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Saint Joseph, modèle du chef de famille, protecteur. p. Bonnet


 

 

 

Notre foi est fondée sur l’Ecriture Sainte et la Tradition. Le Nouveau Testament, tout entier rédigé après la mort du Christ, est essentiellement centré sur la vie du Christ et les débuts de l’Eglise. Marie, qui a participé discrètement à la vie publique de son fils, qui était présente au pied de la croix et avec les apôtres au jour de la Pentecôte, ne fait pas l’objet de longs paragraphes dans les écrits des évangélistes et apôtres. Ne nous étonnons pas que le personnage de Joseph y apparaisse encore bien moins.
 
 
Et pourtant, dès le deuxième siècle, les pères de l’Eglise se sont penchés avec un pieux intérêt sur la personne de Joseph. La dévotion populaire comme celle de grandes figures saintes, comme Ste Thérèse d’Avilla, na jamais cessé de se développer et l’on peut dire, que les papes modernes, depuis Pie IX et Léon XIII, jusqu’aux papes contemporains l’ont honoré comme Patron de la bonne mort, Protecteur de l’Eglise Universelle, Patron des travailleurs et des jeunes époux. Jean-Paul II a voulu dans le mystère de la Rédemption en quelque sorte associer au Rédempteur de l’homme, Redemptor Hominis, Marie, Redemptoris Mater, et Joseph, Redemptoris Custos. Son exhortation apostolique fut datée du 15 août 1989, cent ans jour pour jour après l’encyclique Quamquam Pluries dans laquelle Léon XIII avait jeté les bases d’une réflexion théologique relative à St Joseph. Tout ce qui concerne le rôle paternel de Joseph, le volet chef de famille, est particulièrement important à rappeler à une époque où la société occidentale notamment est devenue trop souvent, selon le titre de l’excellent ouvrage du néerlandais Alexandre de Willebois, une société sans pères.
 
 
Le rôle protecteur de Joseph vis-à-vis de la Ste famille est à mettre en honneur en ces temps de crise, où la précarité touche particulièrement les mères esseulées et où l’éducation des adolescents est rendue difficile en raison de l’évaporation de la fonction paternelle. L’autorité, qu’il ne faut confondre ni avec le pouvoir qui est de l’ordre des moyens, ni avec sa caricature, l’autoritarisme, est un service dont la finalité est, entre autres, le développement des personnes, la veille sur le bien commun, la sécurité affective et économique de la famille.
 
 
Joseph, descendant de David, avait épousé une vierge, élevée au temple de Jérusalem, nous dit la Tradition, comme c’était souvent le cas quand une épouse, restée longtemps stérile, voyait ses prières exaucées avec la venue d’un enfant. Pensons à l’Anne d’Elcana, mère du prophète Samuel, conduisant son petit enfant au Temple et imaginons Joachim et Anne y amenant leur petite Marie. On peut supposer, compte tenu des prophéties relatives au Messie, qu’à l’époque du Christ, sachant qu’Il naîtrait dans la descendance de David, on devait favoriser le mariage des dits descendants avec des jeunes filles, bien éduquées et formées religieusement. Ce fut, en tout cas, la destinée de Joseph de se voir, accordée en mariage, la jeune Marie.
 
 
Il ne saurait faire de doute, compte tenu de son interrogation à l’Ange Gabriel que Marie avait fait un vœu, tout à fait insolite dans la culture judaïque, de virginité. On ne peut imaginer qu’elle ait pu le cacher à Joseph. Que celui-ci l’ait accepté nous dévoile la noblesse de sa personne et nous conduit à penser qu’il était lui-même nazir, c’est-à-dire qu’il avait fait un vœu de chasteté temporaire mais renouvelable. Tout ceci pour dire que les conditions, dans lesquelles il a accepté de jouer son rôle de chef de famille ont eu, pour lui, un caractère imprévisible et passablement dramatique. A la suite de l’annonce de l’ange, Marie part en hâte, nous dit l’évangile, porter assistance à sa cousine Elisabeth. Il est clair qu’elle ne dévoile pas le secret divin à Joseph. Trois mois plus tard, après la naissance de Zacharie, Joseph va rechercher son épouse, enceinte de trois mois. L’évangile nous suggère clairement que Joseph, comme dit Jean-paul II, ne sait pas quelle attitude adopter devant cette étonnante maternité, qui lui pose question, le pousse à chercher une solution, dans un contexte de bouleversement intérieur.
 
 
Cette épreuve, voulue par Dieu, aboutit à l’apparition de l’ange et à son message : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit St et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera le peuple de ses péchés. » C’est ce qui s’appelle un ordre de mission donnée en peu de mots. Tout est dit : « tu vas désormais prendre Marie chez toi » et donc tu es son protecteur. « Tu lui donneras le nom de Jésus » et donc tu as sur lui l’autorité de père. C’est bien le Messie annoncé, son origine est divine et tu fais bien partie de la descendance de David.
 
 
Et Joseph est rasséréné, il se rendort paisiblement puisqu’à son réveil il commence l’exécution de sa mission, avec la même disponibilité que celle de Marie. Au passage remarquons que le mystère de l’Incarnation a, en quelque manière, donné lieu à 4 annonciations :
 
 
la première à Zacharie concerne le précurseur et vous savez l’accueil qui lui a été faite ! la seconde à Marie par l’ange Gabriel,
- la troisième à Élizabeth par Jean-Baptiste et son tressaillement la quatrième, nous venons de le voir, à Joseph.
 
 
Dans les prémices de la naissance du Christ, Joseph a reçu et accepté d’être le gardien des trésors du Père Eternel, de la future mère de Jésus et du Verbe incarné lui-même. Et déjà sont apparues les qualités de Joseph. Il est juste et bon, il est chaste, respectueux du vœu de Marie, inconditionnellement obéissant aux injonctions du Ciel. Notons que le Ciel n’a pas chargé Marie de se justifier auprès de Joseph, mais qu’il s’en est chargé lui-même, à une période où la grossesse de Marie devenait visible, ce qui a dû être aussi une épreuve difficile pour Marie.
 
 
Notons également que l’évangéliste Luc nous parle bien davantage de Marie que de Joseph, qu’il parle des « annonciations » de Zacharie, de Marie et d’Elizabeth au cours de la visitation mais qu’il occulte complètement la fuite en Egypte.
 
 
C’est donc l’évangéliste Matthieu, qui va nous faire le mieux comprendre le rôle de Joseph, chef de famille. C’est déjà lui qui nous a montré l’annonciation de l’ange à Joseph. Il précise d’ailleurs que Joseph n’avait pas eu de relations charnelles avec Marie. Mais ce qui est important c’est qu’il montre bien, par la suite, que c’est toujours à Joseph que l’ange s’adresse pour toutes les décisions « logistiques ». En pleine nuit, après le départ des mages : « lève-toi, prends l’enfant et sa mère et vas te réfugier au pays d’Egypte. Tu y resteras jusqu’à ce que je te le dise. » Joseph ne discute pas. Il obéit immédiatement en pleine nuit. Vous remarquerez que la Providence a fait en sorte qu’un des mages a donné de l’or comme cadeau, ce qui a dû faciliter l’achat d’ânes nécessaires pour la fuite, le transport de la jeune maman, du bébé et d’un minimum de bagages. Il recevra les instructions ultérieures par la même voie angélique. Le Ciel le confirme bien comme chef de famille.
 
 
Il n’est pas superflu de noter, même si les évangiles de Luc comme de Matthieu ne le mentionnent pas, que Joseph, chargé d’assurer la protection de la famille, a dû à plusieurs reprises se refaire une clientèle, à Bethléem d’abord jusqu’au départ en Egypte, en Egypte ensuite comme immigré et à Nazareth enfin, où certes il était connu mais dont il avait été absent pendant plus d’un an et peut être deux. Le pape Pie XII l’a nommé Patron des Travailleurs et nous le fêtons au premier jour du mois de Marie. Les souverains pontifes parlent de Joseph et l’honorent toujours le jour d’une fête mariale pour bien souligner la dimension de l’union conjugale de Joseph et Marie. Dans la famille juive, l’ordonnateur du culte, avec toute la dimension sociale que revêt le culte officiel : sabbat à la synagogue, pèlerinages à Jérusalem, examen de majorité à 12 ans au Temple, c’est le père. Luc précise bien, que les parents allaient à Jérusalem pour la Pâque chaque année. Plus loin, lors du retour de Jésus à Nazareth après les débuts de sa prédication, Luc notera « Il se rendit à la synagogue, comme il en avait l’habitude le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture ».
 
 
Revenons à l’épisode du recouvrement au Temple parce qu’il me semble nous donner beaucoup d’indications précieuses en quelques lignes. Jésus, parfait dans son humanité, ne saurait désobéir à ses parents. Or une désobéissance avérée implique la transgression d’une consigne dûment explicitée et le récit de Luc nous montre implicitement qu’elle n’a pas été donnée. La suite du récit confirme que Jésus respecte l’autorité parentale.
 
 
Il est clair que, de la part de l’enfant–Dieu qui vient de passer son examen de majorité au Temple, sa décision de rester est délibérée. Jésus aspire à poursuivre avec les docteurs de la Loi réflexions et discussions, qui portent vraisemblablement sur l’attente du Messie, car c’est la grande préoccupation du petit reste d’Israël à cette époque. La présentation de Jésus au Temple, décrite par Luc dans le même chapitre, témoigne de l’accueil qui lui est fait par Syméon, Anne de Phanuel et « tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem ». Mais, en restant, Jésus fait d’une pierre deux coups puisque c’est l’occasion pour Lui, juste après l’atteinte de sa majorité morale et religieuse, de dire à ses parents quelle est sa vocation et qu’ils ne sont pas décideurs de cette vocation : elle vient du Père.
 
 
Toujours est-il qu’au bout d’une journée de marche, les parents découvrent l’absence de Jésus. Là encore, il ne faut pas vraiment solliciter le texte pour être convaincu que Joseph est mille fois moins inquiet que Marie. A Marthe Robin, la stigmatisée de Chateauneuf de Galaure, Marie a confié qu’elle était bouleversée, qu’elle avait pleuré toutes les larmes de son corps en interrogeant d’abord les pèlerins croisés en revenant sur Jérusalem puis les commerçants de la ville. Joseph, en bon chef de famille et en bon époux, a accompagné Marie à Jérusalem en essayant probablement vainement de la rassurer. C’est Marie d’ailleurs qui laisse exploser la manifestation de son angoisse au moment du soulagement, en y associant son époux, ce qui est bien féminin ! « Ton père et moi, nous te cherchions tout angoissés ». Alors que Joseph ne manifeste ni indignation contre Jésus ni soulagement consécutif à une grande inquiétude.
 
 
Marie a médité tout cela dans son cœur et Joseph a profité de ce cheminement spirituel dans cette union conjugale comblée de grâces par le Très Haut. Joseph a suffisamment vécu pour voir grandir ce Fils exceptionnel, que le Père des Cieux lui avait confié. Ce fils qui a humblement travaillé avec celui qui l’avait formé à son métier, préparé à son examen de majorité et initié au culte judaïque. Dans sa bonté, le Père éternel n’a pas voulu que le gardien de la Ste Famille voit le Christ évangéliser et souffrir pour le salut des pécheurs. Il a rappelé le Grand Juste après lui avoir permis de mourir entre Jésus et Marie, sa mission accomplie avec discrétion, fidélité et amour.
 
 
On peut donc, dans la continuité de la tradition de l’Eglise, chanter les louanges de Joseph et saluer en lui le modèle du chef de famille, protecteur, dont notre société occidentale moderne a tant besoin. Essayons d’esquisser ce profil, proche de la perfection, que Joseph a adopté en remplissant la mission confiée par le Père.
 
 
L’Ecriture nous dit qu’il est un juste. L’amour ne peut se développer que dans un climat de justice. Les enfants, notamment, sont blessés par les injustices et ils ont besoin d’un père qui, malgré ses imperfections, ait un souci permanent de justice.
 
 
La sécurité émotionnelle de la femme et des enfants exige que le père montre une grande maîtrise de soi, particulièrement dans les situations difficiles, dangereuses, angoissantes. Joseph en a témoigné sans cesse, au moment de la découverte de la grossesse de Marie, au moment de la fuite en Egypte et du retour en Israël, au moment du recouvrement au Temple.
 
 
Joseph respecte l’autorité civile : le recensement décidé par l’occupant romain n’a rien de contraire à la morale. Malgré l’état de Marie, tout proche du terme, Joseph obéit et part à Bethléem. Un père doit montrer à sa famille que cette cellule sociale doit s’inscrire dans la vie de toute la société, en respectant toutes les lois qui ne sont pas contraires à la morale naturelle et à la morale catholique.
 
 
Joseph est l’ordonnateur du culte judaïque pour la Ste famille. Si la mère est souvent celle qui veille à la foi des enfants, c’est le père qui doit montrer l’exemple du culte rendu familialement et ecclésialement par la famille.
 
 
Joseph, dans les circonstances mouvementées des premières années de la Ste Famille puis dans la vie paisible et pauvre de Nazareth, a montré le courage et l’assiduité au travail, ce bien ardu qui fait grandir la personne et dont feu le pape Jean-Paul II a si bien montré l’importance dans son encyclique « Laborem exercens ». L’homme moderne a besoin de ne plus percevoir le travail comme un asservissement dont le seul mérite est de pouvoir profiter de la société de consommation. Le travail manuel, comme l’a dit la philosophe Simone Weil dont nous fêtons le 100ème anniversaire de la naissance, est une petite obéissance quotidienne aux impératifs de la matière qui nous prépare à la grande obéissance, unique mais inéluctable de la mort. Toutes les autres activités humaines, écrit elle dans les dernières lignes de « L’enracinement », sont toutes inférieures au travail physique en signification spirituelle.
 
 
Joseph a travaillé manuellement avec son fils, tous deux descendants du roi David, pendant près de 18 ans à Nazareth après la majorité du jeune Jésus.
 
 
Quant à l’esprit d’obéissance de Joseph à la volonté divine, elle est avec celui de Jésus et de Marie, un exemple pour tous les mâles immatures de notre époque qui confondent la vraie liberté, la liberté intérieure, avec l’usage désordonné du libre arbitre. Avant la vie publique de Jésus, Joseph a témoigné par toute son existence de son attachement anticipé aux conseils évangéliques, pauvreté, chasteté et obéissance.
 
 
La prétendue libération de la femme est un des plus grands mensonges diaboliques du 20ème siècle. Ce sont les hommes qui ont été libérés, par la contraception, de toutes leurs responsabilités paternelles, et ils ont abandonné le service de l’autorité de chef de famille. Belle victoire pour les femmes, qui ont perdu toute protection en s’imaginant être débarrassées du chef de famille ! Il n’est, bien évidemment, pas question de rêver du retour à un machisme, qui a fait bien des dégâts et réellement opprimé bien des épouses.
 
 
La femme, qui a une perception beaucoup plus fine que l’homme, de l’être, est, de ce fait, capable d’un rayonnement spirituel qui en fait souvent l’inspiratrice de l’homme. Mais la richesse de sa sensibilité la fragilise, la conduit souvent à donner trop de place à l’affectif, à ne pas savoir recadrer l’enfant dont elle a diagnostiqué le mal être bien avant lepère. La femme a donc besoin de l’homme, plus à l’aise dans l’action que dans les états d’âme, plus stable émotionnellement, plus rassurant et plus protecteur parce que moins sujet à l’inquiétude.
 
 
Très cher et très grand St Joseph, nous te prions aujourd’hui particulièrement pour les époux et les pères. Eloigne d’eux les doutes qu’on a tenté de semer en eux sur l’importance de leur rôle. Apprends leur à ne pas confondre autorité et pouvoir. Mais rappelle leur que l’autorité de gouvernement ne peut se passer de deux pouvoirs, que la langue française nomme de façon unique : le pouvoir de sanction. Celui de récompenser les mérites et de punir les fautes. Le châtiment mérité, dit la même Simone Weil, toujours dans « L’enracinement », est un besoin de l’âme humaine car il rend honneur à celui qui a fauté et il permet ainsi de le réintégrer dans la plénitude de l’amour.
 
 
St Joseph, inspire à notre société de ne plus dénigrer la paternité et de susciter des pères et des époux, qui soient de vrais chefs de famille protecteurs et rappelle nous que la prière enseignée par le Christ est le « Notre Père », que nous prononçons sous l’inspiration de l’Esprit Saint.
 
 
Et que tous les catholiques donnent l’exemple du respect de la paternité, en obéissant au Saint Père. Notre Eglise est hiérarchique, l’autorité y est sacrée parce qu’elle est un service qui protège les fidèles des méfaits de l’esprit du mal. Qu’elle soit elle aussi un modèle pour tous les pères de familles.
 
 

Père Yannik Bonnet


Vendredi 26 Février 2010
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