse des théologiens - nous pensons que le moment, fixé par le dessein de Dieu dans sa Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie.

Nous, qui avons confié Notre pontificat au patronage particulier de la Très Sainte Vierge, vers qui Nous Nous réfugions en tant de vicissitudes des plus tristes réalités, Nous qui avons consacré à son Coeur Immaculé le genre humain tout entier en une cérémonie publique, et qui avons éprouvé souvent sa très puissante assistance, Nous avons une entière confiance que cette proclamation et définition solennelle de son Assomption apportera un profit non négligeable à la société humaine, car elle tournera à la gloire de la Très Sainte Trinité à laquelle la Vierge Mère de Dieu est unie par des liens tout particuliers. Il faut, en effet, espérer que tous les fidèles seront portés à une piété plus grande envers leur céleste Mère ; que les âmes de tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens, seront poussées au désir de participer à l’unité du Corps mystique de Jésus-Christ et d’augmenter leur amour envers Celle qui, à l’égard de tous les membres de cet auguste corps, garde un coeur maternel. Et il faut également espérer que ceux qui méditent les glorieux exemples de Marie se persuaderont de plus en plus de quelle grande valeur est la vie humaine si elle est entièrement vouée à l’accomplissement de la volonté du Père céleste et au bien à procurer au prochain ; que, alors que les inventions du " matérialisme " et la corruption des moeurs qui en découle menacent de submerger l’existence de la vertu et, en excitant les guerres, de perdre les vies humaines, sera manifesté le plus clairement possible, en pleine lumière, aux yeux de tous, à quel but sublime sont destinés notre âme et notre corps ; et enfin que la foi de l’Assomption céleste de Marie dans son corps rendra plus ferme notre foi en notre propre résurrection, et la rendra plus active.

Ce Nous est une très grande joie que cet événement solennel arrive, par un dessein de la Providence de Dieu, alors que l’Année Sainte suit son cours, car ainsi nous pouvons, pendant la célébration du très grand Jubilé, orner le front de la Vierge Mère de Dieu de ce brillant joyau et laisser un souvenir plus durable que l’airain de Notre piété très ardente envers la Mère de Dieu.

C’est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la vierge Marie, pour l’honneur de son Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l’exultation de l’Eglise tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste.

C’est pourquoi, si quelqu’un - ce qu’à Dieu ne plaise - osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique.

Et pour que Notre définition de l’Assomption au ciel de la Vierge Marie dans son corps parvienne à la connaissance de l’Eglise universelle, Nous voulons que Nos lettres apostoliques présentes demeurent pour en perpétuer la mémoire, ordonnant que les copies qui en seront faites, ou même les exemplaires qui en seront imprimés, contresignés de la main d’un notaire public, et munis du sceau d’une personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent foi absolument auprès de tous, comme le feraient les présentes Lettres elles-mêmes si elles étaient exhibées ou montrées.

Qu’il ne soit permis à qui que ce soit de détruire ou d’attaquer ou contredire, par une audacieuse témérité, cet écrit de Notre déclaration, décision et définition. Si quelqu’un avait la présomption d’y attenter, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, l’année du très saint Jubilé mil neuf cent cinquante, le premier novembre, en la fête de tous les Saints, de Notre pontificat la douzième année.

[8] LEON XIII, Fidentem Priumque, 1896


Mercredi 21 Avril 2010
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