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Le rosaire propre à Marie : souvenirs et contemplation de la Vierge.

Extraits de l'encyclique du bienheureux Jean-Paul II sur le Rosaire.



Comment Marie récitait-elle son rosaire à elle ?

Marie, Madone de la Paix, Fra Angelico
Marie, Madone de la Paix, Fra Angelico

 11. Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor: « Elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19; cf. 2, 51). Les souvenirs de Jésus, imprimés dans son esprit, l'ont accompagnée en toute circonstance, l'amenant à parcourir à nouveau, en pensée, les différents moments de sa vie aux côtés de son Fils. Ce sont ces souvenirs qui, en un sens, ont constitué le “rosaire” qu'elle a constamment récité au long des jours de sa vie terrestre.

 


Le récit d'évangélisatrice de Marie et de l'Eglise.

Fra Angelico, le couronnement de la Vierge
Fra Angelico, le couronnement de la Vierge
Et maintenant encore, parmi les chants de joie de la Jérusalem céleste, les motifs de son action de grâce et de sa louange demeurent inchangés. Ce sont eux qui inspirent son attention maternelle envers l'Église en pèlerinage, dans laquelle elle continue à développer la trame de son “récit” d'évangélisatrice. Marie propose sans cesse aux croyants les “mystères” de son Fils, avec le désir qu'ils soient contemplés, afin qu'ils puissent libérer toute leur force salvifique. Lorsqu'elle récite le Rosaire, la communauté chrétienne se met en syntonie avec le souvenir et avec le regard de Marie.

Le Rosaire, prière contemplative au rythme calme.

Benoît XVI en train de méditer le rosaire
Benoît XVI en train de méditer le rosaire

 

12. C'est précisément à partir de l'expérience de Marie que le Rosaire est une prière nettement contemplative. Privé de cette dimension, il en serait dénaturé, comme le soulignait Paul VI: « Sans la contemplation, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation court le danger de devenir une répétition mécanique de formules et d'agir à l'encontre de l'avertissement de Jésus: “Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens; ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup, ils se feront mieux écouter” (Mt 6, 7). Par nature, la récitation du Rosaire exige que le rythme soit calme et que l'on prenne son temps, afin que la personne qui s'y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur, vus à travers le cœur de Celle qui fut la plus proche du Seigneur, et qu'ainsi s'en dégagent les insondables richesses ».14

Il convient de nous arrêter sur la pensée profonde de Paul VI, pour faire apparaître certaines dimensions du Rosaire qui en définissent mieux le caractère propre de contemplation christologique. 


Se souvenir du Christ avec Marie

La Vierge Marie en prière, Dürer
La Vierge Marie en prière, Dürer

 

13. La contemplation de Marie est avant tout le fait de se souvenir. Il faut cependant entendre ces paroles dans le sens biblique de la mémoire (zakar), qui rend présentes les œuvres accomplies par Dieu dans l'histoire du salut. La Bible est le récit d'événements salvifiques, qui trouvent leur sommet dans le Christ lui-même. Ces événements ne sont pas seulement un “hier”; ils sont aussi l'aujourd'hui du salut. Cette actualisation se réalise en particulier dans la liturgie: ce que Dieu a accompli il y a des siècles ne concerne pas seulement les témoins directs des événements, mais rejoint par son don de grâce l'homme de tous les temps. Cela vaut aussi d'une certaine manière pour toute autre approche de dévotion concernant ces événements: « en faire mémoire » dans une attitude de foi et d'amour signifie s'ouvrir à la grâce que le Christ nous a obtenue par ses mystères de vie, de mort et de résurrection.


Le rosaire se situe dans le panorama multicolore de la prière incessante de l'Eglise;

Jean-Paul II priant le rosaire
Jean-Paul II priant le rosaire
C'est pourquoi, tandis qu'il faut rappeler avec le Concile Vatican II que la liturgie, qui constitue la réalisation de la charge sacerdotale du Christ et le culte public, est « le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et en même temps la source d'où découle toute sa force »,15 il convient aussi de rappeler que la vie spirituelle « n'est pas enfermée dans les limites de la participation à la seule sainte Liturgie. Le chrétien, appelé à prier en commun, doit néanmoins aussi entrer dans sa chambre pour prier son Père dans le secret (cf. Mt 6, 6) et doit même, selon l'enseignement de l'Apôtre, prier sans relâche (cf. 1 Th 5, 17) ».16 Avec sa spécificité, le Rosaire se situe dans ce panorama multicolore de la prière “incessante” et, si la liturgie, action du Christ et de l'Église, est l'action salvifique par excellence, le Rosaire, en tant que méditation sur le Christ avec Marie, est une contemplation salutaireNous plonger en effet, de mystère en mystère, dans la vie du Rédempteur, fait en sorte que ce que le Christ a réalisé et ce que la liturgie actualise soient profondément assimilés et modèlent notre existence. 

Par Marie, apprendre le Christ : apprendre à le connaître Lui.

Par L'Esprit Saint et Marie, apprendre à connaître le Christ
Par L'Esprit Saint et Marie, apprendre à connaître le Christ

 

14. Le Christ est le Maître par excellence, le révélateur et la révélation. Il ne s'agit pas seulement d'apprendre ce qu'il nous a enseigné, mais d'apprendre à le connaître Lui”. Et quel maître, en ce domaine, serait plus expert que Marie? S'il est vrai que, du point de vue divin, l'Esprit est le Maître intérieur qui nous conduit à la vérité tout entière sur le Christ (cf Jn 14, 26; 15, 26; 16, 13), parmi les êtres humains, personne mieux qu'elle ne connaît le Christ; nul autre que sa Mère ne peut nous faire entrer dans une profonde connaissance de son mystère.


Se mettre à l'école de Marie pour lire le Christ.

Se mettre à l'école de Marie pour lire le Christ.
Se mettre à l'école de Marie pour lire le Christ.

Le premier des “signes” accomplis par Jésus – la transformation de l'eau en vin aux noces de Cana – nous montre justement Marie en sa qualité de maître, alors qu'elle invite les servants à suivre les instructions du Christ (cf. Jn2, 5). Et nous pouvons penser qu'elle a rempli cette fonction auprès des disciples après l'Ascension de Jésus, quand elle demeura avec eux dans l'attente de l'Esprit Saint et qu'elle leur apporta le réconfort dans leur première mission. Cheminer avec Marie à travers les scènes du Rosaire, c'est comme se mettre à “l'école” de Marie pour lire le Christ, pour en pénétrer les secrets, pour en comprendre le message

 

Je suis la servante du Seigneur.

Le rosaire propre à Marie : souvenirs et contemplation de la Vierge.
L'école de Marie est une école tout particulièrement efficace si l'on considère que Marie l'accomplit en nous obtenant l'abondance des dons de l'Esprit Saint, en nous offrant aussi l'exemple du « pèlerinage dans la foi »17 dont elle est un maître incomparable. Face à chaque mystère de son Fils, elle nous invite, comme elle le fit à l'Annonciation, à poser humblement les questions qui ouvrent sur la lumière, pour finir toujours par l'obéissance de la foi: « Je suis la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole! » (Lc 1, 38).

LETTRE APOSTOLIQUE
ROSARIUM VIRGINIS MARIAE
DU PAPE
JEAN-PAUL II

La Vierge aux Roses, Schongauer.
La Vierge aux Roses, Schongauer.

Jeudi 6 Octobre 2011
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